9 octobre 2024

Émeline : « J’aime cette espèce d’effervescence nantaise »

Berrichonne d'origine ayant pas mal vadrouillé, Émeline a emménagé à Nantes il y a deux ans pour des raisons professionnelles. Sa curiosité et son envie de découvrir Nantes autrement l'ont fait rejoindre l'équipe des rédacteurices bénévoles de Fragil pour pour cette nouvelle saison.

Émeline : « J’aime cette espèce d’effervescence nantaise »

09 Oct 2024

Berrichonne d'origine ayant pas mal vadrouillé, Émeline a emménagé à Nantes il y a deux ans pour des raisons professionnelles. Sa curiosité et son envie de découvrir Nantes autrement l'ont fait rejoindre l'équipe des rédacteurices bénévoles de Fragil pour pour cette nouvelle saison.

« Je pense que ça peut me faire sortir un petit peu de la face de Nantes que je connais, des endroits où j’ai l’habitude d’aller« . Pour Émeline, rejoindre l’équipe des rédacteurices du média nantais Fragil est une manière de continuer sa découverte de la cité des Ducs, deux ans après y avoir posé ses bagages.

Nantes en deux temps

Son histoire avec Nantes n’a pourtant pas débuté comme une folle histoire d’amour. Venue pour prendre un poste en marketing auprès d’une coopérative, Émeline commence par vivre la ville comme un lieu de travail. « Je venais pour travailler la semaine, et les week-end je repartais pour La Rochelle, Cognac ou Orléans« , nous indique-t-elle. Puis, un nouveau logement décroché quelque mois plus tard la rapproche du centre-ville et de ses activités. « La vie du week-end et la belle saison » lui font entrevoir Nantes sous un angle « beaucoup plus dynamique, beaucoup plus ouverte et beaucoup plus sympa« . Elle y apprécie cette « espèce d’effervescence » d’une ville où il y a « toujours du monde dans les rues« . Et pour se ressourcer ? Émeline nous invite à se rapprocher des eaux calmes de l’Erdre, entre ballades sur les ponts en bois de Port Boyer ou au milieu du parc « très apaisant » de l’Ile de Versailles. À la tombée du jour, on la retrouvera sûrement sur le pont du bar La Casa, « une péniche qui est ouverte toute l’année vers Saint Mihiel« .

Culture pop non-stop

Quand on évoque ses préférences culturelles, Émeline assure qu’il y a peu de chose qu’elle n’aime pas. À 27 ans, cette nouvelle bénévole de l’association Fragil, assume avoir des goûts très éclectiques, « sans fil conducteur« , si ce n’est peut-être un manque d’attrait pour l’art élitiste. Entre mangas et romans, rock et rap, elle s’épanouit dans les productions de la pop-culture « qui s’adresse à tout le monde« .

Adepte des sports de combats, elle qui a pratiqué 7 ans d’escrime, 3 ans de boxe thaï et 2 ans de boxe anglaise, ne désespère pas de trouver un club nantais qui lui conviendra. Mais pour l’instant Émeline voit sa curiosité l’emmener désormais vers la pratique du journalisme associatif. Une manière de se confronter aux nantais·es et « voir comment les gens investissent la ville et comment ils la font vivre« . Du ring au micro tendu, il n’y a qu’un pas. Bourdieu aurait pu acquiescer : le journalisme est un sport de combat.

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017