16 novembre 2023

FESTIVAL CULTURE BAR-BARS 2023 : 110 bars et clubs nantais en fête !

Créé à Nantes en 1999, Culture Bar-bars y proposera cette année 300 événements culturels et festifs du 23 au 25 novembre. Le festival est également présent dans toute la France comptant 120 000 festivalier·es l'an dernier. Il est aussi devenu une fédération, forte de 500 membres bars et clubs engagés. Leur objectif : être reconnus comme des lieux culturels à part entière. Entretien avec Denis Talledec, le directeur du collectif.

FESTIVAL CULTURE BAR-BARS 2023 : 110 bars et clubs nantais en fête !

16 Nov 2023

Créé à Nantes en 1999, Culture Bar-bars y proposera cette année 300 événements culturels et festifs du 23 au 25 novembre. Le festival est également présent dans toute la France comptant 120 000 festivalier·es l'an dernier. Il est aussi devenu une fédération, forte de 500 membres bars et clubs engagés. Leur objectif : être reconnus comme des lieux culturels à part entière. Entretien avec Denis Talledec, le directeur du collectif.

 

Après plus de 20 ans d’existence, comment fait-on pour se renouveler et éviter le risque d’être coupé du terrain ?

C’est impossible chez nous ! Pour une raison essentielle : nous n’avons pas un programmateur dans sa tour d’ivoire, mais autant de programmateurs que de lieux investis [220 bars et clubs cette année en France, dont 110 sur Nantes, NDLR]. D’ailleurs, on le voit dans notre évolution, nous sommes un festival en prise directe avec les tendances émergentes. Depuis quelques années déjà, avec beaucoup de hip-hop et d’électro, mais aussi plus récemment avec les drag shows par exemple.

Mais comment définir une ligne artistique claire pour votre public, à l’image de Scopitone, Hip Opsession ou des Rendez-vous de l’Erdre ?

Justement ce n’est pas ça Culure Bar-bars ! Nous revendiquons de ne pas avoir une direction artistique unifiée, nous sommes plutôt une grande auberge espagnole qui réunit le foisonnement culturel, la diversité, l’ouverture. Et, point important pour nous, plus de 90% de nos événements sont gratuits et ouverts à tous.

 

Extrait d’une soirée du festival Culture Bar-bars 2022 au Zygo Bar à Nantes ©Collectif Culture Bars-Bars

Bar-bars, c’est aussi une fédération qui rassemble et défend 500 cafés et clubs. Où en êtes-vous de votre principale revendication, la reconnaissance de ces lieux dans leurs fonctions sociales et culturelles ?

On a beaucoup avancé depuis notre création. Aujourd’hui Bar-bars reçoit des financements du Ministère de la Culture ou encore du Centre National de la Musique. Notre stratégie repose sur la constitution d’un grand collectif, de sa visibilité et reconnaissance par ses pairs du monde culturel, mais aussi par les institutions. Et souvent celles-ci fonctionnent comme les voisins d’une même rue. Si un repeint ses volets, tout le monde s’y met en cascade. Par exemple, notre collectif a poussé l’installation d’un conseil de la nuit à Nantes, aujourd’hui il y en a à Paris, Strasbourg, Bordeaux et Lille…

Existe-t-il un profil type d’un lieu « Bar-bars » ?

Non, parce que c’est surtout la singularité qui nous intéresse. On sait en revanche quels adhérents on ne veut pas : les groupes en situation hégémoniques ou les lieux complètement aseptisés. On refuse pas mal de monde.

Comment se portent vos bars et clubs adhérents à Nantes ?

On va dire que je ne suis pas objectif mais, à Nantes, ils se portent beaucoup mieux qu’ailleurs ! Notamment parce qu’on a ici tout un dispositif qui permet dialogues, médiations et coconstructions. Dans les phénomènes de gentrification que nous connaissons, la cohabitation difficile entre lieux et riverains est beaucoup moins prégnante sur Nantes que dans d’autres villes. Cela dit, aujourd’hui la difficulté, c’est que les publics ont changé leur comportement. On a des quadras qui ont repris l’habitude de rester à la maison pour leurs soirées festives et qu’on ne retrouve plus dans nos lieux. Et on a des vingtenaires qui ont tendance au « one-shot », obligeant les professionnels à réinventer leur offre en permanence.

Quelques uns des 300 événements proposés sur Nantes lors du festival ©Collectif Culture Bar-Bars

Question piège, avez-vous un bar ou un club préféré à Nantes ?

Facile… c’est tous les bars ! [rires] Plus sérieusement, j’essaie de passer voir un peu tout le monde et de profiter de la diversité de l’offre nantaise qui est formidable, du café associatif La Perle à un club comme le Warehouse.

 

Propos recueillis le 9 novembre 2023, par Edouard Gassin.

Retrouvez toute la programmation nantaise du festival Culture Bar-bars ici :

https://festival.bar-bars.com/programmation/festival-bar-bars-2023/?search=nantes

Passionné par les médias, l'actualité nantaise culturelle et sociétale, j'aime aussi beaucoup la vie nocturne 🪩 et les ratons-laveurs 🦝 .

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017