Après avoir passé de longues secondes à manoeuvrer, j’ai enfin trouvé une place. Je me suis lavé les mains au gel hydroalcoolique, me suis emparé de mon panier et de mon sac, ai pris une longue inspiration et suis sorti.
Comme un samedi
Arrivé dans le supermarché, j’ai été frappé par le nombre de personnes (retraités, mère avec enfants…) qui déambulait dans les rayons. Aucun vigile installé à l’entrée par la direction du magasin pour limiter la promiscuité des acheteurs, aucune consigne mis à part un message sonore perdu au milieu des chansons habituelles de supermarché, tout semblait normal… comme un samedi.
Muni de ma liste, j’ai accéléré le pas et ai parcouru le magasin à la vitesse de l’éclair. Autour de moi, tout le monde semblait terriblement insouciant. Je ne pouvais m’empêcher de constater que j’étais le seul à trouver cette situation profondément inquiétante.
Paniqué à l’idée de propager ce virus mortel, j’ai rapidement empilé tous mes achats pour faire la queue à la caisse. Là encore, mis à part le plexiglas qui protégeait la caissière, aucune consigne claire n’était donnée aux clients. Sentant la personne derrière moi un peu trop proche, je me suis retourné et, d’un regard, lui ai fait comprendre qu’il fallait respecter la distance de sécurité énoncée par les autorités sanitaires. Ce qu’elle a fait sans broncher.
Finalement, j’ai quitté ce supermarché dans la précipitation, me suis réfugié dans mon véhicule, me suis lavé les mains au gel hydroalcoolique et ai fui cette inconscience.
Restez chez vous !
Comment le dire mieux ? Comment le dire autrement ?
On peut penser ce qu’on veut de ce gouvernement, de la gestion de cette crise, des messages parfois contradictoires ou insuffisamment stricts (allez travailler, vous pouvez faire du sport, mais restez chez vous), mais s’il y a bien une chose que personne ne pourra réfuter, c’est la diffusion permanente de cette arme infaillible qu’est le confinement pour éviter la propagation du virus.
Mais visiblement, tout le monde ne prend pas ce message très au sérieux. Peut-être se disent-ils que le COVID-19 est encore loin, qu’il évitera sûrement notre région, comme le nuage de Tchernobyl à une autre époque.
La France fait plaisir quand elle applaudit les héros de ce nouveau quotidien tous les soirs à 20h. Membres du personnel hospitalier de plus en plus volontaires, mais également personnel des supermarchés, éboueurs, chauffeurs routiers… toutes ces personnes qui affrontent la maladie pour permettre au pays de résister dans des conditions acceptables.
La France fait plaisir quand la solidarité est au rendez-vous, quand chacun se démène pour adoucir ce confinement totalement inédit et peut-être pour certains oppressant. Que ce soit les artistes qui se produisent bénévolement sur les réseaux sociaux, les instituteurs, institutrices et professeurs qui cherchent les meilleures solutions pour poursuivre leur enseignement, les entreprises qui changent leurs habitudes pour fabriquer des masques ou du gel hydro alcoolique, ces jeunes qui proposent d’aller faire des courses pour les plus âgés…
Elle peut être belle notre France, parfois…
Cependant, pour tous ceux que le devoir n’appelle pas, la consigne est simple : RESTEZ CHEZ VOUS !
Tu me donnes le mal
La France fait mal quand elle fait preuve d’égoïsme, d’inconscience et de désinvolture face à un péril mortel.
Comme ces images à la gare Montparnasse où aucune consigne élémentaire n’est respectée, comme ces gens qui continuent à sortir sans aucune raison malgré les messages clairs, comme cette course effrénée aux denrées alimentaires sans se soucier si son prochain aura de quoi vivre ce confinement normalement, comme toutes ces personnes qui se découvrent soudain une âme de joggeur…
Une seule question subsiste : pourquoi tant de désinvolture quand on sait que nos proches, nos aînés pourraient pâtir de cette inconscience ?
Espérons seulement que cette crise amènera certaines mentalités à évoluer pour plus de solidarité, moins d’égoïsme, pour un monde plus juste. On a le droit de rêver, non ?