Marie Curie, Émile Zola, Joséphine Baker, Gisèle Halimi, Aimé Césaire, Charles Aznavour : vous avez sûrement déjà entendu parler de ces personnalités notoires des sciences, de la littérature, de la musique ou de la justice. Elles font partie de l’exposition “Portraits de France” réalisée par le Musée de l’Homme et le groupe de recherche Association Connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine (ACHAC) dont Sandrine Lemaire est l’une des co-directeur·rices.
Leurs points communs ? Iels ont contribué à la richesse du récit national de leur vivant, en tant que femmes et hommes “venu·es d’ailleurs”, c’est-à-dire né·es à l’étranger, en territoire colonial ou bien en France dans un contexte familial mixte. Dans le cadre de “Portraits de France”, iels partagent l’affiche avec des personnages plus méconnus voire oubliés, à l’image de Sanité Belair, l’une des quatre héroïnes de l’indépendance d’Haïti en 1804, ou de Raphaël Élizé, l’un des premier·ères maire·sses noir·es d’une commune de France métropolitaine en 1929.
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Une exposition née du constat de l’absence et de la silenciation de la diversité
“Portraits de France” est le fruit d’un travail de longue haleine autour de l’iconographie coloniale et des stéréotypes qui en découlent. Paru en 2005 sous la direction de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, l’ouvrage socio-historique “La Fracture coloniale” révèle autant une méconnaissance de l’histoire coloniale de France qu’un manque d’inclusivité et de représentation de la diversité dans la toponymie ou les programmes scolaires.
En valorisant le parcours de femmes et d’hommes représentatif·ves de la diversité française, l’exposition située dans le bâtiment “Ateliers et Chantiers de Nantes” (parc des Chantiers) entend “interpeller les gens” et “provoquer des étincelles” selon Sandrine Lemaire. Elle s’appuie pour cela sur 232 ans d’histoires répartis en 12 grandes périodes, de la Révolution française de 1789 aux défis modernes des années 2020. Réparti·es sur 50 panneaux, les biographies et les portraits des personnalités mises à l’honneur prennent alors la forme d’une frise chronologique à parcourir dans un sens ou dans l’autre, selon l’humeur et l’envie de chacun·e.
Respectant un principe de parité femmes-hommes, “Portraits de France” puise ses protagonistes dans le recueil du même nom commandé par Emmanuel Macron en vue d’offrir davantage de reconnaissance à la riche histoire de l’immigration. Notamment pensée en cohérence avec le programme d’histoire des collégien·nes et des lycéen·nes, l’exposition s’accompagne d’un important volet pédagogique, d’où sa circulation dans les écoles et les musées. Un dossier complet est également mis à disposition du public pour faciliter les travaux pédagogiques autour de cette galerie de portraits inspirants et parfois atypiques.
Pour Sandrine Lemaire, l’“engagement citoyen” sous forme de conférences, d’échanges, etc., constitue l’un des principaux moyens de promotion et de revalorisation d’une histoire encore trop souvent jugée alternative dans les manuels scolaires et les discours officiels.
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