Mizue Kobayashi, directrice artistique de l’institution sociale Aiseikai et Patrick Gyger, directeur du lieu Unique, ont rapporté de leurs pérégrinations japonaises plus de 900 œuvres ébouriffantes d’artistes d’art brut nippon.
Scotch, papier toilette et liens pour sacs de congélations sont quelques-uns des matériaux qui composent les œuvres exposées et participent à leur dimension éphémère. « Il y a des choses qu’on ne peut voir qu’ici et maintenant, dans le temps où l’on vit, nous révèle Mizue Kobayashi, certaines œuvres offertes ici n’existeront peut-être plus dans 10 ans ». Cette rencontre hors normes est organisée au Lieu Unique en 4 grands pôles juxtaposés : villes fantômes, structures et classifications, paysages intérieurs et intimités, pop culture.
[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/11/07.jpg » credit= »Sylvain Fabre » align= »center » lightbox= »on » caption= »Yuki Suzumura » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]
Des artistes complices, des cœurs bousculés
Chaque dessin, chaque peinture ou sculpture provoque l’effet d’une discussion individuelle inattendue, introduite par des cartels complices qui nous présentent les histoires singulières de la vie des artistes, les lieux dans lesquels ils évoluent et les modalités originales de leurs pratiques artistiques. Parmi eux on découvre Takayuki Isono, 20 ans qui compile une succession de poteaux électriques allongés sur les 2880 pages de 36 cahiers, un travail qu’il mène sans relâche pendant 3 mois avant de cesser complètement toute production artistique… Tomoyuki Igarashi, lui, vit à Tokyo. Il dessine et métamorphose des danseurs en insectes alors que Kenichi Yamazaki de son côté, mêle des motifs mécaniques industrieux à de discrètes pousses de riz sur un support millimétré curieusement poinçonné.
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Tous ces créateurs sont artistes par vocation, démesurément libres et pourtant liés par un rapport obsessionnel à la création. L’utilisation de matériaux nobles est secondaire, la volonté essentielle des artistes se trouve dans la création même de l’œuvre.
Au fil des pas, une proximité se crée entre artistes et spectateurs : « Je suis bluffée par l’extrême précision du dessin, le niveau de répétition des motifs et l’élan de vie qui s’en dégage » nous confie Patricia, jeune retraitée au visage éclairé qui scrute de près un dessin de Hironobu Matsumoto. Ce dernier transforme de mémoire des poissons, des dinosaures, des paysages et des batailles historiques en des formes plastiques vraiment uniques, bluffantes. Même réaction admirative d’un jeune couple trentenaire qui arpente avec complicité les 19 mètres de dessins sur rouleau de Makoto Toya, amusés de l’univers foutraque teinté d’un érotisme sage de l’artiste de 73 ans.
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Un dialogue entre art et psychiatrie
Une grande partie des œuvres exposées provient d’institutions japonaises où l’art occupe une place prépondérante dans les pratiques de soin et de psychiatrie. En effet dès les lendemains confus de la seconde guerre mondiale, sur l’île Honshu de l’archipel Japonais, un certain Kazuo Itoga fondait la fameuse école Omi à l’origine des activités plastiques destinées aux enfants handicapés mentaux et aux orphelins de guerre des services sociaux. Dans la lignée de cette école, un dense réseau d’établissements sociaux accompagne aujourd’hui dans sa méthode l’expression intime et personnelle des patients en situation de handicap. Autant de structures que Mizue Kobayashi s’applique à explorer depuis 10 ans, autant de rencontres que provoque Patrick Gyger depuis 2007 aux détours de voyages au Japon en compagnie du photographe Mario Del Curto. Et pour un résultat net : Komorebi.
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Les enjeux de l’exposition Komorebi
Komorebi, c’est donc bien l’expression alternative japonaise d’un patrimoine culturel et artistique original et innovant. Le témoignage enthousiaste de politiques inclusives volontaires à l’échelle d’un pays.
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C’est aussi certainement un des forts traits d’union qui lie encore Patrick Gyger à la Suisse (qui héberge la Maison d’Ailleurs, musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires qu’il dirigea de 1999 à 2011) et à la Collection de l’Art Brut de Lausanne initiée par Jean Dubuffet en 1945. Dans ce contexte, l’exposition Komorebi reste fidèle à l’idée de ce dernier et nous confronte avec délice « à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe. »
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INFOS PRATIQUES :
Exposition du 22 octobre 2017 au 14 janvier 2018
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Dimanche de 15h à 19h
Entrée libre
Visites commentées :
1h30, 2-4€ (gratuit – de 12 ans)
– les 9 décembre (traduite en LSF) et 6 janvier à 15h30
– visites « en famille » les 27 décembre et 3 janvier à 16h30
Visites Flash :
20 minutes, gratuit
-26 et 28 décembre, 2 et 4 janvier à 14h et 15h
POUR ALLER PLUS LOIN :
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