7 décembre 2021

Des secondes du lycée St Stanislas créent un média contre la haine en ligne

Pendant six semaines étalées entre octobre et novembre 2021, la classe de Seconde "médias" du lycée Saint Stanislas de Nantes a mené un projet pour lutter contre la haine en ligne. Proposée par l'association Fragil, cette série d'ateliers leur a permis de créer tous ensemble un compte Instagram pour dénoncer le harcèlement sur internet.

Des secondes du lycée St Stanislas créent un média contre la haine en ligne

07 Déc 2021

Pendant six semaines étalées entre octobre et novembre 2021, la classe de Seconde "médias" du lycée Saint Stanislas de Nantes a mené un projet pour lutter contre la haine en ligne. Proposée par l'association Fragil, cette série d'ateliers leur a permis de créer tous ensemble un compte Instagram pour dénoncer le harcèlement sur internet.

Entre octobre et novembre 2021, l’association Fragil s’est rendue auprès de la classe de Seconde du lycée Saint Stanislas dans le cadre d’un appel à projet proposé par la DRAC. Pendant six ateliers de deux heures, les élèves de la classe « médias » ont participé à l’élaboration d’un média pour lutter contre la haine en ligne, le compte Instagram nommé « Instarcèlement« .

La haine en ligne : une thématique « intéressante »

Les deux première séances étaient dédiées à la définition commune de la notion de haine en ligne ainsi que l’élaboration des sujets par petits groupes. L’animatrice de Fragil a proposé à la classe différents ateliers afin d’explorer les connaissances de chacun.e et de creuser la thématique imposée. L’atelier débat mouvant a particulièrement séduit les élèves, après avoir lu une phrase clivante, ils et elles devaient individuellement se positionner dans la salle de classe selon leur avis, « d’accord » ou « pas d’accord ». Pendant le débat, deux phrases ont notamment fait réagir : « Il vaut mieux faire attention à ce que l’on dit et fait en ligne pour ne pas se faire cyber-harceler » et « Il faudrait surveiller les victimes de harcèlement pour éviter qu’elles deviennent harceleuses à leur tour ».  Un temps nécessaire pour que l’ensemble de la classe puisse s’exprimer et commencer à trouver des sujets à aborder au sein du futur média.  

Deux élèves lors de la présentation du logo au reste de la classe.

Dans le bilan réalisé par les élèves de manière individuel, le mot « intéressant » est ressorti à de nombreuses reprises pour qualifier la thématique proposée par Fragil dans ce projet. Un avis général qui s’est bien retrouvé dès les premières séances puisque les élèves ont rapidement établi une liste de sujets à intégrer au compte Instagram. Le compte Instarcèlement comprend notamment des publications sur la haine en ligne envers les personnes en situation de handicap, sur la nudité sur les réseaux sociaux ou encore sur les comptes « haters ». C’est au total treize posts que les élèves ont publiés après six semaines d’ateliers.

Exemple : un post sur la nudité sur les réseaux sociaux

 

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Instarcèlement (@instarcelement)

Se mettre dans la peau de journalistes : un exercice rigoureux

A l’aide de plusieurs ateliers, les élèves se sont petit à petit glissé.e.s dans la peau de journalistes de terrain. Apprendre les bases de l’écriture journalistique, faire une interview enregistrée, travailler la ligne éditoriale de son article sont autant de pratiques que les jeunes ont pris plaisir à découvrir. Parmi les difficultés rencontrées par l’ensemble de la classe, le travail de l’angle a nécessité un suivi plus poussé. En effet une fois le sujet trouvé, les élèves ont eu du mal à définir leur angle, c’est à dire la question à laquelle doit répondre leur article. Encouragée par Fragil, cette méthode de questionnement permet aux jeunes journalistes de définir plus précisément le sujet de leur post Instagram, et donc je pouvoir se questionner sur les sources à interroger et les propos qu’ils et elles vont devoir récolter.

Présentation de chaque post Instagram lors de la séance de restitution.

Avec une autonomie largement appréciée par chaque petits groupes d’élèves, la classe entière a réussi à produire un média luttant contre la haine en ligne. Le logo et la biographie ont été confié.e.s à un groupe de jeunes femmes volontaires et qui ont pu soumettre leurs idées au reste du groupe. Lors de la publication des posts tous et toutes ont pu découvrir le travail des autres et les choix de formats différents tels que la vidéo ou le podcast audio. Beaucoup d’élèves regrettent le manque de temps pour approfondir le projet et déplorent également des ateliers « pas assez ludiques ». Des retours inspirants pour la suite de ce grand projet financé par la DRAC qui se poursuit auprès de trois autres lycées du département.

Ci-dessous des exemples des posts publiés sur Instarcèlement :

 

 

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Une publication partagée par Instarcèlement (@instarcelement)

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017