Réparti sur quatre villes (Paris, Tourcoing, Bordeaux et Nantes) pour cet opus 2016, le festival inRocKs a su, au fil de ses 29 éditions, acquérir une notoriété grâce à la découverte de nouveaux talents, mais également grâce à la programmation de groupes plus confirmés. Au menu de cette soirée nantaise du 19 novembre, quatre groupes estampillés 100% français : Juliette Armanet, Her, Paradis et Lescop.
Juliette Armanet
Galanterie oblige, la nuit a commencé avec la seule représentante féminine de cette programmation nantaise. Assise derrière son clavier sur le devant de la scène, le visage pâle, les cheveux longs et noirs, Juliette Armanet dégage une douceur singulière. Le timbre est pur, les textes sont ciselés, parfois subtilement décalés, le mix piano-électro fonctionne à merveille. Accompagnée par un batteur, un guitariste et un second clavier, celle qui a eu la chance de faire les premières parties de Julien Doré, Brigitte et Juliette Gréco, chante joyeusement la solitude, les chagrins d’amour, la mélancolie de la vie. Considérée par les puristes comme la relève de la « variété chic », Juliette Armanet développe une pop dansante aussi douce que sombre, un brin de provocation judicieusement utilisé et une énergie terriblement envoûtante. Surprenant, frais et entraînant, le tout est violemment empreint de vintage kitsch. Après un EP en 2015, un album est programmé pour 2017. Nul doute qu’on entendra parler de Juliette dans un futur plus que proche.
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Her
La soirée enchaîne avec les Rennais du groupe Her, formé par l’ancien duo des Popopopops. Installés sur scène, les cinq musiciens nous projettent immédiatement dans l’imagerie soul des années 60. Fans de Kendrick Lamar, les deux leaders du groupe, Victor Solf et Simon Carpentier, déploient un son pop, sensuel et épuré. Ils puisent leurs influences dans leur passé : l’un est né en Allemagne, l’autre s’est exilé durant ses années de lycée aux États-Unis et a ramené dans ses valises les racines de la black music. Leurs morceaux hypnotiques naissent également de l’amour inconditionnel qu’ils portent tous deux à la gent féminine. Après les Transmusicales, la clôture du festival I’m from Rennes et le festival Inrocks, la carrière du groupe rennais devrait être riche et prolifique. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
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Paradis
Troisième concert de cette soirée nantaise : Paradis. Première surprise : les textes sont en français, une rareté dans l’electro hexagonal. Les rythmes et les beats sont cadencés, mélodieux, tandis que les paroles et les rimes sont parfois un peu faciles, malgré un romantisme charmant. Après une formation classique et un détour adolescent par le punk et le hip-hop, les deux leaders du groupe, Simon Meny et Pierre Rousseau, ont choisi de revenir à des sons house en français à l’heure de l’electro majoritairement anglo-saxonne. C’est courageux et, vu le plébiscite médiatique et populaire, c’est également prometteur.
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Lescop
Pour clôturer cette nuit 100% made in France, celui qui décrit sa musique comme du « R’n’B sous Xanax », du « punk fantomatique » ou de la « chanson lo-fi », le castelroussin Lescop (un nom d’origine bretonne) monte sur scène. Fils de militaire et ancien chanteur du groupe Asyl, Mathieu Peudupin mène un groupe de quatre musiciens et déploie une pop cold wave, des beats synthétiques et lancinants, ornementés de paroles en français. Depuis la sortie de son titre-phare La forêt en 2011, Lescop a su s’imposer comme une figure incontournable de la pop hypnotique et sombre. Inspiré, le jeune homme a parfaitement mis un terme à cette soirée de découvertes et de confirmations.
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Éclectique et d’une mixité générationnelle rare, le public nantais a, une fois de plus, fait confiance à la programmation des Inrockuptibles (et de Stereolux) pour quatre heures de plaisir musical.