Après plus de 20 ans d’existence, comment fait-on pour se renouveler et éviter le risque d’être coupé du terrain ?
C’est impossible chez nous ! Pour une raison essentielle : nous n’avons pas un programmateur dans sa tour d’ivoire, mais autant de programmateurs que de lieux investis [220 bars et clubs cette année en France, dont 110 sur Nantes, NDLR]. D’ailleurs, on le voit dans notre évolution, nous sommes un festival en prise directe avec les tendances émergentes. Depuis quelques années déjà, avec beaucoup de hip-hop et d’électro, mais aussi plus récemment avec les drag shows par exemple.
Mais comment définir une ligne artistique claire pour votre public, à l’image de Scopitone, Hip Opsession ou des Rendez-vous de l’Erdre ?
Justement ce n’est pas ça Culure Bar-bars ! Nous revendiquons de ne pas avoir une direction artistique unifiée, nous sommes plutôt une grande auberge espagnole qui réunit le foisonnement culturel, la diversité, l’ouverture. Et, point important pour nous, plus de 90% de nos événements sont gratuits et ouverts à tous.
Extrait d’une soirée du festival Culture Bar-bars 2022 au Zygo Bar à Nantes ©Collectif Culture Bars-Bars
Bar-bars, c’est aussi une fédération qui rassemble et défend 500 cafés et clubs. Où en êtes-vous de votre principale revendication, la reconnaissance de ces lieux dans leurs fonctions sociales et culturelles ?
On a beaucoup avancé depuis notre création. Aujourd’hui Bar-bars reçoit des financements du Ministère de la Culture ou encore du Centre National de la Musique. Notre stratégie repose sur la constitution d’un grand collectif, de sa visibilité et reconnaissance par ses pairs du monde culturel, mais aussi par les institutions. Et souvent celles-ci fonctionnent comme les voisins d’une même rue. Si un repeint ses volets, tout le monde s’y met en cascade. Par exemple, notre collectif a poussé l’installation d’un conseil de la nuit à Nantes, aujourd’hui il y en a à Paris, Strasbourg, Bordeaux et Lille…
Existe-t-il un profil type d’un lieu « Bar-bars » ?
Non, parce que c’est surtout la singularité qui nous intéresse. On sait en revanche quels adhérents on ne veut pas : les groupes en situation hégémoniques ou les lieux complètement aseptisés. On refuse pas mal de monde.
Comment se portent vos bars et clubs adhérents à Nantes ?
On va dire que je ne suis pas objectif mais, à Nantes, ils se portent beaucoup mieux qu’ailleurs ! Notamment parce qu’on a ici tout un dispositif qui permet dialogues, médiations et coconstructions. Dans les phénomènes de gentrification que nous connaissons, la cohabitation difficile entre lieux et riverains est beaucoup moins prégnante sur Nantes que dans d’autres villes. Cela dit, aujourd’hui la difficulté, c’est que les publics ont changé leur comportement. On a des quadras qui ont repris l’habitude de rester à la maison pour leurs soirées festives et qu’on ne retrouve plus dans nos lieux. Et on a des vingtenaires qui ont tendance au « one-shot », obligeant les professionnels à réinventer leur offre en permanence.
Quelques uns des 300 événements proposés sur Nantes lors du festival ©Collectif Culture Bar-Bars
Question piège, avez-vous un bar ou un club préféré à Nantes ?
Facile… c’est tous les bars ! [rires] Plus sérieusement, j’essaie de passer voir un peu tout le monde et de profiter de la diversité de l’offre nantaise qui est formidable, du café associatif La Perle à un club comme le Warehouse.
Propos recueillis le 9 novembre 2023, par Edouard Gassin.
Retrouvez toute la programmation nantaise du festival Culture Bar-bars ici :
https://festival.bar-bars.com/programmation/festival-bar-bars-2023/?search=nantes