Les plus avisés n’auront pas manqué son dernier spectacle Tout l’univers, programmé en avril dernier au Lieu unique à Nantes, dans le cadre du festival Variations. C’est désormais sur le site nantais du FRAC des Pays de la Loire que l’on peut découvrir l’exposition De plain-pied de Xavier Veilhan, jusqu’au 1er septembre, dans le cadre du Voyage à Nantes. Une mini-retrospective pensée, avec son complice Alexis Bertrand, à la manière d’une déambulation autour des questions de mobilité et d’immobilité, d’équilibre et de chute, de bestiaire et de jeux d’échelle.
Artiste majeur de la scène française et internationale depuis plus de trois décennies, Xavier Veilhan entretient une relation toute particulière avec le FRAC des Pays de la Loire. «C’est un artiste phare de l’histoire du FRAC des Pays de la Loire. Il représente bien la collection et l’esprit qui s’y déploient », explique Claire Staebler, commissaire de l’exposition et Directrice du FRAC qui célèbre, par cette exposition, les quarante et quelques années de leur création.
« Pour les gens de ma génération, les FRAC étaient le premier contact
avec l’enregistrement par l’Etat et le premier contact des artistes
émergents avec les structures labellisées ». Xavier Veilhan.
Une exposition pensée sur-mesure pour le lieu
Plain-pied a été pensé comme un projet agile et flexible. « On est parti sur quelque chose de généreux, ouvert sur l’extérieur. Pour créer une circulation de lumière, d’énergie, de vie, entre les deux ouvertures ». Car il y a bien, dans cette alvéole de l’ancien Hangar à bananes, quelque chose à jouer avec l’espace : entre une sortie dérobée, où l’on perçoit un bosquet de coquelicots sur un terrain en friche, la baie principale où se déploie l’identité fluviale de la ville (les quais, la Loire, les anciens chantiers navals) et un musée à ciel ouvert sur les hauteurs de la butte Sainte-Anne, de multiples connexions sont à créer. La première intuition de Xavier Veilhan fut de dépouiller le lieu de son mobilier permanent, pour une continuité du regard entre intérieur et extérieur, en apposant juste une sérigraphie sur la baie. A l’intérieur, la scénographie, légère et minimaliste, en carton, a été réalisée sur-mesure. « Elle est à la fois écrin, socle et non-socle » explique Alexis Bertrand, à l’origine du concept.
Juxtaposer les époques
Tel un archéologue du contemporain, Xavier Veilhan photographie et reproduit, en 1992, toutes les pièces d’une moto, avant de la reconstituer avec la précision d’un mécanicien. Une réappropriation artisanale d’un objet de série, symbole de vitesse et de modernité, présenté en pleine lancée dès l’entrée de l’exposition. Anticipation des impressions 3D, détournement d’objet : « Je ne le traiterais pas de la même manière aujourd’hui ! » explique l’artiste. « C’est un marqueur du temps ». Plus ancienne œuvre de l’exposition, elle avait été réalisée alors que Xavier Veilhan était en résidence dans les ateliers internationaux du FRAC des Pays de la Loire. Elle côtoie une série de mobiles aériens, aux formes géométriques, et de stabiles (2005-2016) inspirés du mouvement constructiviste. Il en résulte une juxtaposition de lignes et de plans qui parfois se superposent, laissant apparaître une œuvre centrale dans le parcours de l’artiste, Le Rhinocéros (1999-2000). Sa forme et le traitement de la matière évoquent une certaine industrialisation de la production. « C’est une façon de donner à voir un objet préhistorique de manière technique, comme une carrosserie ». Initialement conçue pour la vitrine du magasin Yves Saint Laurent à New-York, elle a finalement été acquise par le Musée National d’Art Moderne (Centre Pompidou).
L’artiste présente enfin des œuvres inédites, réalisées en 2024, dont un paysage en kaplas, peint à la manière de pixels, ou le Film catastrophe.
Un glissement vers le temps long
Des projets, Xavier Veilhan n’en manque pas. Mais l’on perçoit que son travail prend un autre tournant philosophique pour s’inscrire dans le temps long. Le temps du recyclage et des solutions plus durables, pour concevoir ses scénographies d’expositions. Le temps d’une traversée de la mer Baltique en bateau à voile, avec toute son équipe, pour aller rejoindre Stockholm et la galerie dans laquelle il expose. « Ne pas prendre l’avion, ça a donné trois semaines de traversée ! Mais ça a changé notre trajet en voyage ». Et, dans le viseur, le catamaran de Roland Jourdain (Fondation Explore) qui l’attend à Concarneau pour un futur périple vers le continent américain, le Canada, les USA, peut-être Rio, Sao Polo. Une idée de la vitesse, encore, mais plus proche de la performance environnementale que la symbolique moto de ses débuts.
Exposition visible jusqu’au 1er septembre 2024 au FRAC des Pays de la Loire (21 Quai des Antilles, Nantes).
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Commissariat : Claire Staebler
Conçue avec Alexis Bertrand, scénographe.