10 décembre 2019

« Détective du numérique » : une journée pour décrypter les métadonnées à destination des animateurs et animatrices

Le mercredi 4 décembre 2019, une douzaine d'animateurs et animatrices de la région nantaise se sont réunis pour découvrir un outil pédagogique proposé par l'association Fragil.

« Détective du numérique » : une journée pour décrypter les métadonnées à destination des animateurs et animatrices

10 Déc 2019

Le mercredi 4 décembre 2019, une douzaine d'animateurs et animatrices de la région nantaise se sont réunis pour découvrir un outil pédagogique proposé par l'association Fragil.

CEMEA, Corto Loisirs CRIJ, Dclic, PING… les structures nantaises d’accueil de jeunes et de vulgarisation numérique étaient bien représentées en ce mercredi de début décembre à la Fabrique Dervallières. La journée de rencontre inter-professionnelle, organisée par Fragil à la demande de Corto Loisirs et financée par la DRDJSCS, avait pour objet de faire découvrir l’outil pédagogique « Détective du numérique » aux associations travaillant sur la question du numérique avec de jeunes publics. Cet outil, développé par Fragil en 2018 grâce à un financement de la DRDJSCS et du département de Loire-Atlantique, prend la forme Ping, Fragil

Après une présentation brise-glace pendant laquelle les stagiaires du jour ont dû se présenter à travers une carte plastifiée représentant un selfie de personnalité ou bien un selfie insolite, la journée a pu être lancée.

Au coeur de l’équipe d’investigation

La première partie de la matinée s’est articulée autour de l’atelier « détective du numérique » en lui même. Les participantes et participants ont dû résoudre l’enquête, en travaillant en équipe pour s’échanger les différentes informations découvertes dans leurs recherches. En s’appuyant sur les métadonnées (heure de prise de vue, position GPS, nom des appareils photos) attachées aux fichiers photos servant de base à leur enquête, le groupe a pu résoudre l’enquête en moins d’une heure trente.

Les stagiaires en pleine comparaison des données

La seconde partie de la matinée a été dédiée à l’échange des ressentis des stagiaires. L’utilité et l’efficacité de l’outil semblent avoir fait consensus pour les différentes structures présentes, autant sur l’aspect de découverte technique des métadonnées et de quelques notions d’informatiques que sur les débats que celui-ci peut déclencher. La notion de « jeu » a cependant été débattue lorsqu’il a fallu définir si cet outil pouvait être présenté sous ce terme. Pour les CEMEA, par exemple, l’outil a trop d’impact sur la vie de la personne qui y participe pour être un jeu, là où Corto Loisirs et le CRIJ pourraient très bien animer cet outil à travers une vision ludique.

Après avoir vécu l’atelier « Détective du numérique » en matinée, les participantes et participants ont été invités à se projeter dans leur propre pratique durant l’après-midi. En une demi-heure et par groupes de deux, les stagiaires ont dû imaginer un scénario d’enquête pouvant mettre en scène l’utilisation de métadonnées. Retrouver une personne kidnappée grâce aux métadonnées d’une photo de demande de rançon, retrouver le corbeau derrière un chantage à la photo compromettante en analysant des publications sur des réseaux sociaux, identifier un pollueur sauvage grâce aux connexions au wi-fi public d’un restaurant… les scénarios proposés ne manquaient pas d’imagination et ont permis aux binômes d’identifier plus précisément les ressorts de la création d’une enquête numérique.

Les plans réalisés grâce aux métadonnées des fichiers photo

La journée s’est terminée sur la découverte d’outils techniques tels que Animaps, un outil permettant d’animer des trajets sur une carte, ou encore Exif Pilot qui permet de modifier des métadonnées de fichiers photos. Malgré quelques soucis techniques liés aux différents systèmes d’exploitation utilisés par les stagiaires, ils et elles ont pu prendre en main ces outils qui les aideront dans la création de leur propre animation autour des métadonnées. On attend désormais avec impatience les versions de « détective du numérique » de ces structures !

 

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017