Samedi 14 septembre, plus de 200 personnes se sont rassemblées à 11h devant les portes du CHU à Hôtel-Dieu, pour dénoncer les conditions de travail et d’accueil de l’hôpital public. Au même moment, la sous-préfète et un·e représentant·e de l’Agence Régionale de Santé (ARS) recevaient les représentant·es des différentes organisations syndicales.
Fermetures de lits : une crise qui s’aggrave
« Nous dénonçons principalement la fermeture des lits, c’est là le problème majeur », explique Élodie, déléguée syndicale à la CGT. Elle connaît bien l’hôpital, où elle travaille depuis 24 ans, d’abord comme soignante puis comme gestionnaire administrative. Son constat est partagé avec l’ensemble de ses collègues : « On peut être pris en charge aux urgences, mais il n’y a ensuite plus de lits pour être transféré dans les autres services. Soit on est renvoyé chez nous, soit redirigé vers d’autres établissements qui ont les mêmes problèmes. »
C’est aussi une situation que subit Jean, infirmier dans le service de psychiatrie. « Nous n’avons que 14 lits de pédopsychiatrie dans le département. Ils sont tellement en sous-effectifs qu’il n’y a plus de prise en charge pour les enfants suicidaires, même après une tentative de suicide. » Dans ce service, la pénurie oblige parfois des adolescent·es à être mélangé·es à des adultes pour accéder à des soins. « Le manque de soignants cause des accidents. On a déjà constaté des viols », déplore la déléguée syndicale.
Des coupes budgétaires qui aggravent la situation
Le 7 juillet, le ministre démissionnaire des Finances Bruno Le Maire, annonçait une nouvelle coupe budgétaire de 5 milliards d’euros. « Il veut faire des économies de plusieurs milliards, mais il va taper où ? Il n’y a plus rien à prendre. », pique Élodie. Il appartiendra au futur·e ministre de décider de continuer à geler, ou non, ces coupes. Cette annonce intervenait quelques jours après le scandale du nouveau logo du CHU de Nantes, qui a coûté 185 000 euros, soit l’équivalent du salaire annuel d’une dizaine d’aides-soignant·es. Une dépense qui ne passe toujours pas pour la CGT qui réclame « le départ du directeur général« , Philippe El Saïr, qualifiant de « bling-bling » sa gestion : « C’est inacceptable. Nous avons alerté la commission des comptes et le ministère de la Santé. Nous savons qu’une enquête administrative est en cours. ».
Un appel à la mobilisation générale pour défendre les services publics
Pour Christian, militant de Révolution Permanente et soutien du personnel hospitalier, « la solution pour se faire entendre » passerait par une grève générale de la fonction publique : « Il faut une mobilisation de l’ensemble des services publics pour exiger des moyens, surtout avec l’approche du vote du budget. Nous devons clairement dire que nous n’acceptons plus les politiques en place. »
Tout au long du parcours vers la Préfecture, les différentes prises de parole des syndicats ont unanimement dénoncé « la politique de rentabilité à outrance menée depuis des années« , qui a conduit à des « conditions de travail inhumaines et des salaires trop bas« , provoquant « de nombreux départs par dégoût ou pire, par désespoir. »
La fermeture continue de lits, le manque de soignant·es, et les incertitudes sur les futurs moyens de l’hôpital public sont au cœur des préoccupations. Les professionnel·les de santé appellent à une prise de conscience collective et à une mobilisation des usager·ères, qui sont et seront durablement impacté·es par cette situation.