9 octobre 2017

Le Ferrailleur, chaudron des musiques actuelles

Situé en plein cœur du Hangar à Bananes sur le quai des Antilles, Le Ferrailleur est devenu en dix années d'existence un club incontournable pour tous les amateurs de musiques actuelles de la région nantaise. Présentation du lieu en compagnie du fondateur du bar.

Le Ferrailleur, chaudron des musiques actuelles

09 Oct 2017

Situé en plein cœur du Hangar à Bananes sur le quai des Antilles, Le Ferrailleur est devenu en dix années d'existence un club incontournable pour tous les amateurs de musiques actuelles de la région nantaise. Présentation du lieu en compagnie du fondateur du bar.

Thomas, trentenaire volubile et souriant nous accueille dans « le bar qu’il a toujours rêvé de monter ». Cela fait plus de dix ans qu’il porte le Ferrailleur à bout de bras, entouré désormais d’une équipe de 24 personnes.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/10/Thomas-fondateur-du-Ferrailleur.jpg » credit= »François-Xavier Josset » align= »center » lightbox= »on » caption= »Thomas, patron heureux du Ferrailleur » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Le fondateur revient sur la création du lieu, « tout s’est passé en quelques mois » nous dit-il. Début 2007, la mairie de Nantes met à disposition la quinzaine de box qui divisent le réaménagement d’un ancien hangar désaffecté, jadis destiné au mûrissement des bananes, dans l’idée de déplacer la vie nocturne de la ville vers le quai des Antilles. Thomas et quelques amis sautent alors sur l’occasion de créer un club pouvant accueillir des concerts de musiques extrêmes. « Il n’y avait pas de lieu à Nantes pour le métal, le rock et le punk », nous confie-t-il. En juin 2007, le Ferrailleur ouvre ses portes et trouve instantanément son public.

En 2017, la programmation des 200 concerts annuels comporte toujours un grand nombre de groupes de métal et autres représentants des musiques saturées, mais on peut désormais aussi y retrouver de nombreux artistes hip-hop et électro underground.

« On a décidé d’ouvrir la programmation car les promoteurs d’autres styles n’osaient pas louer la salle, pensant que le public ne viendrait que pour des concerts de métal. »

Thomas poursuit: « évidemment, on a suivi la même logique que pour les musiques extrêmes, on a ouvert cette programmation en priorité aux styles qui n’avaient pas de lieu pour se produire à Nantes, à savoir le rap et l’électro ». Pari réussi car désormais « le public amateur de métal vient aux concerts de rap et inversement ». En plus des concerts et des soirées électro dans la salle de 300 places, le bar a intégré cette année le parcours du Voyage à Nantes avec ses « concerts sauvages ». Ainsi, pendant l’été, quelques 36 concerts ont pris place sur la terrasse ensoleillée du bar, avec la Loire et la butte Sainte-Anne pour décors.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/10/La-terrasse-du-Ferrailleur.jpg » credit= »François-Xavier Josset » align= »center » lightbox= »on » caption= »Un cadre superbe pour un apéro en terrasse ou un « concert sauvage » » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

 

Grâce à cette diversité assumée, Le Ferrailleur a parfaitement réussi à séduire une clientèle hétéroclite. Les employés en costumes des after-works, le public looké des concerts rap ou hardcore et les fêtards de tous horizons venant terminer leurs nuits aux rythmes des afters électro, tous viennent se réunir ici autour d’une mousse bien fraîche.

Car la carte du lieu se compose pour la majorité de bière « boisson favorite des rockers », évidemment. Avec 14 becs, 12 pressions différentes et des dizaines de bouteilles plus ou moins fortes, le bar fait la part belle aux amateurs de houblon. « Le Ferrailleur », cocktail mythique du lieu composé de Get 27, de Baileys et de quelques ingrédients secrets, vaut forcément le détour pour les fêtards les plus audacieux. Côté nourriture, on privilégie ici la filière courte et bio avec un large choix de saucissons, tartinades provenant de La Ferme du Trèfle Blanc. On y trouvera aussi un panel de truccis chauds qui raviront vegans et végétariens.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/10/La-carte-du-Ferrailleur.jpg » credit= »François-Xavier Josset » align= »center » lightbox= »on » caption= »Une carte diversifiée misant sur le bio et le local » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Le créateur est fier de son lieu et ne s’en cache pas. Même si les artistes les plus prestigieux du monde des musiques extrêmes ont foulé les planches de sa salle, de Soulfly à Converge en passant par Sick Of It All, c’est surtout l’aventure humaine que Thomas retiendra. Avoir réussi à fédérer une équipe autour des mêmes valeurs est un des accomplissements qui lui tient le plus à cœur: « on m’a toujours dit qu’il était impossible de travailler avec ses potes, en soi c’est complètement possible tant que les gens ont le même but et comprennent les enjeux d’un tel lieu. ».

En constante évolution, le bar renouvelle régulièrement son parc technique afin de proposer ce qu’il y a de mieux en terme de son et de lumières pour les concerts. Thomas tient a garder le lieu « clean », loin du cliché des vieux clubs rock au sol visqueux et aux toilettes défoncées.

Alors en flânant le long des « Anneaux » de Daniel Buren qui jalonnent la promenade du Hangar à Bananes, n’hésitez plus à vous arrêter au Ferrailleur. Un concert, une bière ou un encas vous y attendent déjà.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/10/Ambiance-du-Ferrailleur.jpg » credit= »François-Xavier Josset » align= »center » lightbox= »on » caption= »De jour comme de nuit, le Ferrailleur accueille ses clients à bras ouverts » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Pour plus d’infos :
Site web du Ferrailleur: http://www.leferrailleur.fr

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017