1 février 2024

Exposition “Portraits de France” : la diversité au cœur de l’histoire française contemporaine

Du 9 janvier au 1er mars 2024, l’association Tissé Métisse et l’Université Permanente accueillent l’exposition “Portraits de France, une autre histoire de France” dans leurs locaux. Le samedi 27 janvier, l’historienne Sandrine Lemaire y animait une conférence sur la genèse et les objectifs de cette installation itinérante et pédagogique.

Exposition “Portraits de France” : la diversité au cœur de l’histoire française contemporaine

01 Fév 2024

Du 9 janvier au 1er mars 2024, l’association Tissé Métisse et l’Université Permanente accueillent l’exposition “Portraits de France, une autre histoire de France” dans leurs locaux. Le samedi 27 janvier, l’historienne Sandrine Lemaire y animait une conférence sur la genèse et les objectifs de cette installation itinérante et pédagogique.

Marie Curie, Émile Zola, Joséphine Baker, Gisèle Halimi, Aimé Césaire, Charles Aznavour : vous avez sûrement déjà entendu parler de ces personnalités notoires des sciences, de la littérature, de la musique ou de la justice. Elles font partie de l’exposition “Portraits de France” réalisée par le Musée de l’Homme et le groupe de recherche Association Connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine (ACHAC) dont Sandrine Lemaire est l’une des co-directeur·rices.

Leurs points communs ? Iels ont contribué à la richesse du récit national de leur vivant, en tant que femmes et hommes “venu·es d’ailleurs”, c’est-à-dire né·es à l’étranger, en territoire colonial ou bien en France dans un contexte familial mixte. Dans le cadre de “Portraits de France”, iels partagent l’affiche avec des personnages plus méconnus voire oubliés, à l’image de Sanité Belair, l’une des quatre héroïnes de l’indépendance d’Haïti en 1804, ou de Raphaël Élizé, l’un des premier·ères maire·sses noir·es d’une commune de France métropolitaine en 1929.

[aesop_image img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2024/01/1_cover_867-400_.png » panorama= »off » credit= »Tissé Métisse » align= »center » lightbox= »on » captionsrc= »custom » caption= »Affiche de présentation de la conférence ‘Portraits de France’ du 27 janvier 2024″ captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Une exposition née du constat de l’absence et de la silenciation de la diversité

“Portraits de France” est le fruit d’un travail de longue haleine autour de l’iconographie coloniale et des stéréotypes qui en découlent. Paru en 2005 sous la direction de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, l’ouvrage socio-historique “La Fracture coloniale” révèle autant une méconnaissance de l’histoire coloniale de France qu’un manque d’inclusivité et de représentation de la diversité dans la toponymie ou les programmes scolaires.

En valorisant le parcours de femmes et d’hommes représentatif·ves de la diversité française, l’exposition située dans le bâtiment “Ateliers et Chantiers de Nantes” (parc des Chantiers) entend “interpeller les gens” et “provoquer des étincelles” selon Sandrine Lemaire. Elle s’appuie pour cela sur 232 ans d’histoires répartis en 12 grandes périodes, de la Révolution française de 1789 aux défis modernes des années 2020. Réparti·es sur 50 panneaux, les biographies et les portraits des personnalités mises à l’honneur prennent alors la forme d’une frise chronologique à parcourir dans un sens ou dans l’autre, selon l’humeur et l’envie de chacun·e.

Respectant un principe de parité femmes-hommes, “Portraits de France” puise ses protagonistes dans le recueil du même nom commandé par Emmanuel Macron en vue d’offrir davantage de reconnaissance à la riche histoire de l’immigration. Notamment pensée en cohérence avec le programme d’histoire des collégien·nes et des lycéen·nes, l’exposition s’accompagne d’un important volet pédagogique, d’où sa circulation dans les écoles et les musées. Un dossier complet est également mis à disposition du public pour faciliter les travaux pédagogiques autour de cette galerie de portraits inspirants et parfois atypiques.

Pour Sandrine Lemaire, l’“engagement citoyen” sous forme de conférences, d’échanges, etc., constitue l’un des principaux moyens de promotion et de revalorisation d’une histoire encore trop souvent jugée alternative dans les manuels scolaires et les discours officiels.

[aesop_image img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2024/01/tgh-rotated.jpg » panorama= »off » credit= »Marine Gobert » align= »center » lightbox= »on » captionsrc= »custom » caption= »L’exposition ‘Portraits de France’ installée au 2 bis, boulevard Léon Bureau à Nantes » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Rédactrice web dans une agence de référencement naturel côté pile et rédactrice bénévole pour Fragil côte face, je possède définitivement un attrait pour l'écriture. La littérature, le cinéma, le féminisme et l'écologie font partie de mes sujets de prédilection au quotidien.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017