5 février 2025

« Errance Malgache » : un voyage poétique en images à la galerie Mostra

Hervé Castaing, photographe installé à Nantes, a ouvert la galerie Mostra en mai 2024. Depuis le 9 janvier et jusqu’au 16 février, on peut y retrouver l’exposition Errance Malgache de Laurent Blandin.

« Errance Malgache » : un voyage poétique en images à la galerie Mostra

05 Fév 2025

Hervé Castaing, photographe installé à Nantes, a ouvert la galerie Mostra en mai 2024. Depuis le 9 janvier et jusqu’au 16 février, on peut y retrouver l’exposition Errance Malgache de Laurent Blandin.

Des images contrastées, des sourires, des paysages de Madagascar avec des enfants qui courent et quelques animaux… C’est l’atmosphère dans laquelle nous plonge Laurent Blandin dans son exposition Errance Malgache, visible jusqu’au 16 février à la galerie Mostra. Dirigée par Hervé Castaing, celle-ci met en valeur les travaux des artistes photographes en les mêlant à un univers poétique.

Zoom sur l’exposition du moment

Errance Malgache, première exposition de Laurent Blandin représente des moments de la vie quotidienne à Madagascar, une île qui fait souvent parler d’elle à cause de ses cyclones ravageurs comme le cyclone Dikeledi, de ce début d’année ayant causé trois morts et plus de 1000 sinistrés. « Ce qui m’intéressait dans son regard, [celui de Laurent Blandin], c’est la poésie qu’il arrive à trouver, alors que ce sont des lieux où l’on pourrait s’appesantir sur la pauvreté et la misère » explique Hervé Castaing. Ici, on retrouve des photos d’enfants qui jouent, de personnes sur la plage, de beaux paysages… Pour certains Nantais qui se sont arrêtés pour découvrir l’exposition, les photos faisaient écho à leur histoire personnelle, « certaines personnes qui sont déjà allées en voyage sur l’île y retrouvent cette atmosphère. C’est toujours intéressant quand on montre des photos de voyages. Sauf que là, on est au dessus du voyage pur, c’est justement ce jeu avec un ailleurs qui est dépaysant mais on peut quand même y retrouver une part de soi » a pu constater Hervé Castaing.

Errance Malgache, Laurent Blandin. Du site Mostra Galerie.

Les photos sont plongées dans l’univers poétique qu’Hervé Castaing cherche à créer autour de chacune des expositions qu’il héberge dans sa galerie. À coté des photos, on y trouve un panneau où l’on peut lire :

« Le voyage est comme une porte par où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve. »
— Guy de Maupassant

Cette citation a été choisie par Hervé Castaing dans son idée de monter une histoire autour de l’exposition mise en place. Cela évoque cette idée de vouloir se détacher de préjugés sur la misère et la pauvreté que l’on se fait de l’île pour prendre du recul et ainsi se forger de nouvelles perceptions poétisées.

Une ligne éditoriale subtile

« Les gens viennent d’eux-mêmes, et la galerie commence doucement à se faire connaître, parfois parce qu’ils ont entendu parler de l’artiste ou par le bouche-à-oreille », annonce le gérant Hervé Castaing, content que 7 mois après son ouverture sa galerie attire la curiosité des gens malgré un temps nantais souvent peu clément.

Hervé Castaing, propriétaire de la galerie Mostra

C’est la quatrième exposition qu’héberge la galerie depuis son ouverture, la première étant une série de photos du propriétaire sur le thème du territoire et la deuxième de la photographe nantaise Nathalie Champagne traitait du confinement. L’avant-dernière, elle, présentait des images sur les rêves, capturés par Benjamin Juhuel, basé à Bordeaux et exposant à l’international.

Ces dernières expositions ont laissé place à une ligne éditoriale qui se définie davantage par les œuvres que la galerie abrite que par une volonté précise d’Hervé Castaing. Bien qu’en surface les photos abordent des thématiques diverses, leur point commun réside davantage dans l’esthétique et la structure des images. Style académique, jeu de lumière, … autant de procédés qui rendent ces images intéressantes à exposer pour le tenant de cette galerie.

« Je veux d’abord être touché par une belle image, mais il faut qu’elle me raconte quelque chose, qu’il y ait une narration et que l’ensemble de la série soit cohérente », admet Hervé Castaing. Il arrive à créer des histoires avec les photographies des artistes, mettant ainsi en scène une histoire avec les images qui semblent communiquer entre elles, comme sur ces deux photos ci dessous et côte à côte où l’on peut voir deux enfants qui semblent aller d’un endroit à un autre à travers les cadres. Il ajoute qu’« à chaque fois, il y a un travail en termes de scénographie qui est réalisé pour voir comment on peut continuer à créer un lien entre les images afin que le spectateur puisse s’immerger pleinement. »

Errance Malgache, Laurent Blandin. Galerie Mostra.

Errance Malgache s’inscrit dans cette volonté de dépasser les représentations figées, en proposant un regard sensible, humain et poétique sur Madagascar. L’exposition est à découvrir jusqu’au 16 février à la galerie Mostra.

 

Agenda d’expositions de la galerie :

9 janvier – 16 février : Errance Malgache -Laurent Blandin

27 février – 5 avril : (E)mouvances -Christine Kuzbinski

17 avril – 24 mai : Stendhal Syndrome -Franck Gérard

5 juin – 12 juillet : From Somewhere to Mood -Stéphanie Mahé

28 aout – 4 octobre : Après l’été -Roberto Badin

16 octobre – 22 novembre : Un Espace à Soi -Karine Van Ameringen

4 décembre – 24 janvier 2026 : Vanitas -Dimitri Roubichou

Si à 23 ans Loïs a déjà traversé l'Atlantique, visité trois pays avec son sac sur le dos et sa curiosité en bandoulière, c'est au bord de l'Erdre, à Nantes qu'elle préfère se retrouver plus que partout ailleurs, à l'écoute du clapotis de l'eau, son élément préféré.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017