• Meis en concert à La Roche-sur-Yon lors du festival Hip OPsession 2016.
10 juin 2016

Hip Hop got talent

Détecter et diffuser les nouveau talents du hip-hop : c’est l’objectif du dispositif national Buzz Booster, porté par les acteurs associatifs régionaux de la culture hip-hop. Et pour l’édition 2016, c’est le rappeur nantais Meis que Pick Up Production a soutenu.

Hip Hop got talent

10 Juin 2016

Détecter et diffuser les nouveau talents du hip-hop : c’est l’objectif du dispositif national Buzz Booster, porté par les acteurs associatifs régionaux de la culture hip-hop. Et pour l’édition 2016, c’est le rappeur nantais Meis que Pick Up Production a soutenu.

« Au départ, le Buzz Booster, c’était une façon de répondre à la problématique de la diffusion du rap en France. Aujourd’hui, le rap se porte un peu mieux qu’il y a quelques années, même si on retrouve souvent les mêmes artistes programmés en salles de musiques actuelles ». Les mots sont de Pierrick Vially, chargé d’action culturelle pour l’association Pick Up Production, qui participe au dispositif Buzz Booster.

« De fil en aiguille, l’idée est venue de faire des sélections par région, avec une finale nationale qui regroupe tous les vainqueurs régionaux. À la clef, il y a une tournée chez tous les organisateurs de ce dispositif, sur leur festival ou leur programmation annuelle. Cela permet de créer un circuit de diffusion indépendant. » De voir les nouvelles têtes du hip-hop français sur scène aussi. La preuve ? Némir (Perpignan), Kenyon (Rennes), Gaïden et Yoshi (Paris) ont tous remporté le Buzz Booster, et continuent de naviguer en indé, se faisant un nom sur internet et sur scène. Et cela fait 7 éditions nationales que cela dure. La Belgique francophone est même intégrée au dispositif qui ne comptait que les régions Nord-Pas-de-Calais, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire à l’origine, en 2007.

Le Buzz Booster, kézako ?

« C’est un tremplin régional qui permet de voir les groupes locaux sur scène, et une occasion de collaborer avec d’autres organisateurs d’événements hip-hop, de la région ou non », développe le chargé d’action culturelle. Pour cela, Pick Up s’entoure des acteurs locaux comme le festival J2K à Laval ou BBC Prods à Angers, mais aussi les salles de concert : le Fuzz’Yon (La Roche-sur-Yon), le Chabada (Angers) ou l’Alambik à la MJC Ronceray (Le Mans), sans oublier bien sûr Stereolux à Nantes. Entre autres. Car le processus Buzz Booster se fait sur une année entière : candidature, jury d’écoute, concert de sélection, finale régionale puis nationale, sans oublier le suivi et la tournée. Cette année, Trempolino ouvre son catalogue de formations au lauréat, et propose notamment des sessions d’enregistrement et des répétitions.

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« On a eu un regard extérieur sur notre travail scénique, pour créer un show cohérent, sur les aspects techniques, pour que les morceaux sonnent aussi bien en live que sur CD, et une formation de média-training. C’est vraiment professionnalisant », se souvient le rappeur Nantais Meis, vainqueur du Buzz Booster Pays de la Loire. Le tout pour préparer le live du festival Hip OPsession et celui de la finale nationale à Marseille. « Le but, c’est que le groupe soit le plus autonome possible lorsque l’accompagnement s’achève, pour pouvoir continuer à grandir par lui-même. », conclut Pierrick Vially. Pour Pick Up, c’était une année de retour dans le dispositif Buzz Booster. « On avait fait une pause lors de la 6ème édition, pour restructurer notre dispositif local. Au niveau national aussi cela a évolué, avec la création d’une association reconnue. Toutes les conditions étaient favorables pour un retour, sauf peut-être le calendrier, un peu juste ! Ça a été une année un peu hybride. Avec néanmoins une grande satisfaction du travail accompli avec Meis, c’est quelqu’un de curieux et d’actif, toujours en demande pour progresser et se professionnaliser. », ajoute Pierrick Vially.

Le rappeur nantais Meis.

Le rappeur nantais Meis.

Si on a pu le voir sur scène pendant le festival Hip OPsession 2015, ce n’était donc pas un hasard. Pour le rappeur nantais Meis, les scènes du Fuzz’Yon et de Stereolux étaient sa chance de devenir le lauréat 2016 Buzz Booster pour les Pays de la Loire. Ce qu’il a réussi, avant de se rendre en finale nationale le 7 mai dernier à Marseille pour se mesurer aux autres tenants du titre régionaux. Et même si ce sont les franciliens Cheeko et Blanka qui se sont imposés, le Nantais est sorti grandi de l’expérience. « C’était une opportunité, et je n’ai pas hésité ! J’avais un projet à défendre : l’album Iceberg, sorti en décembre. C’était la deuxième fois que je participais au Buzz Booster, je l’avais déjà fait avec le collectif La Formule. J’ai abordé cela de façon plus réfléchie que la fois précédente. Pour les sélections régionales, on a travaillé sur un set de 30 minutes. Cela a bien plu, et on est partis à Marseille, avec DJ Dready et mon backeur Didoo. On était 8 régions représentées à l’Affranchi pour la finale nationale, avec un gros niveau. » Le moment le plus fort de la finale ? « Juste avant de monter sur scène, c’était un moment plein d’adrénaline. C’est toujours un moment particulier, mais là, cela faisait longtemps qu’on attendait cela. J’avoue que la veille, je n’ai pas bien dormi, il y avait la fatigue et l’attente…C’était fort comme sensation ! » Avant les 15 minutes de passage pour convaincre le jury de 13 professionnels. Et s’il n’a pas gagné la compétition, il n’en est pas moins heureux d’avoir tenté sa chance : « En France, c’est le seul tremplin musical entièrement consacré au hip-hop. Cela a vraiment une résonance nationale importante. », affirme le rappeur nantais.

Le Buzz Booster 2016.

En effet, tourneurs, médias, organisateurs d’événements hip-hop régionaux, tous étaient de la partie pour la finale. Les prétendants au titre ont pu rencontrer et échanger avec des professionnels : une façon de mettre un pied dans le paysage du rap français, en plus de faire ses preuves sur scène, devant un jury qui n’était pas là que pour choisir le meilleur. Tous ont eu un temps de discussion et des conseils donnés par le jury au sortir de leurs performances. Le Nantais est serein : « Même si le résultat n’est pas là, le cheminement était intéressant. Être les uns contre les autres en compétition, ce n’est pas une posture dans laquelle je suis à l’aise. Pour moi, il y a autant de façon d’écouter la musique qu’il y a d’auditeurs. Mais c’était enrichissant de sortir hors des frontières de notre ville et d’aller voir ailleurs comment cela se passe. Toute cette expérience est énorme. Et on n’a pas fini d’en bénéficier. »

Et après ?

En effet, pour Meis, l’aventure Buzz Booster ne s’arrête pas là, comme le souligne Pierrick Vially : « La nouveauté de cette édition, c’est le suivi à l’année mené par Trempolino, avec l’envie de préparer notre lauréat régional pour d’autres dispositifs comme les Inouïs du Printemps de Bourges. » Dans un objectif de développement artistique et professionnel que le emcee nantais prend à cœur. Pour en juger, il faudra guetter sur les réseaux sociaux pour de nouveaux clips, et surtout aller le voir sur scène le 25 juin au Ferrailleur. Comme le dit Meis : « On va défendre notre projet ! »


A lire aussi dans le dossier Hip OPsession 2016 : « Vous n’êtes pas prêts : la nouvelle vague du rap arrive ! » avec Meis.

Photos : Hugo Mourocq/ Paco – Clack

Vidéo : L’Affranchi

Future journaliste, Marie is in the hood. Culture hip-hop, culture numérique et culture au sens large sont parmi les nombreux intérêts de cette curieuse invétérée.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017