Pour beaucoup d’entre nous, lorsque nous cherchons une information sur un quelconque sujet, notre premier réflexe est de questionner l’ami Google. Ce moteur de recherche qui sait pratiquement tout sur tout avec ses millions de résultats de recherche. Mais lorsque nous nous intéressons plus précisément à quelqu’un, nous fouillons surtout les réseaux sociaux pour obtenir la moindre trace numérique de la personne en question. Personne ne l’avoue, mais tout le monde le fait. On appelle cela stalker, « traquer » si vous préférez, d’ailleurs Léopold en parle vraiment bien sur Vice. Cette technique est de plus en plus utilisée par les médias pour s’informer sur des individus pour alimenter un sujet d’actualité. Récemment, le jeune Sébastien Troadec, membre de la famille assassinée à Orvault, en a été la victime. Longtemps désigné comme étant le suspect n°1 de cette affaire, à cause de ses anciens messages postés sur le web et de sa voiture disparue, il est devenu la cible d’une véritable traque numérique, voire judiciaire, laissant de nombreuses hypothèses surgir et alimenter le feuilleton judiciaire. Des individus ont même déclaré l’avoir aperçu. On apprendra finalement que Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal Troadec, le père de famille, aurait orchestré le 16 février 2017, peut-être avec la complicité de son ex-femme, l’horrible massacre, pour une histoire d’héritage. Avant même le tribunal judiciaire, le tribunal populaire s’était prononcé et nous amène à nous poser une question : « Que faire de nos innombrables messages disséminés sur la Toile ? ». Ces messages qui, des semaines, mois et années après leurs publications tendraient à forger notre identité actuelle. Ces messages qui, publiés dans un contexte respectif propre à chacun et à son histoire, semblent dépasser toute temporalité comme s’ils avaient été prononcés lors de leur consultation. Beaucoup moins dramatique mais plus cocasse, François Fillon est un homme politique qui est en droit de se poser cette question. Les traces numériques qu’il laisse sont des prises de position qui se retournent aujourd’hui contre lui dans l’affaire qui le tourmente.
Deux exemples, deux situations pour montrer que chaque internaute laisse des traces, des bribes de soi, par-ci, par-là. Il s’agit maintenant pour nous de nous questionner sur ce que nous souhaitons dire à la Terre entière ou ce que nous voulons garder intimement… pour éviter tout jugement pouvant nous porter atteinte demain, dans 5 ou 10 ans. N’oublions jamais qu’Internet n’oublie jamais.
Valentin Gaborieau – Mars 2017