Ielles sont quatre artistes de la scène nantaise, Juliette Morisse, Victor Tetaz-Josse, Alexane Leprieult et Gaël Forcet-Moreau, et sont sorti·es de l’École des Beaux-arts de Nantes en 2022 avec l’envie de créer leur collectif et partager leurs connaissances autour de l’objet livre. Pour sa deuxième édition, leur festival Impressions Mutantes tisse sa toile au sein des ateliers de la Ville en Bois, du 2 au 12 novembre. Plus de 200 objets imprimés sont à découvrir dans cette exposition, venus de toute la France : livres façonnés à la main, cousus, piqués, agrafés, objets bizarres, à manipuler. Des œuvres hors normes, qui font la part belle aux techniques d’impression artisanales et originales.
L’expérience proposée est celle d’une déambulation au milieu d’une scénographie créée à huit mains, avec des matériaux de récupération. Dans l’espace découpé, des bâches qui abritent des livres, suspendus entre le plafond et le sol. Et dans tous les coins, des tabourets en bois, des morcellements de mousses, des gros poufs qui ressemblent à des étoiles de mer ballonnés : on peut s’y installer, sans être sûrs de se relever un jour. « Une sorte d’exposition, mais aussi de bibliothèque » explique Gaël, « un salon de l’édition qui casse l’idée parfois intimidante de la table et de son exposant derrière ».
Prendre le temps de la curiosité
Ici, pas de barrière, donc : vous êtes invité·e à vous promener, observer, feuilleter quelques pages. Un temps suspendu, qui s’éloigne des rapports presque exclusivement commerciaux qu’on peut trouver dans les marchés de livres habituels. D’ailleurs, « Tous les livres et objets ne sont pas à vendre », fait remarquer Gaël.
« On voulait créer quelque chose qui permette de découvrir les travaux des gens, qui est plus un espace d’exposition du livre, considéré vraiment comme une œuvre, et donner le temps aux gens de le découvrir, de partager les travaux, voir ce qu’il est possible de faire sans le rapport mercantile. » raconte Alexane.
Gaël ajoute : « Les œuvres qui ne sont pas à vendre, on ne va pas les retrouver sur un salon d’édition. Pas mal de pièces sont même uniques et on leur offre un espace qui leur permet d’avoir une vie, d’être consultées. » Glanage en règle, au milieu de ces objets rares et précieux, j’ai trouvé : un coffre aux trésors, un vrai, avec des feuilles pliées à l’intérieur, un petit lit dont on peut feuilleter les draps (J’ai changé les draps, la sadness est restée, Ali), une étude sur un film de Mariah Carey (Analyse sur la traduction et le doublage dans le film Glitter, Nicolas Frachisse), une histoire risographiée où les gens ont des maisons-chaussures (Scules, Diversion), un livre de toutous (Toutous 2023, Elise Legal), un classeur de photos d’objets trouvés dans la rue (Collection de vie, Luna Lambert).
La sélection d’œuvres exposées, vous l’aurez compris, repose sur une infinité de supports et de matériaux. Mais les Impressions mutantes, c’est aussi le porte-voix d’une micro-édition foncièrement politique. Alexane, qui comme ses camarades fait un travail entièrement bénévole pour le festival, précise leur choix éditorial :
« Ça nous tenait à cœur de donner une place au discours Queer, au discours de celleux qui sont dans la précarité, au discours des jeunes artistes. »
Impressions mutantes, une exposition-bibliothèque hors genres et hors normes, qui se découvre encore jusqu’au dimanche 12 novembre, aux ateliers de la Ville en Bois.
ATELIERS DE LA VILLE EN BOIS
21 rue de la ville en bois, 44100 NANTES
ENTREE PRIX LIBRE