4 décembre 2024

Innover le cinéma à échelle européenne avec le festival Prisme

Du 4 au 13 décembre se tiendra le festival de cinéma expérimental argentique Prisme, organisé par l’association Mire, qui renouvelle cet événement pour une 7ᵉ édition. Chloé Beulin, administratrice, coordinatrice et programmatrice au sein de l’association, nous en parle plus en détail.

Innover le cinéma à échelle européenne avec le festival Prisme

04 Déc 2024

Du 4 au 13 décembre se tiendra le festival de cinéma expérimental argentique Prisme, organisé par l’association Mire, qui renouvelle cet événement pour une 7ᵉ édition. Chloé Beulin, administratrice, coordinatrice et programmatrice au sein de l’association, nous en parle plus en détail.

« Lumineux, magnétique, électrique, chromatique, Prisme #7 sera spectral ! », tease le programme de cette 7ᵉ édition du festival Prisme, avec une sélection éclectique de contenus autour de la production argentique, du 4 au 13 décembre.

Une nouvelle forme d’art : l’Expanded cinematic art

Du cinéma, mais pas que. Cette édition de Prisme, organisé par Mire, une association nantaise dédiée au cinéma expérimental, s’inscrit dans ce qu’iels appellent l’Expanded Cinematic Art : un terme désignant un ensemble de pratiques du cinéma expérimental argentique. Ce festival résulte également de quatre années de collaboration avec 5 laboratoires cinématographiques européens (Porto, Rotterdam, Barcelone, Berlin et Riga), dont l’objectif est de partager les résultats des résidences artistiques de ces différents laboratoires, et de proposer une restitution de certaines productions lors des festivals. Pouvoir travailler avec d’autres artistes européens c’est aussi « l’occasion de faire un croisement culturel et de parler de cette espèce d’identité multiple avec plein de croisements artistiques », explique Chloé Beulin, une des organisatrice du projet. « Le but est de créer de nombreuses résidences d’artistes, de développer des outils de projection et de diffusion pour la captation argentique », ajoute t-elle. 

Les œuvres présentées ne se limitent pas au cinéma traditionnel, elles incluent du spectacle vivant et des performances. Ainsi, pour Chloé Beullin, le public pourra assister à des projections de films « joués en direct par les cinéastes qui modifient les outils de projection pour créer des œuvres immersives ». Avec de telles performances, la salariée de l’association Mire, espère que ces pratiques, encore assez méconnues, pourront être mises en lumière lors de cette nouvelle édition du festival. De plus cette édition appelle à la diversité avec une sélection de films/performances venues du monde entier allant de classiques du cinéma expérimental aux œuvres plus rarement exposées.

Affiche de la 7e édition du festival Prisme par Mire.

Des lieux inédits

Pour cette édition, le festival a investi de nouveaux espaces. « L’idée du festival, c’est toujours d’être dans des lieux différents pour créer des expériences variées et enrichir la réception des spectateurs, car on souhaite toucher des publics différents », nous dit Chloé.

Par exemple, l’ouverture se tiendra au Salon Mauduit, près des Chantiers Navals. Ce lieu, historiquement connu comme salle de réception de la bourgeoisie nantaise, accueillera pour la première fois, ce soir à 19h, des projections et performances expérimentales. D’autres lieux plus traditionnels hébergeront les différentes projections, comme le Concorde, le Cinéma Jacques Tati, Pol-n, le Cinématographe mais aussi le LU avec qui iels n’avaient jamais collaboré auparavant.

Recommandations coups de cœur

La programmation éclectique du festival peut paraître impressionnante lorsqu’on ne s’y connaît pas. Toutefois, pour vous guider, voici une sélection d’incontournables partagée par Chloé :

Après une longue hésitation, elle nous conseille un documentaire expérimental : Lumière, Clarté, Fulgurance – Augures pour un encadrement non hiérarchique et florissant, qui parle de communautés anarchistes portugaises : « le sujet est passionnant, mais la forme promet aussi d’être incroyable », annonce la programmatrice. À cela, elle ajoute Light Music de Lis Rhodes, « un classique du cinéma expérimental » qui invite le public à traverser le film par les sens et qui sera projeté lors de la soirée d’ouverture (gratuite) ce 4 décembre.

L’avenir de Prisme

La vie culturelle nantaise est bousculée depuis l’annonce de Christelle Morançais, présidente des Pays de la Loire, à propos de réduction budgétaire des subventions dédiées à la culture, au sport, à l’égalité femme-homme et à la vie associative. Cette décision a chamboulé de nombreuses associations et leurs projets dont Mire qui devrait perdre la totalité de ses subventions, suit à un appel de la région, chose qui rendrait cette association démunie concernant l’avenir du festival. « C’est sûr que Prisme, sous la forme qu’il prend cette année, ne pourra pas continuer ainsi », confie Chloé Beullin. De ce fait, celle-ci, espère bien profiter de la 7e édition de ce festival : « On a bien l’intention de se servir de la tribune qu’on a pendant le festival pour parler de ça, mobiliser les gens, les inviter à participer aux manifestations, à en discuter autour d’eux, et à continuer la lutte de manière globale. »

En attendant le vote du budget prévu pour fin 2024, Mire, comme de nombreuses autres structures, appelle à la mobilisation. Prochain RDV, jeudi 5 décembre, 10h30 à la préfecture.

Infos utiles :

Programme du festival Prisme#7

Si à 23 ans Loïs a déjà traversé l'Atlantique, visité trois pays avec son sac sur le dos et sa curiosité en bandoulière, c'est au bord de l'Erdre, à Nantes qu'elle préfère se retrouver plus que partout ailleurs, à l'écoute du clapotis de l'eau, son élément préféré.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017