16 octobre 2024

Juliette reportrice en devenir

Juliette nous livre de son œil aiguisé et averti son point vue sur Nantes : comment sa soif de liberté, sa culture politique et ses idées, qu’elle souhaite exprimer à la face du monde, l’ont conduite à Nantes et à mener une vie pleine d’engagement.  

Juliette reportrice en devenir

16 Oct 2024

Juliette nous livre de son œil aiguisé et averti son point vue sur Nantes : comment sa soif de liberté, sa culture politique et ses idées, qu’elle souhaite exprimer à la face du monde, l’ont conduite à Nantes et à mener une vie pleine d’engagement.  

D’origine angevine et arrivée à Nantes depuis 6 ans en 2018,  Juliette parcours la ville de long en large et en travers à la découverte toujours de nouveaux lieux à occuper, de nouvelles personnes avec qui échanger et de nouveaux restaurants et bars à fréquenter.  « Naoned » pour certains représente un phare culturel pour la jeunesse et bastion de gauche de tout le Grand Ouest ainsi  qu’une cité aux nombreux avantages pratiques pour profiter de la vie quotidienne.

Une militante prête à acérer ses griffes et dévoiler sa plume

Issue d’une famille sensiblement de gauche, Juliette admet au travers d’un froncement de sourcil qu’elle a eu une éducation catholique mais ne s’en agace pas. Lorsqu’elle arrive à Nantes du haut de ses 20 ans,  elle découvre avec passion et incrédulité la métropole de Nantes.

Au gré de ses rencontres et de ses amitiés, elle se forge un esprit politique qui la mène vers un journalisme engagé. En arrivant à Nantes, elle suit pendant deux ans une formation au Théâtre de la Rue Belleville et co-crée le collectif Tachycardie. Par la suite elle devient régisseuse en lumière dans la création.

Attirée par la culture politique elle s’oriente très vite vers le journalisme : « la géopolitique me passionne », « je lis beaucoup, et je m’informe beaucoup ».  Mais c’est sur le terrain que Juliette veut exercer ses talents en parfaite autodidacte.

Elle couvre comme photojournaliste les événements politiques, culturels et sociaux qui rythment la vie nantaise. Elle publie ses découvertes dans son propre média en créant sa page Instagram @desordreglobal. Un format idéal pour se former sur le terrain.  Dans  son contenu, Juliette évoque avec gravité, la gestion désastreuse des mégas bassines à Ste Soline (Dans les Deux-Sèvres). Elle fut choquée par ce qu’elle y vit et entendit : « besoin d’écrire et de prendre des photos, la situation était tellement dingue. »

Ses perspectives

Juliette est désormais en quête d’un rêve, enfin plus que cela, c’est plutôt une promesse, celle d’embrasser la vie d’une reportrice de guerre.  Au travers de son regard curieux et son esprit enjôleur , on y distingue déjà les traits d’une jeune femme sûre d’elle-même. Désormais sa voie semble toute tracée.  Et déjà l’ombre de Nantes, se décline loin derrière, l’aube d’un nouvel horizon se dessine déjà peut-être… Qui sait ? Peut-être vers des terres plus rayonnantes qui n’attendent plus qu’une journaliste arme son appareil et dégaine sa plume.

 

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017