16 janvier 2019

La classe de première SAPAT du Lycée Edgard Pisani à la découverte du journalisme et des médias

En ce début janvier, Fragil s'est rendu dans le Lycée Agricole Edgard Pisani dans la commune de Montreuil-Bellay pour animer plusieurs ateliers autour des médias et du numérique. Plusieurs ateliers ont donc été dispensés dans une formation ludique à destination de la classe de première Sapat de l'établissement.

La classe de première SAPAT du Lycée Edgard Pisani à la découverte du journalisme et des médias

16 Jan 2019

En ce début janvier, Fragil s'est rendu dans le Lycée Agricole Edgard Pisani dans la commune de Montreuil-Bellay pour animer plusieurs ateliers autour des médias et du numérique. Plusieurs ateliers ont donc été dispensés dans une formation ludique à destination de la classe de première Sapat de l'établissement.

Après un long trajet en direction de Montreuil-Bellay , l’équipe de Fragil s’est tout d’abord présenté devant la classe de première Sapat, bac pro services aux personnes et aux territoires du Lycée Edgard Pisani afin d’expliquer l’objectif de la semaine. Fragil a ensuite sondé l’ambiance et les attentes de la trentaine de participantes et participants grâce au jeu de société Dixit.

Réseaux sociaux et données personnelles

Le premier exercice de la formation concernait les métadonnées laissées derrière soi lors de la publication d’une photo sur un réseau social comme Instagram par exemple.
Les participantes et participants se sont mis dans la peau d’enquêteurs afin de retrouver les auteurs de photos mal cadrées grâce aux métadonnées laissées dans les propriétés des téléphones et les photos postées sur Intsagram. Retraçant le parcours des malfaiteurs après avoir récolté toutes les données nécessaires, nos apprentis sont parvenus à identifier les deux fauteurs de troubles. Une activité volontairement frustrante au départ aboutissant ensuite à un cheminement et à une réflexion intéressante sur la présence de données personnelles sur de nombreuses plateformes. Bien que l’activité était un peu « longue » et parfois « compliquée » selon les stagiaires, elle a permis de mettre un premier pas dans notre thématique de la semaine.

L’après-midi du Mardi 08 janvier était consacrée à la thématique d’identité numérique et au sujet des données personnelles. Après une édifiante confrontation à l’empreinte numérique et aux nombreuses informations personnelles abandonnées sur Internet, la conversation a dévié sur les réseaux sociaux au gré du dialogue initié par la classe de première SAPAT, et en particulier YouTube. Un échange qui a été salué dans les avis sur cette fin de journée tout comme la bonne ambiance permettant de mettre à l’aise l’ensemble du groupe.

Les stagiaires écoutent les consignes avant de partir à l’assaut du premier exercice sur les métadonnées.

Nous avons repris la route, Jeudi et Vendredi en direction du Lycée Agricole Edgard Pisani afin d’initier les stagiaires au journalisme. La seconde matinée de formation portait sur la discrimination dans les médias. Plusieurs thèmes étaient proposés comme le racisme, l’homophobie, le sexisme, le mépris de classe et la discrimination liée au handicap. Par groupes, les élèves de première SAPAT ont étudié ces différents documents autour des médias (publicités, interventions télévisées et radiophoniques, tweets), afin de dégager plusieurs questionnements et analyses sur les dérives liées à la discrimination sur différents supports médiatiques.

 Outils pour le premier jour :

Initiation au journalisme et réalisation de reportages

« C’était cool d’être en autonomie et de pratiquer de journalisme ! » inscrit un ou une stagiaire sur sa feuille de bilan. « J’ai appris des choses intéressantes aujourd’hui » précise un/une autre . La formation de l’après-midi fut donc très appréciée par nos apprentis journalistes. Ils se sont en effet initiés pendant quelques heures à la prise de son, à la photographie et à l’écriture journalistique grâce aux différents ateliers proposés par Fragil. Des outils qu’ils/elles ont dû réutiliser le lendemain pour réaliser leur reportage sous la forme d’une cartographie numérique en autonomie sur storymap. Malgré quelques barrières, notamment une légère appréhension cristallisée par la crainte d’entendre sa voix sur une interview ou la peur d’interrompre des gens dans leurs activités pour poser quelques questions, les documents produits furent de bonne qualité.

Un groupe prépare une interview.

Le vendredi, la classe de première SAPAT a accueilli des élèves de troisième de l’établissement pour consolider leur projet d’encadrement et d’accompagnement des personnes. Après avoir assimilé l’utilité de la cartographie numérique, et l’utilisation du site storymap, les stagiaires se sont regroupés pour réaliser leur reportage. La « liberté de création » est mise en avant par le groupe comme gros point positif du reportage. La création de l’article autour du Lycée Agricole était la seule restriction du reportage. Laissés dans une grande autonomie, chaque groupe a mis en pratique les techniques journalistiques apprises la veille, comme la prise de son, la vidéo, et l’écriture journalistique pour réaliser leur cartographie de la meilleure des manières. La dernière phase de la journée consistait à mettre en ligne les différentes informations, puis de les intégrer à la cartographie. Quelques groupes se sont alors proposés pour présenter leur cartographie devant l’ensemble de la classe.

interview audio réalisée par un groupe de la classe de première SAPAT.

Retour sur cette expérience journalistique

Avant de laisser partir nos stagiaires en week-end, nous leur avons demandé leur avis sur leur expérience de formation et leur ressenti face à cette semaine passée en compagnie de Fragil. Il en ressort de nombreux commentaires positifs, accueillant positivement l’humour et la décontraction mise dans tous les ateliers, permettant de travailler sereinement et dans une ambiance agréable. Le partage avec la classe de troisième mais aussi avec les autres groupes fut aussi plébiscité par l’ensemble des participantes et participants. « J’ai aimé le travail des autres, c’était juste génial ! » partage une participante dans les retours. Malgré quelques frustrations exprimées sur le manque de temps donné pour terminer son travail journalistique, et la présence d’un peu de stress pour boucler son reportage à temps, la détermination d’une classe soudée a permis de produire un travail journalistique de qualité.

Restitution du reportage sur le site Storymap.

Lucie, une participante, précise qu’elle « connaissait les réseaux sociaux et leurs dangers » mais qu’elle « repart avec de nouvelles connaissances sur les médias ». Finalement ce que l’on garde en tête chez nos apprentis journalistes c’est « que tout le monde peut être journaliste » ou que « les données des réseaux sociaux sont sauvegardées dans des serveurs ». Une multitude de connaissances qu’ils peuvent approfondir et partager par la suite.

Fragil adresse un grand remerciement au Lycée Agricole Edgard Pisani, ainsi qu’à son personnel enseignant, et remercie les sympathiques stagiaires de la classe de première SAPAT.

Outils du deuxième jour :

Outils du troisième jour. 

 

 

 

 

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017