17 mars 2025

Grabuge, un média culturel nantais en quête de stabilité

Depuis sa création en 2016, Grabuge s'est imposé comme un acteur incontournable de la culture à Nantes et en Pays de la Loire. Distribué à 25 000 exemplaires mensuels, ce magazine papier gratuit est complété par un site internet, couvrant concerts, théâtre, cinéma et autres formes d'expression culturelle. Mais après toutes ces années d'existence, Grabuge essaye d'évoluer dans un contexte souvent incertain.

Grabuge, un média culturel nantais en quête de stabilité

17 Mar 2025

Depuis sa création en 2016, Grabuge s'est imposé comme un acteur incontournable de la culture à Nantes et en Pays de la Loire. Distribué à 25 000 exemplaires mensuels, ce magazine papier gratuit est complété par un site internet, couvrant concerts, théâtre, cinéma et autres formes d'expression culturelle. Mais après toutes ces années d'existence, Grabuge essaye d'évoluer dans un contexte souvent incertain.

Avec une gestion quotidienne partagée entre rédaction, administration et diffusion du magazine dans les bars et lieux culturels, Grabuge repose sur l’engagement constant de ses deux fondateurs, Pierre-François Caillaud et Julien Galen. Son modèle associatif fonctionne grâce à une équipe de vingt bénévoles, deux salariés et quelques stagiaires. « Pour l’instant, on fait ce qu’on fait depuis le début, c’est-à-dire tenir. On a malheureusement l’habitude d’évoluer dans une certaine précarité, mais ça fait huit ans que ça dure et on veut que l’aventure se poursuive », confie le rédacteur en chef du magazine.

Mais l’équilibre financier de Grabuge reste fragile. « Nous ne sommes pas subventionnés, à l’exception d’une aide minime de la mairie pour notre loyer. Nos revenus proviennent exclusivement de la publicité », ajoute-t-il.

Un avenir fragilisé face à la baisse des investissements publicitaires

Déjà confronté à une économie précaire, Grabuge doit aujourd’hui faire face à un contexte financier encore plus incertain. « Cela fait huit ans que Grabuge existe. Nos principales difficultés ne relèvent pas tant d’une situation de crise financière immédiate, mais plutôt d’une incapacité à nous développer davantage », explique Julien Galen.

©Pauline Guillet / Pierre-François Caillaud et Julien Galen à la rédaction de Grabuge

Cette situation se traduit par une baisse des demandes de publicité de leurs partenaires. « Pour nos parutions de mars, nous avons deux fois moins de réservations que d’habitude. Concernant le numéro que nous avons sortir en ce début d’années, la baisse a été de 20 à 30 % par rapport à l’année précédente ». Cette diminution s’explique principalement par la baisse des subventions régionales, qui a réduit le budget des institutions culturelles achetant habituellement des encarts publicitaires dans Grabuge.

Une difficulté persistante à se développer

Malgré ces incertitudes, l’équipe de Grabuge reste déterminée à poursuivre son activité. « On aimerait développer de nouveaux projets, mais c’est encore un peu tôt pour en parler. On est sous l’eau en termes de charge de travail », avoue Pierre-François. Un exemple frappant est la refonte du site internet, attendue depuis plusieurs années mais sans budget suffisant pour être réalisée.
Le magazine tient donc grâce à un système D bien rodé et une grande capacité d’adaptation. « Nous sommes habitués à cette précarité, mais nous avons toujours trouvé des solutions. Grabuge existe depuis huit ans et a toujours fonctionné avec un système D », conclut Julien.
En ce début d’année 2025, Grabuge poursuit sa mission avec passion tout en restant vigilant face aux évolutions économiques susceptibles d’influencer son avenir. Son fondateur l’affirme : « Notre objectif commun est de continuer à faire ce qu’on fait, on s’amuse beaucoup à le faire avec toute l’équipe et nos bénévoles ».

Du haut de ses 19 ans, Anouck Fily est passé par Paris, les Emirats Arabes Unis et Nantes. Elle adore la cuisine, le tennis et la BD mais surtout le journalisme. Anouck effectue actuellement une licence information-communication dans l'objectif d'être plus tard journaliste.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017