19 juin 2024

« Des goûts de lutte », une projection ciné débat au Concorde

Jeudi 06 juin, une centaine de personnes était venue assister à la projection du film documentaire "Des goûts de lutte" en présence des réalisateurices.

« Des goûts de lutte », une projection ciné débat au Concorde

19 Juin 2024

Jeudi 06 juin, une centaine de personnes était venue assister à la projection du film documentaire "Des goûts de lutte" en présence des réalisateurices.

Jeudi 6 juin, le cinéma Le Concorde organisait une séance de ciné-débat du film-documentaire « Des goûts de lutte » en présence des réalisateurices Emmanuelle Reungoat & Pierre-Olivier Gaumin. Dans la salle, une centaine de personnes de tout âges s’est déplacée pour assister à la projection. Analysés par l’historienne Ludivine Bantigny et la sociologue Héloïse Nez, on y découvrira les parcours de vies croisés de gilets jaunes à la suite de cette révolte extraordinaire.

« En passant par l’intime et par les parcours collectifs, le film questionne jusqu’où les luttes sociales peuvent nous transformer et se faire émancipatrices. »

Emmanuelle Reungoat est sociologue et originaire de Nantes, « elle voulait montrer le film dans son fief » comme nous raconte Pierre Olivier Gaumin qui lui est réalisateur militant. « On fait l’acte politique d’aller voir des petites salles de ciné, parce que c’est facile de le montrer dans des amphis avec cinq spécialistes déjà au courant, l’idée c’était d’aller vers un public alternatif curieux du mouvement des gilets jaunes » nous explique-t-il.

la représentante du syndicat de la magistrature, les réalisateurices, un représentant de COLERE et Pierre HURIET, avocat (de gauche à droite)

« C’était important pour nous d’organiser ce débat sur un film qui montre que la lutte peut être émancipatrice » rappelle la représentante du syndicat de la magistrature. La projection était organisée de manière collective avec les réalisateurices du film, la CGT Nantes Métropole, le syndicat des avocats de France et le syndicat de la magistrature. Les bénéfices de la projection revenaient au collectif COLERE, qui regroupe une vingtaine d’organisations associatives, syndicales et politiques, qui lutte contre la construction du plus gros CRA (centre de rétention administratif, ndlr) de France métropolitaine à Nantes.

« Le cinéma se parle, il se débat »

« Je me suis surtout intéressée à des primo contestataires, c’est-à-dire des gens qui n’avaient jamais fait de manifestations avant, qui n’avait jamais participer à un mouvement de contestation, c’est un peu comme ça qu’on les a choisis »  explique la réalisatrice pour répondre à la question sur le choix des protagonistes qu’une jeune femme venait de poser, « une fois qu’on les avait choisis, on avait plus le choix de reculer, on a filmé en faisant le pari qu’il allait se passer quelque chose pour ces gens. ».

Un homme d’une quarantaine d’années s’interroge sur l’absence de violences policières dans le documentaire, pourtant très présente lors du mouvement. Les réalisateurices l’expliquent par le petit échantillon des personnes filmées. Pierre Huriet, avocat bien connu à Nantes, notamment pour avoir défendu des gilets jaunes victimes de ces violences, prend la parole « ce qui m’a marqué dans le documentaire c’est l’expression de naïveté des protagonistes, et cette naïveté a été terrible dans la confiance qu’avaient ces personnes dans les forces de l’ordre, dans le fait que l’on soit en France, pays des droits de l’Homme, et qui s’est fait fracasser à coup de flashball ».

Patrick est venu seul,  » je n’ai pas fait parti du mouvement mais comme on a entendu tout et son contraire, qu’ils (les gilets jaunes, ndlr) étaient d’extrême gauche, puis d’extrême droite, au final on ne savait plus quoi penser alors venir voir des documentaires ça me permet de me faire une idée plus clair« , même si il est conscient que le film n’était qu’un échantillon des personnes qui composaient le mouvement, il s’est rendu compte de la pluralité des militants qui y ont participé.

Une tournée nationale est actuellement en cours et arrivera à la capitale début juillet.

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Plus vite, plus fort, et à plus grande échelle : c’est dans l’idée de se construire comme journaliste et faire porter la voix des autres qu’elle a rejoint Fragil.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017