28 janvier 2020

Décryptage des fake-news à la médiathèque de Carquefou

Le samedi 25 janvier 2020, l'association d'éducation aux médias Fragil est intervenue à la médiathèque Hélène Carrère d'Encausse de Carquefou près de Nantes. Une dizaine de personnes a ainsi pu débattre et profiter d'un temps de réflexion autour de la création d'information, des fake-news et des théories du complot.

Décryptage des fake-news à la médiathèque de Carquefou

28 Jan 2020

Le samedi 25 janvier 2020, l'association d'éducation aux médias Fragil est intervenue à la médiathèque Hélène Carrère d'Encausse de Carquefou près de Nantes. Une dizaine de personnes a ainsi pu débattre et profiter d'un temps de réflexion autour de la création d'information, des fake-news et des théories du complot.

Financé par la DRDJSCS pour initier des parcours d’éducation aux médias à destination des publics de 3 médiathèques (avec Victor Jara à Couëron et Diderot à Rezé), l’association d’éducation aux médias Fragil s’était déplacée ce samedi matin dans la médiathèque de Carquefou pour un premier atelier de 2h. En s’appuyant principalement sur les techniques d’éducation populaire, ce parcours vise à informer et former les participantes et participants aux réseaux sociaux, aux concepts d’information, d’empreinte numérique, d’identité numérique et d’e-réputation, au décryptage des fake news, au fact checking, à l’identification des théories du complot…

Ils étaient donc une dizaine à avoir fait le déplacement à la médiathèque du bourg de Carquefou pour assister à ce premier atelier carquefolien. Ainsi, une adolescente, de jeunes adultes et quelques retraités se sont côtoyés pendant deux heures pour débattre et mieux comprendre les enjeux de la création de l’information à travers différentes activités.

Débattre pour définir

Après une courte présentation et un rapide tour de table, les participantes et participants présents ont été invités à prendre position sur des affirmations ambiguës. Dans un débat mouvant d’une vingtaine de minutes,  ils et elles ont pu discuter de leurs différentes perceptions des rôles des journalistes. L’utilité de la carte de presse, l’importance de la ligne éditoriale d’un média, le journalisme d’opinion, telles sont les thématiques qui ont suscité des discussions argumentées et apaisées, toujours dans l’objectif de mieux comprendre le journalisme.

Quoi de mieux pour comprendre que de pratiquer ?

Le deuxième temps de cette matinée d’échange s’est articulée autour d’un jeu d’écriture, développé par Fragil, permettant de mieux comprendre la méthodologie d’écriture d’un article journalistique. Invités à rédiger un petit texte répondant aux questions basiques « qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi », chacun et chacune ont pu se rendre compte de la difficulté de retranscrire de manière juste un fait aussi anodin qu’un lancer de clés réalisé par l’animateur de l’atelier. De plus, les personnes présentes ont vu à quel point il était compliqué de ne pas simplement se fier à son ressenti lors de l’écriture d’un article et d’oser poser des questions pour valider ou invalider son interprétation.

Les participantes et participants en plein jeu d’écriture.

C’est quoi les fake-news ?

Afin d’apporter une définition à ce terme anglais largement utilisé depuis quelques années, l’animateur de la séance a proposé que tout le monde écrive le mot qui lui venait à l’esprit lorsqu’on lui disait « Fake-news ». Au terme d’un petit quart d’heure d’échanges, la définition commune s’articulait autour d’une information mensongère dont la diffusion n’est pas née avec le web et dont l’un des principaux convoyeurs serait Donald Trump.

La définition de « Fake-News » lors d’un jeu

Comment se défendre ?

Les fake-news et les théories du complot ont ça en commun qu’elles s’appuient sur des biais cognitifs et des approximations. Autour de cartes plastifiées présentant des informations plus ou moins vraisemblables, les participantes et participants ont pu réfléchir en petits groupes à mettre en place une stratégie de vérification des informations. Ainsi, la lecture en profondeur de l’article concerné, l’identification du média produisant l’information, la présence ou non de faute d’orthographe, le croisement de l’information avec d’autres médias disposant de sources complémentaires,  la vérification des images avec la recherche inversée, la critique de son rapport émotionnel à l’information… tant de pistes qui ont pu émerger dans un travail collaboratif apprécié.

Les prochains rendez-vous de Fragil en médiathèque

Médiathèque Hélène Carrère d’Encausse de Carquefou

mardi 17 mars (18h30-20h30) : La face cachée des réseaux sociaux

samedi 21 mars (10h30-12h30) : A la découverte de la vie de vos enfants sur Internet

mardi 12 mai (15h-17h) : Tout savoir sur la sécurisation de vos données, les arnaques et le phishing sur Internet

Médiathèque Espace Diderot de Rezé

mercredi 11 mars  (15h-17h) : Réseaux sociaux et empreinte numérique

mercredi 18 mars  (15h-17h) : Les conditions générales d’utilisation

mercredi 8 avril (15h-17h) : Les réseaux sociaux et empreinte numérique

mercredi 29 avril (15h-17h) : La discrimination dans les médias

Médiathèque Victor Jara de Couëron

mercredi 11 mars  (16h-18h) : L’information à l’ère du numérique Fake-news et théories du complot

mercredi 1er avril (16h-18h) : Les écrans, internet et les réseaux sociaux

mercredi 6 mai (16h-18h) : Les réseaux sociaux et le cyberharcèlement

mercredi 3 juin (16h-18h) : L’empreinte numérique

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017