Mélanger histoire, art et technologies ? C’est possible à l’exposition « Manifest », dans la galerie d’art nantaise de l’Atelier, rue Châteaubriand, jusqu’au 6 octobre 2024. Le jeudi 19 septembre, une vingtaine d’artistes étaient présentes pour l’inauguration des 13 œuvres numériques de l’exposition. Résultat de deux ans de résidences d’artistes à Lisbonne, Budapest ou encore Copenhague.
Le digital pour reconnecter passé et présent
Respecter les mémoires tout en rendant l’art et l’histoire accessible à tous, c’est ce qui a rassemblé l’association nantaise Les Anneaux de la Mémoire et les 4 autres structures européennes organisant l’exposition : Khora au Danemark, Gerador au Portugal, Pro-Progressione en Hongrie et Cumediae en Belgique.
Pour Stefanie, de cette dernière association, les « nouveaux matériaux » facilitent la vulgarisation de l’histoire. En lien avec la Digital Week à Nantes, les nouvelles technologies sont donc au cœur du projet. « Un prof peut s’en servir pour un cours », explique d’ailleurs Sylvaine, une des artistes, qui a créé un espace de documentation en ligne accompagnant son film « Paroles de Nègre ».
Redonner voix à celles réduites au silence
Les nouveaux regards explorés par le numérique, ce sont aussi ceux des oppressé·e·s et non des oppresseurs. Dans « Paroles de Nègres », Sylvaine a par exemple reproduit une des seules traces de paroles d’esclaves : un procès de 1842, lors duquel un maître fut accusé du meurtre de l’un de ses esclaves.
Entre des installations sonores en créole et des images actuelles de travailleur·euses guadeloupéen·nes, elle invite « engager le visiteur à se confronter à une archive avec une interprétation » et de « ramener du vivant, une expérience » plutôt qu’un rapport distancé avec les documents historiques.
Des héritages contemporains
Les technologies immersives servent également à « réactualiser la mémoire » selon Gombo, artiste à l’origine de « Portrait Intime ». Avec 3 films d’animation sur des personnalités historiques noires oubliées, l’œuvre fait comprendre que la traite transatlantique a engendré des discriminations encore actuelles. « La prison est aussi intérieure », dit-il en parlant d’Ourika, personnage d’un de ses films, adoptée par une famille d’aristocrates. En enfilant un casque de réalité virtuelle, les visiteur·ices se retrouve plongé·e·s dans les pensées de cette jeune femme noire détestant son reflet dans le miroir.
L’idée est donc de faire une histoire des mentalités et non pas que des faits, avec le digital comme nouveau moyen de percevoir la complexité des mémoires individuelles et collectives. Musiques, danses, récits oubliés… L’exposition, gratuite, est ouverte jusqu’au 6 octobre pour découvrir la diversité culturelle et les évolutions de cet héritage.
Informations complémentaires
- Du 19 septembre au 6 octobre à L’Atelier, 1 Rue Châteaubriand, 44000 Nantes
- Entrée gratuite, visite guidée possible sur réservation
- Détails de l’exposition