22 décembre 2021

Découverte du journalisme : les jeunes de l’ADAPEI soudés par le projet

Entre octobre et novembre 2021, Fragil a accueilli dans ses locaux trois jeunes suivis par l'ADAPEI de Loire Atlantique. En cinq séances de deux heures, Macéo, Issa et Louis ont pu se former aux pratiques journalistiques et créer leur média dédié aux jeux vidéo sur Instagram.

Découverte du journalisme : les jeunes de l’ADAPEI soudés par le projet

22 Déc 2021

Entre octobre et novembre 2021, Fragil a accueilli dans ses locaux trois jeunes suivis par l'ADAPEI de Loire Atlantique. En cinq séances de deux heures, Macéo, Issa et Louis ont pu se former aux pratiques journalistiques et créer leur média dédié aux jeux vidéo sur Instagram.

Prévue depuis 2020 et reportée suite aux restrictions sanitaires, c’est à l’automne 2021 qu’a finalement débuté la série d’ateliers avec les trois jeunes accompagnés par l’association départementale des amis et parents de personnes handicapées mentales, l’ADAPEI de Loire Atlantique. En cinq ateliers de deux heures, les jeunes ont pu découvrir les bases de la pratique journalistique et ainsi créer le compte Instagram « Les Gameurs nantais« .

Capture d’écran de la page Instagram « Les Gameurs Nantais »

A la découverte du journalisme

Sollicitée par l’ADAPEI pour encourager les jeunes à créer un média, l’association Fragil a développé une série d’ateliers suivant ce même objectif. Afin d’apprendre à se connaitre et encourager la formation d’une équipe, le même atelier a été proposé à chaque début de séance. À l’aide de cartes issues du jeu Dixit, les jeunes ainsi que les éducatrices et l’animatrice, ont du sélectionner une carte chacun.e pour évoquer son humeur du jour. Avec parfois quelques difficultés chez les jeunes à identifier un « message » ou une signification de la carte choisie, les ados ont bien joué le jeu et ont su se livrer au fur et à mesure des séances. « On ne s’attendait pas à ce qu’ils soient réceptifs à ce genre de jeu » avoue Stéphanie, accompagnatrice de Issa.

Étiquette issue de l’atelier d’initiation à la photo de presse

Sur les cinq ateliers prévus, les deux premiers ont été dédiés au partage de connaissances concernant le journalisme et les réseaux sociaux. A l’aide de plusieurs ateliers participatifs, les jeunes ont pu se mettre à la place de journalistes amateurs. Initiation à l’écriture journalistique, réflexion sur les droits et devoirs des journalistes en France ou encore atelier de vérification de l’information sont autant de moments animés par la salariée de Fragil pour attiser la curiosité déjà débordante des participants.

Concernant les réseaux sociaux, le deuxième atelier de la série a été l’occasion pour Macéo, Issa et Louis de partager leurs nombreuses connaissances des différents réseaux sociaux. Au fil de la discussion les deux éducatrices, qui ont accompagnés les jeunes à tous les ateliers, ont notamment pu apprendre que Twitter est le réseau qui effraie le plus le groupe, ou encore que Discord est un réseau social originellement dédié aux gameurs et gameuses. Ces ateliers, riches en contenus, ont permis au trois jeunes d’apprendre à mieux se connaitre et ainsi créer naturellement une ambiance détendue et joyeuse. Les trois derniers ateliers dédiés à la création du compte Instagram ont suivi cette même logique avec spontanéité et enthousiasme.

Notes lors de la préparation du compte Instagram

Un projet réussi grâce à l’esprit d’équipe

Suite à l’aboutissement du projet et à la création du compte Instagram « Les Gameurs Nantais » le bilan réalisé avec les jeunes a confirmé l’impression positive de l’animatrice de Fragil. « J’ai pu en apprendre plus sur le métier de journaliste » souligne Louis, Macéo et Issa ont respectivement apprécié « créer des articles » et « faire le compte Instagram ». Point commun entre les trois jeunes, le plaisir pris à travailler en équipe. Malgré leurs écarts d’âge, allant de 13 à 18 ans, les trois ados ont petit à petit trouvé leur place et tous ont apprécié travailler ensemble. Macéo avoue avoir particulièrement apprécié le fait de pouvoir « partager ses connaissances avec Louis et Issa ». Louis parle lui de « coopération », notamment pour évoquer l’article écrit en collaboration avec Issa, plus en difficulté sur certains exercices d’écriture.

Le projet marque également un temps fort chez les éducatrices venue accompagner les jeunes dans les bureaux de Fragil. L’un d’entre elle, Stéphanie, évoque notamment des ateliers riches en informations mais traités avec patience et douceur, ce que l’animatrice de Fragil tentera de reproduire dans de futurs ateliers.

Les articles publiés sur le compte Instagram :

 

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017