Jazz à la Folle Journée de Nantes, de Schubert à Ellington il n’y a qu’un pas. 4 artistes l’ont franchi.

Schubert–Ellington, c’est tout un programme qui a donné lieu à une tournée, de l’abbaye de Noirlac aux Bouffes du Nord en passant par le Trident à Cherbourg. La Folle Journée leur offre une nouvelle scène, l’occasion de donner à Nantes un aperçu de « La belle saison ».

26 Jan 2022

Qu’y a-t-il de commun entre Franz Schubert et Duke Ellington, deux compositeurs d’époque différente ? Entre «La truite» et «A train» ? Entre Vienne et Harlem ? Entre le romantisme inspiré de Goethe et le Cotton Club ? Réponse : des mélodies populaires et une aventure humaine entre 4 artistes : la chanteuse d’opéra Karen Vourc’h, le pianiste Guillaume de Chassy, passionné de Schubert, le clarinettiste Thomas Savy et le violoncelliste Louis Rodde.

Ellington et Schubert, 2 génies de la mélodie

Tout a commencé en 2016 par une rencontre au Salon idéal d’Arièle Butaux, à un concert organisé au Bal Blomet. La journaliste de France Musique s’est inspirée des salons de Pauline Viardot au 19ème siècle pour offrir aux artistes la possibilité de sortir de leurs frontières et d’expérimenter des collaborations inédites. Objectif de ce Salon : mélanger des musiques de tous horizons, dans une ambiance conviviale et avec des échanges entre le public présent et les musiciens.

« On est parti du chant pour tenter de rapprocher les deux univers du classique et du jazz » nous fait observer Karen Vourc’h. « On a commencé par distordre les mélodies en partant de Schubert pour aller ver le jazz ou en partant d’Ellington pour aller vers le classique. Et on a cherché des arrangements qui donnent une couleur ».

Une aventure humaine et artistique

Décloisonner, mélanger, improviser. C’est tout l’enjeu de ce travail créatif qui a donné naissance à « La Belle Saison », un programme éclectique qui se joue sans pause, avec comme pilier Schubert et Ellington, mais en y incorporant du contemporain : Nina Simone, Pascal Dusapin et Chostakovitch. Un mélange réussi entre ces artistes au parcours différents : d’un côté, Karen Vourc’h et Louis Rodde aux profils plutôt classiques ; de l’autre, Thomas Savy et Guillaume de Chassy aux profils plutôt jazz.

« Notre concert, c’est comme un voyage » reconnaît Karen Vourc’h. « En tout cas, c’est l’impression que ça donne aux spectateurs. C’est ce qu’ils nous disent. Lorsqu’ils nous écoutent, ils ne font plus la différence entre le classique et le jazz. »

Lors d’une tournée en Auvergne, la joie de se retrouver pour « La belle saison »

Avec ces 4 artistes, on entre dans une autre dimension, avec des aller et retour entre l’improvisation et la partition écrite, des rythmes inattendus, des thèmes modifiés.

Vous pouvez les retrouver à la Cité des Congrès le jeudi 27 janvier à 20h.  Consultez le programme en ligne de la Folle Journée 2022.

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017