La programmation du Théâtre Princesse Grace offre un fascinant mélange des genres et des registres. On a pu y voir cette saison un monologue très poétique sur un texte de Marie Desplechin, « Touchée par les fées », dans une mise en scène du passionnant chorégraphe Thierry Thieu Niang, mais aussi « La dernière bande » de Samuel Beckett, « Le monde d’hier » et « La légende d’une vie », deux pièces de Stefan Zweig. Le 8 mai 2018, l’adaptation en anglais du « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde par Thomas Le Douarec en sera l’un des autres temps forts. Les pièces de boulevard des années 60 aux années 80 connaissent par ailleurs une nouvelle vie depuis les films de François Ozon, « Huit femmes » (2002) d’après une comédie de Robert Thomas (1958) et « Potiche » (2010), à partir de la pièce de Barillet et Grédy (1980). Elles rencontrent aujourd’hui de beaux succès au théâtre, et l’étonnant Michel Fau en a restitué toute la folie dans ses visions de « Fleur de cactus » et de « Peau de vache », des mêmes Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy. Ce regain de popularité illustre un besoin de légèreté et d’éclats de rire, dans le monde troublé que nous traversons.
Ce regain de popularité illustre un besoin de légèreté et d’éclats de rire, dans le monde troublé que nous traversons.
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Un rôle à la démesure de Fanny Ardant
Cette production de « Croque Monsieur » a été jouée au Théâtre de la Michodière à l’automne 2016, où Fanny Ardant a créé la surprise en reprenant le rôle conçu en 1964 pour la truculente Jacqueline Maillan. La magnifique actrice nous touche dans ses films par sa présence captivante, et une voix envoûtante qui sculpte chaque mot en en faisant un évènement unique. Au théâtre, elle a véritablement incarné des textes très intenses de Marguerite Duras comme « La maladie de la mort » en 2006, ou comme en 2014, la figure de la mère dévorante de « Des journées entières dans les arbres », déjà mis en scène par Thierry Klifa.
Dans la nécessité d’un nouveau mariage, elle travestit la réalité dans un tourbillon de quiproquos, où Fanny Ardant affirme un formidable tempérament comique, qui va crescendo.
La pièce raconte l’histoire de Coco Baisos, veuve pour la cinquième fois et à nouveau sans argent. Dans la nécessité d’un nouveau mariage, elle travestit la réalité dans un tourbillon de quiproquos, où Fanny Ardant affirme un formidable tempérament comique, qui va crescendo. L’un des moments particulièrement désopilants est la confrontation avec l’inspecteur de police Monsieur Bécot, auquel Michaël Cohen donne une savoureuse présence, et dont l’interrogatoire à double sens créé de joyeuses méprises, entre séduction amoureuse de l’une et suspicion de l’autre.
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La mangeuse d’hommes fait la rencontre improbable du riche banquier Anatole Longuevy, dont Bernard Menez dresse un portrait touchant et drôle. Elle est aussi extravertie qu’il est étriqué, et leurs échanges amènent de réjouissants moments de théâtre.
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La protagoniste révèle cependant une fragilité qui la rend émouvante : à l’écart de tout ce tumulte et dans une lumière plus intime, Fanny Ardant chante « J’en fais trop », avec une touche personnelle qui dévoile les failles du personnage et le rend attachant.
Théâtre et musique
La place accordée aux chansons était déjà très importante dans le film « Huit femmes » de François Ozon, et apporte une épaisseur humaine à des figures en apparence futiles. Fanny Ardant y déploie toute son énergie dans un éclatant « À quoi sert de vivre libre », tandis qu’Isabelle Huppert livre son « Message personnel » comme un bouleversant secret. Fanny Ardant confirme dans cette pièce ses affinités avec le chant et la musique.
Fanny Ardant confirme dans cette pièce ses affinités avec le chant et la musique.
En 2002, elle a incarné une Maria Callas stupéfiante de vérité dans le très beau film de Franco Zeffirelli « Callas forever » ; elle a retrouvé cette cantatrice mythique au cinéma en 2017 en étant la voix off de « Maria by Callas ». L’immense comédienne a par ailleurs mis en scène l’opérette « Véronique » d’André Messager au Théâtre du Châtelet en 2008, dans une vision très poétique. Il y a enfin, dans son aspect excessif et imprévisible, un côté diva qui la conduit vers des rôles démesurés, comme celui de la grande Sarah Bernhardt au théâtre en 2002.
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Un spectacle où chacun assume ses contradictions et ses excès, pour offrir du rire en partage, avant toute autre chose.
Alex Beaupin a composé la musique de ce spectacle. On lui doit notamment les chansons du film de Christophe Honoré « Les chansons d’amour » (2007), et celles de « Croque Monsieur » donnent à la pièce un rythme de comédie musicale. L’ensemble « Le coup de foudre », couronne le happy end d’une énergie communicative, portée avec générosité par toute la troupe. Vittoria Scognamiglio joue Maggy Fauchois, l’amie de Coco, amorale et haute en couleurs, à l’image d’un spectacle où chacun assume ses contradictions et ses excès, pour offrir du rire en partage, avant toute autre chose.
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