25 février 2025

Dessiner sa honte : retour sur l’atelier BD de Margaux Manchon

Samedi 15 février au Salon de Lecture du Lieu Unique s’est tenu un atelier bande dessiné porté par Margaux Manchon, illustratrice nantaise connue pour ses dessins avec ses petits personnages hauts en couleur.

Dessiner sa honte : retour sur l’atelier BD de Margaux Manchon

25 Fév 2025

Samedi 15 février au Salon de Lecture du Lieu Unique s’est tenu un atelier bande dessiné porté par Margaux Manchon, illustratrice nantaise connue pour ses dessins avec ses petits personnages hauts en couleur.

Un « tea time de la honte », c’est ce que proposait le salon de lecture du LU à une dizaine de participantes samedi 15 février en compagnie de Margaux Manchon qui les a aidées à transformer des moments de honte en créativité.

Margaux Manchon, illustratrice nantaise

Margaux Manchon, alias Chat noir Chat blanc sur les réseaux, décrite comme une « professionnelle de la gêne » dans le descriptif de son atelier au LU, propose aux amatrices du salon de lecture de se replonger dans des souvenirs gênants, honteux pour pouvoir les exprimer à travers le dessin. Illustratrice sur Instagram, elle aime dessiner des petites histoires historiques, farfelues ou autobiographiques. Récemment elle utilise également son savoir-faire pour dénoncer les coupes budgétaires qui façonnent la « future culture du rien en Pays de la Loire« . En octobre dans le défi du Inktober, elle créé une planche par jour dans lesquelles elle décide de traiter «la honte» parce que «c’est un thème plutôt intéressant pour rentrer dans l’autobiographie» nous dit-elle. Elle explique que parler de moments de honte permet de «prendre de la distance et travailler l’autodérision. Si on ne vivait pas en société mais tout seul, on aurait pas honte !»

Margaux Manchon devant les planches des participantes à son atelier.

Le salon de lecture

L’atelier du 15 février a été organisé par Fiona Nell, chargée de programmation et de coordination du salon de lecture du Lieu Unique, qui met en place tous les mois des ateliers gratuits et créatifs en tout genre avec des artistes nantais·es. Le but est pour ces dernier·es est de partager leur métier et leur savoir-faire. La programmation des ateliers s’étale de janvier à juin et on y retrouve entre autres du dessin, de l’écriture, de la dramaturgie et de la peinture.

Dessin de son personnage au salon de lecture du LU.

Quand elle a été contactée par Fiona pour porter un atelier, Margaux n’était pas tout à fait partante : « quand elle m’a proposé de faire des ateliers j’ai dit « absolument pas » et finalement je me suis laissée entrainée». C’est avec ce petit trac que Margaux nous confie ces mots avant de commencer son atelier. Elle ajoute que« dans tous les cas je me suis dit que si c’est gênant ce n’est pas grave parce que c’est le thème.»

Transformer sa honte en histoire

C’est dans une ambiance chaleureuse, que 13 participantes, exclusivement des femmes, se retrouvent à évoquer leurs moments de honte sur le papier sur les conseils de Margaux. Enfant, adultes, dessinatrices, amatrices, débutantes… les profils étaient plutôt variés. «Moi ce n’est pas le dessin qui m’a attiré c’est plus de créer une histoire» raconte Anita adepte du salon de lecture qui a été intriguée par le descriptif de l’atelier. Des profils différents, mais toutes liées par des histoires de honte : soirées déguisées qui virent au fiasco, chutes, prises de paroles désastreuses, rendez-vous manqués… autant d’opportunités qualifiables d’honteuses. D’autres participantes comme Tiphaine, avaient plus d’attraits pour le dessin et trouvaient que c’était un bon moment pour prendre le temps de dessiner et «d’essayer d’illustrer des sujets qui [lui] tiennent à cœur mais de façon un peu plus joviale que ce qu’elles sont dans la vie».

Les participantes de l’atelier au salon de lecture.

Après la création de son personnage farfelu, de l’histoire et puis des dessins, l’atelier se finalise au bout de 2h30 et les dessins sont accroché sur le mur du salon de lecture. Si l’atelier s’est bien déroulé avec des participantes ravies, Margaux ne prévoit pas refaire d’atelier d’ici là. On pourra toutefois la retrouver avec une nouvelle bande dessinée qui sortira d’ici la fin de l’année.

Si à 23 ans Loïs a déjà traversé l'Atlantique, visité trois pays avec son sac sur le dos et sa curiosité en bandoulière, c'est au bord de l'Erdre, à Nantes qu'elle préfère se retrouver plus que partout ailleurs, à l'écoute du clapotis de l'eau, son élément préféré.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017