9 décembre 2016

JP Supermanova

Un an après avoir rempli le Ferrailleur à Nantes, JP Manova est revenu en terres ligériennes pour conclure une tournée démarrée en février 2015. Ça se passait à la Barakason de Rezé jeudi 1er décembre avec Kohndo en première partie. Fragil y était. Retour en images et en 10 phrases-clés.

JP Supermanova

09 Déc 2016

Un an après avoir rempli le Ferrailleur à Nantes, JP Manova est revenu en terres ligériennes pour conclure une tournée démarrée en février 2015. Ça se passait à la Barakason de Rezé jeudi 1er décembre avec Kohndo en première partie. Fragil y était. Retour en images et en 10 phrases-clés.

JP Manova : « Vous avez qu’à leur dire qu’il y a Nekfeu et il vont tous rappliquer ! »

Un peu las, l’auteur de 19h07 aurait lâché cette phrase sur le coup de 18h. Il vient d’apprendre qu’une radio locale nantaise lui fait faux bond pour une interview. Il faut dire que la Barakason est loin d’être pleine pour le retour de JP Manova (150 personnes max). Peut-être aussi un clin d’œil à Kohndo qui s’est offert les services de Nekfeu sur son dernier album Intra-Muros. Nekfeu qui, ce soir-là, a déclenché le buzz en annonçant en plein concert la sortie surprise d’un nouvel album, Cyborg. Autre lieu, autre histoire.

 

 

Kohndo : « Ça fait plaisir de voir des poètes ce soir. Big up Nico ! Et Pumpkin, elle est là ? »

Plus qu’une première partie, Kohndo a assuré un véritable concert. Et ce n’est pas une salle complètement vide en début de soirée qui impressionne cet ancien de la Cliqua aux cinq albums solo. D’autant que dans la salle, il y a les copains. Nico, c’est Nico Reverdito, activiste hip-hop de l’association Pick up production, à l’origine du festival HIP OPsession à Nantes. Quant à Pumpkin, oui, elle est bien là… On en reparlera.

Kohndo : «  Alex, c’est bien la ferveur, mais il n’y a pas que nous deux ici »

C’est l’histoire d’un mec… Alex, donc, visiblement pas au top de sa forme ce soir-là, qui décide de troller tout le concert de Kohndo à grand renfort de « OUAIS VAS-Y T’ES UN BONHOMME KOHNDO ! ». Une fois, c’est drôle. Deux fois, ça passe. 30 fois, c’est relou. Surtout avec un public peu nombreux. Mais bon, Kohndo, aussi doué avec les mots qu’avec l’humour, a eu quelques sorties savoureuses histoire de transformer le troll en gimmick. Habile. Drôle.

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Kohndo : «  La vie, c’est passer de boîte en boîte »

Boîte de nuit. Boîte du taf. Boîte du cercueil. La force de Kohndo, au-delà de son phrasé souple et précis, c’est l’habilité du propos. Il y a du vécu, du réalisme et une forme de recul sur la vie qui s’opère en toute simplicité. Ni franchement désabusées ni franchement alarmistes, les paroles sont denses sans être oppressantes. Du coup elles touchent et percutent en même temps. Un mélange brillamment condensé dans Intra-Muros. Chapeau !

Kohndo : « Vous vous rendez compte que vous écoutez le premier slow du rap français ? »

Grâce à DJ Nels et Fred Melo au sax, Kohndo déploie une gamme de sonorités assez large. S’il finit effectivement son set par une sorte de slow hip-hop, c’est après avoir écumé rythmiques hip-hop, emprunts jazz, créant par cette musicalité une atmosphère, un univers allant du feutré au tranchant sans aucune difficulté.

[aesop_image imgwidth= »1024px » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2016/12/Kohndo-Manova-009.jpg » credit= »Pierre-Adrien Roux » alt= »JP Manova @BKS Rezé » align= »center » lightbox= »on » caption= »JP Manova @BKS Rezé » captionposition= »left » revealfx= »off »]


>>>> A lire :  « JP à la manoeuvre », live report du concert de JP Manova en 2015 à Nantes <<<<


JP Manova : « Il y a un an, on était au Ferrailleur et c’était chaud bouillant ! »

Quand JP débarque sur la scène de la Barakason, ce n’est pas le même qu’en octobre 2015. S’il rodait encore son set avec DJ EMII au Ferrailleur, le pote de Rocé et MC Solaar a ouvert les vannes pour l’ultime date de sa tournée à Rezé. Sauvage sur les premiers titres, JP Manova maintiendra la pression tout au long de son concert. A Rezé, Manova tourne une page, clôt un premier chapitre et montre qu’il est prêt à attaquer le deuxième round avec une rage de lion.

JP Manova : « Vous déconnez, vous savez que vous êtes en train de produire mon deuxième album, là ? »

On le pressent pour le printemps 2017. Il y a peu, JP Manova a sorti une version augmentée de son 19h07 avec pas moins de cinq bonus parmi lesquels Le stress, prouvant une fois de plus son talent de storyteller et sa capacité à rapper sur des rythmiques pas franchement orthodoxes. Alors oui, on attend la suite avec grande impatience ! Et peut-être que les journalistes arrêteront de parler de lui comme du « secret le mieux gardé du rap français » ou de « l’homme invisible du rap français ». Ça, ça va deux minutes.

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JP Manova : « Alex, t’aime la musique ? Mais es-tu sûr que la musique t’aime ? »

Troll bis. Gimmick bis. Répondre à l’absurde par l’absurde, check.

JP Manova : «  Ça chante en brésilien et c’est du rap français indé ! »

Bon, si on fait abstraction que le brésilien n’est pas franchement une langue, c’est justement ce qu’on aime chez le bonhomme. Cette capacité à aller voir ailleurs, en matière de sonorités bien sûr, mais aussi en matière de thématiques. Avec JP, on est très très loin des thèmes mainstream du moment. JP cause de taf, de clodos philosophes, de Sankara ou encore de skinhead aux cheveux longs. Aux côtés de noms comme Rocé, Pumpkin, Gaël Faye (et plein d’autres encore), JP Manova mène la résistance. Le rap, c’est d’abord l’amour d’une langue.

JP Manova : «  Je vous le dis une dernière fois avec un pincement au cœur : il est 19h07 »

Moment d’émotion en fin de concert… On parle là de l’ultime date de la première tournée d’un mec de 37 piges qui a décidé de sortir de l’ombre après 20 ans d’activisme musical aussi discret que pertinent. Forcément, ça marque. Et les copains débarquent sur scène pour partager ce moment. Kohndo et Pumpkin au micro. DJ EMII envoie un beat de Lauryn Hill et l’équipe freestyle allègrement dessus. Alors, on se rassure… Le rap français a encore de très beaux atouts à faire valoir et surtout plein d’histoires à raconter.

Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017