17 avril 2025

Guide 2025 des commerces nantais « engagés » du centre-ville

Le nouveau Guide des commerces du centre ville a été publié à 40 000 exemplaires. Il présente une sélection de commerces « originaux, engagés et exclusifs. » Qu'y a-t-il derrière ces termes facilement utilisés?

Guide 2025 des commerces nantais « engagés » du centre-ville

17 Avr 2025

Le nouveau Guide des commerces du centre ville a été publié à 40 000 exemplaires. Il présente une sélection de commerces « originaux, engagés et exclusifs. » Qu'y a-t-il derrière ces termes facilement utilisés?

Pour se cultiver, se faire plaisir, prendre soin de soi, se régaler et s’amuser à Nantes, il suffit de se procurer le nouveau guide des commerçants du centre-ville, qui met en lumière des boutiques nantaises « originales, engagées et/ou exclusives ». Avec la multitude de guides disponibles dans notre ville, Fragil s’est demandé ce qui distingue ce guide par son critère d’engagement.

Une démarche concertée

Pour travailler sur ce guide, Nantes Métropole a réuni Plein Centre, une association des commerçants du centre ville (avec qui ils travaillent régulièrement ensemble), l’Union Nantaise des Commerces de Détails (UNACOD), qui s’étend à l’échelle de l’agglomération, mais aussi la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA).

Pas de méthode particulière pour cette concertation testée en 2024 et renouvelée en 2025, mais un souhait clairement exprimé avec fierté de la part de Gildas Salaün, élu délégué aux commerces du centre ville, de « faire vivre notre centre ville ». Lors d’une rencontre avec la ville, il explique que l’initiative de ce guide venait d’ « une demande des commerçants eux même ». Il s’agissait « d’induire par ce guide un parcours qui amène les gens à sortir de leurs habitudes de déplacements, à découvrir et donc soutenir des commerces indépendants » et de « valoriser et privilégier des marques ou groupes locaux, des produits artisanaux, faits main et durables ».

image du guide des commerçants devant la rue

Image du guide des commerçants, disponible en ligne.

Des adresses « engagées » ?

Si en effet, il y a bien au total 94 adresses « originales », « exclusives » (commerces indépendants et franchises en exclusivité régionale) et « engagées », chaque commerce ne doit répondre qu’à l’un de ses trois critères pour figurer dans le guide. Au contraire, Les Autres Possibles proposent un guide plus exhaustif avec 600 commerces nantais, dans lequel iels demande deux critères au moins sur les cinq définis et sont transparents sur les critères de sélection édités depuis des années. Toutefois, ces derniers n’ont pas été invités à la concertation.

Sur le guide il est précisé que les adresses « engagées » sont celles qui « privilégient des produits responsables, locaux et artisanaux ». Par engagé, on peut entendre sur les questions écologiques mais aussi sociales (accessibilité, égalité, inclusion), méthodologiques (coopération, participation locale) et écologiques. Concernant ce dernier point, plus valorisé par le guide, qui dit nous présenter « des adresses qui privilégient des produits responsables, locaux et artisanaux, pour une consommation plus durable et responsable » Fragil est allé voir sur place. Si, en effet, chez Fleurance nature ou Alaïa Café les produits proposés sont bien bio et durables, et qu’effectivement le guide intègre un bon nombre de boutiques éco friendly qui proposent des objets de seconde main, de la récup’, des alternatives durables etc., la dimension d’économie d’énergie peut aussi être interrogée chez Aquatonic ou encore l’artisanat et l’éco-responsabilité à Tout pour la fête. Ces derniers l’assument revendiquant plus l’aspect « marque locale, connue de tou·te·s les nantais et nantaises, référence pour la fête et le déguisement » répondant donc aux critères « original » et « exclusif ».

Enfin, certains commerces qu’on aurait pu s’attendre à trouver (Choc’Hola, Les Vagues ou Tribü par exemple) « ont été présentés l’année dernière et d’autres le seront en 2026 » précise Estelle Tissot. Chargée de mission, elle ajoute qu’ « aucun commerçant·e n’a payé pour figurer dans le guide ».

Une démarche d’engagement écoresponsable mise en place avec l’ADEME

La Ville précise également qu’elle a travaillé en 2023 avec L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et Plein Centre sur une convention et un label éco engagé que l’on retrouve en effet sous forme de sticker sur certaines vitrines. Olivier Benoît, Chargé de mission économie circulaire – entreprises confirme que « les commerçants et la Ville de Nantes ont souhaité participer à cette démarche expérimentale basée sur le volontariat, pour s’engager dans une approche environnementale optimisée ».

Label éco-engagé Plein Centre et le logo du guide 2025 de la métropole sur une des boutique du centre-ville.

Léo Leclerc, chargé de mission ADEME, a travaillé avec eux à plusieurs actions pour engager une transition écologique active : collecte mutualisée de déchets, végétalisation de la rue et événements type green friday ont été mis en place collectivement. Par ailleurs, dans une charte d’engagement, chacun pouvait choisir de se mobiliser sur un certain nombre d’actions (pratiquer du tri sélectif, utiliser du matériel renouvelable, se former aux enjeux écoenvironnementaux par exemple) sur toutes celles proposées par le chargé de mission. Nantes métropole et l’ADEME se sont partagés les frais de cette démarche.

La mission de l’ADEME est terminée mais la dynamique se poursuit et ils ont trouvé d’autres partenaires financiers pour la poursuivre en autonomie et communiquer dessus à leurs client·e·s.

Cet article à été co-écrit avec Loïs Hervouet.

Originaire d’ici et de là, faisant de chaque endroit où elle passe un nouveau foyer, cela fait 3 ans que Célia s’est trouvé à Nantes un nouveau chez-soi. Après un master en science de l’art et arts plastiques, ainsi que quelques années travaillées dans la médiation culturelle, elle reprend ses pinceaux en Loire-Atlantique pour vivre de sa passion.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017