14 juin 2024

Festival SPOT : où sont les jeunes rappeuses nantaises ?

Ce week-end, le festival SPOT qui valorise les jeunes talents nantais, propose lors de la soirée d'ouverture une programmation de performances scéniques quasi exclusivement masculine, malgré la volonté de la mairie de représenter la jeunesse nantaise dans toute sa diversité.

Festival SPOT : où sont les jeunes rappeuses nantaises ?

14 Juin 2024

Ce week-end, le festival SPOT qui valorise les jeunes talents nantais, propose lors de la soirée d'ouverture une programmation de performances scéniques quasi exclusivement masculine, malgré la volonté de la mairie de représenter la jeunesse nantaise dans toute sa diversité.

Cette année, le festival SPOT s’ouvrira le vendredi 14 juin avec le SPOT en scène #1 qui sera composé de huit performances scéniques et se tiendra sur l’espace concerts du cours Saint-Pierre. Lors de cette soirée, la représentation de genre est très inégale : seule la performance de danse hip-hop proposée par FMR présente des danseur·euse·s de genres mixtes.

Les femmes quasiment absentes en ouverture du festival

Le reste de la soirée, dédiée majoritairement à la scène rap, est uniquement masculine.  Pourtant, “la question des représentations de genre et de mixité est vraiment importante” lors de ce festival, comme l’explique Pauline Langlois, adjointe à la jeunesse et à l’adolescence de la mairie de Nantes. Celle-ci est d’ailleurs surprise de ce manque de représentation et le déplore. Plus tard, elle nous indiquera que l’équilibre de la représentation des genres est tout de même respecté à travers l’ensemble du festival, tout projet confondu.

L’engagement et la citoyenneté mis en avant

La totalité des projets présentés durant les deux jours du festival (vendredi 14 au soir et samedi 15 toute la journée) est sélectionnée en amont par la mairie de Nantes à travers un appel à participation. Pour cette année, sur cent candidatures proposées, une quarantaine a été retenue par le jury.

En effet, durant l’automne 2023, les jeunes nantais·e·s de 16 à 25 ans pouvaient soumettre à la ville de Nantes leur candidature en proposant un projet, qu’il soit artistique, sportif ou citoyen. Ce dernier sujet sera d’ailleurs porté par une nouvelle programmation dédiée nommée La parole sous les SPOTs. L’idée est de “mettre en avant l’engagement des jeunes”, comme l’explique Pauline Langlois. Plusieurs partenaires de la mairie sont aussi conviés aux animations citoyennes qui se tiendront samedi à partir de 13h30.

Parmi ces partenaires, l’Observatoire des Inégalités organise notamment une remise de prix “Jeunesse pour l’égalité” qui permet de montrer à travers le format vidéo le point de vue de jeunes nantais·e·s sur les inégalités et la place de la compétition dans notre société.

Le manque de visibilité du rap féminin

La mairie souhaite donc valoriser l’expression de la jeunesse nantaise en s’assurant d’une diversité dans les profils présentés. Alors pourquoi les projets de musique rap sélectionnés sont exclusivement masculins ?

C’est probablement le reflet d’une problématique plus globale, comme l’explique le collectif de cinq rappeuses nantaises XXFLY dans un article de Ouest France datant de 2023. Le collectif explique la difficulté des femmes à se faire une place dans le monde du rap qui est largement dominé par les hommes. L’article souligne aussi que, bien qu’elles soient sous-représentées, les jeunes rappeuses nantaises existent et souhaitent gagner en visibilité.

Une initiative avait d’ailleurs été proposée par Trempo dès 2021 à travers un stage “Summer camp” pour former 12 rappeuses amatrices.

Concernant le festival SPOT, après chaque édition, le comité du festival se réunit pour établir un bilan et évaluer les éventuels points d’amélioration pour les sélections futures. Cela sera peut-être l’occasion d’aborder cette problématique.

Infos :

Festival SPOT, 14 et 15 juin 2024, Cours Saint-Pierre à Nantes

La programmation complète du festival disponible ici

 

Arrivée à Nantes en janvier 2023 pour un nouveau poste, Estelle, 31 ans, possède un master 2 MIMO (Métier de l’informatique et Maîtrise d’ouvrage). Estelle est aujourd’hui à la recherche d’une nouvelle opportunité professionnelle et de nouveaux challenges. Elle prend donc le temps d’étudier toutes les possibilités qui s’offrent à elle et s’investit dans différents projets.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017