20 mars 2025

Des sessions de rap à la scène : le collectif Packé dans le partage et l’authenticité

Samedi 08 mars, à Décadanse, le collectif Packé organisait son 8e évènement hip hop. Au programme : une soirée animée par la diversité des concepts proposés, desquels ressortaient les valeurs de pluridisciplinarité et de coopération du collectif hip hop créé en 2021.

Des sessions de rap à la scène : le collectif Packé dans le partage et l’authenticité

20 Mar 2025

Samedi 08 mars, à Décadanse, le collectif Packé organisait son 8e évènement hip hop. Au programme : une soirée animée par la diversité des concepts proposés, desquels ressortaient les valeurs de pluridisciplinarité et de coopération du collectif hip hop créé en 2021.

«  On espère que les gens vont se régaler, qu’on va les faire kiffer. On veut aussi les faire participer, les impliquer. ». C’est comme ça que Tom, président de l’association Packé, présentait leur deuxième soirée à Décadanse, avant même que celle-ci ne commence. 

@3rafia_ et @timarmaria_ étaient présents pour le premier dj set de la soirée. ©Juliette Beneytout

@3rafia_ et @timarmaria_ étaient présents pour le premier dj set de la soirée. ©Juliette Beneytout

Ce soir-là, les 400 personnes présentes ont eu droit à une soirée rythmée par de multiples ambiances et intentions, toutes en adéquation avec les valeurs de partage et d’authenticité du collectif, créé en 2021. De la jam session en open mic, aux dj sets, en passant par les apparitions d’un mystérieux « Homme Roue », inspiré du jeu « La Roue de la Fortune », les membres de Packé racontent être motivés par une envie, celle que le public se sente impliqué et acteur de l’évènement, afin de rompre avec le schéma interprète/spectateur, jugé trop hermétique.

« C’est une super soirée, ça fait plaisir de voir des projets qui aboutissent comme ça, c’est hyper inspirant. L’ambiance est folle et le public a l’air hyper réceptif ! », racontait Ézéchiel, un étudiant venu assister à la soirée. 

Le collectif rap proposait des T-shirts personnalisés à leur image. © Juliette Beneytout

Le collectif rap proposait des T-shirts personnalisés à leur image. © Juliette Beneytout

Se rassembler autour du rap

Un jardin, une caméra, trois micros, et quatre copains : Tom, Julien, Adrien et Manolo. Le 11 juin 2021, ces quatre amis se retrouvent dans le jardin de Tom pour réaliser le tournage d’un tout premier épisode de leur série de sessions rap, disponibles sur YouTube. À l’origine de ce projet, une grosse envie : celle de se réunir autour du hip hop entre amis, et de construire ensemble ce qu’ils faisaient jusqu’ici de manière plus individuelle et dispersée.

« Pour un premier épisode, on était contents de ce qu’on avait produit, même si maintenant avec le recul, niveau qualité audio et vidéo c’était horrible », confie Adrien, membre du collectif, qui gère principalement l’organisation événementielle, la communication et la veille artistique. 

Photo du tournage du Packélive#8, auquel participaient les rappeurs Lupi'o, Skidd, Deuzenne, Hellas, Olewa Gildas, Campesino et Soré.

Photo du tournage du Packélive#8, auquel participaient les rappeurs Lupi’o, Skidd, Deuzenne, Hellas, Olewa Gildas, Campesino et Soré.

La collaboration et l’authenticité au centre des valeurs de Packé

Le concept se rapproche de celui du média rap « Grünt », avec ses sessions de freestyle filmées. Cependant, les membres de Packé tiennent à insister sur ce qui fait leur singularité : l’ambiance authentique et conviviale qu’ils tentent de préserver autant que possible au sein de leur émission, à tel point qu’elle en devient leur fil rouge. Les rappeurs invités dans l’émission ne connaissent pas à l’avance les productions musicales sur lesquelles ils doivent poser, mais les découvrent en direct. Devant leurs épisodes, ce n’est pas seulement la prestation des artistes qu’ils tentent de mettre en valeur, mais un moment d’authenticité et de partage dans son intégralité.

Comptant plusieurs épisodes à leur actif, et désireux de proposer de nouveaux formats, ils entreprennent de créer leurs propres événements musicaux. En juin 2022, par exemple, à l’occasion de l’ouverture de la Fête de la Musique, Packé organise sa toute première soirée open mic au bar La Canaille, cour des 50 otages, qui donnera même lieu à une seconde édition l’année suivante. Après plusieurs soirées, et lancés dans cette démarche d’expérimentation, les membres du collectif rap parviennent à organiser leur premier dj set en janvier 2024, accompagné d’un concert, d’un open mic, mais également d’une fresque peinte en live, le tout au bar Décadanse, et ce, toujours animé par une ferme volonté de garantir coûte que coûte l’accès pour tous à leurs événements, quitte à en privilégier des formats plus modestes. Samedi 08 mars, ils proposaient par exemple des entrées à prix libres.

De nombreuses personnes ont pris l'initiative de monter sur scène pour participer à l'open mic. © Juliette Beneyout

De nombreuses personnes ont pris l’initiative de monter sur scène pour participer à l’open mic. © Juliette Beneytout

Malgré les différents postes attribués et nécessaires au bon fonctionnement de l’association, ses membres revendiquent l’absence de hiérarchie en leur sein et insistent sur l’importance du travail en groupe et de la coopération. De la conception des visuels à l’organisation d’événements en passant par le mixage son, c’est la diversité et la complémentarité de leurs compétences qui permettent au groupe de trouver un équilibre solide.

De l’innovation pour l’avenir

« Globalement, il n’y a pas de limite. » Manolo, co-fondateur de Packé. 

Avec un effectif ayant doublé depuis sa création, le collectif Packé est en constante recherche de nouveauté et d’expérimentation, que ça soit pour les concepts proposés, ou les styles musicaux mis en avant : « On aimerait aussi s’ouvrir à d’autres esthétiques musicales comme la dub, l’électro underground ou la junglebass. » explique Julien, co-fondateur du collectif rap, qui gère en partie la direction artistique du collectif, ainsi que les designs du merch, et différents visuels, mais aussi la programmation. Le tout en préservant cette volonté de mettre en avant la pluridisciplinarité et le partage entre les artistes et les spectateurs.

Il est possible de retrouver l’intégralité de leur série de sessions rap sur Youtube : https://www.youtube.com/@encore_packe.      

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017