4 mai 2020

La culture nantaise migre sur la toile : Théâtres Nantais, scènes de vie

A l’heure ou l’art vivant ne peut se transmettre que par les ondes, le numérique ou le téléphone, les initiatives créatives permettant de garder le lien fleurissent à Nantes.

La culture nantaise migre sur la toile : Théâtres Nantais, scènes de vie

04 Mai 2020

A l’heure ou l’art vivant ne peut se transmettre que par les ondes, le numérique ou le téléphone, les initiatives créatives permettant de garder le lien fleurissent à Nantes.

Pour ne ne rien rater sur la culture virtuelle pendant le confinement, retrouvez nos trois premiers articles de cette série ici :

Votre libraire Nantais en ligne

Le Lieu Unique, « La vie at Home »

Radiokanaan, Radio éphémère pour confinement passager

 


Nantes est pourvu de nombreux théâtres, et chacun d’entre eux utilise les moyens de communications à sa disposition. Les réseaux sociaux permettent des publications régulières, et atteignent facilement un large public. Ils restent donc le moyen le plus utilisé en cette période de confinement. De nombreux théâtres y partagent leurs coups de cœur, ou des informations relatives aux compagnies qui ont foulé les planches de leur scène, grâce à des publications souvent quotidiennes. 

Parmi eux, le TNT (Terrain Neutre Théâtre), qui met “en valeur les artistes qui nous sont chers sur notre page Facebook” nous explique Jade, chargée de communication. “Nous avons également reçu de nombreux messages de soutien et d’encouragement via la messagerie instantanée.

Affûtez vos neurones et gardez vos pantoufles ! Comme on dit en ce moment, pour s’en sortir sans sortir, Fragil vous propose un petit tour d’horizon non exhaustif des initiatives culturelles qui animent la toile.

Le théâtre de la Ruche, la poésie pour entretenir le lien social

Extrait de la page Facebook de La Ruche

 

Que diriez-vous que l’on vous lise un poème ? Le théâtre de la Ruche communique ses rendez-vous pas comme les autres sur la toile, à l’occasion de la semaine poétique. Pour rompre l’isolement social lié au confinement, six comédiens bénévoles vous appellent sur demande, afin de vous lire un poème au téléphone. Cette initiative solidaire de Gérard Etienne permet un échange personnel sur la poésie. “Il n’est nullement nécessaire d’avoir de connaissance spécifique en poésie. Après les premières minutes d’un échange complètement informel,  les comédiens vont proposer des textes.” indique Anne, “abeille de la Ruche”.

Au vu de l’intérêt suscité par l’initiative, l’expérience prévue initialement pendant une semaine a été prolongée d’un mois. En effet, le bouche à oreilles et la diffusion d’un article sur le Ouest France et sur Radio Fidélité a permis d’élargir la demande à un public n’ayant pas forcément accès aux réseaux sociaux.

Pour en profiter, il suffit de laisser un message (02 51 80 89 13) sur le répondeur pour qu’une abeille de la Ruche vous recontacte rapidement.

Le Théâtre Universitaire, un magazine en ligne pour se cultiver

Capture d’écran du site internet du TU

 

Disponible en ligne depuis 3 ans, ce magazine continue de proposer des entretiens ou portraits d’artistes, des captations de spectacles, des articles sur les thématiques fortes de la saison, pour augmenter l’expérience de spectateur, pour faire entendre les voix d’artistes peu connus et non médiatisés. Les articles sont relayés sur les réseaux sociaux  (Facebook : @TUNantes.fr / Instagram : tunantes / Twitter : @tunantes). Pendant cette période, l’équipe reste active. Pauline, Assistante de communication et de relations avec les publics nous indique continuer à être proche des artistes et à travailler avec eux pour s’adapter au mieux “aux enjeux de création, de résidence, de diffusion en général. Nous les avons associé à la sélection de contenus, anciens ou récents, sur notre magazine en ligne, des sujets ou spectacles qu’ils avaient envie de partager avec le public. C’est important pour nous de garder le lien, le contact. #KeepinTouch : c’est notre leitmotiv de notre confinement !”

Extrait de la Page Facebook du TU

 

Le Théâtre Universitaire a également créé une chaîne de podcasts, Paroles, paroles, paroles, en complicité avec les artistes qui nous accompagne et en partenariat avec Arte Radio.

Pour ce lancement, nous avons invité le metteur en scène nantais Clément Pascaud à réaliser une première série de trois lectures, qu’il a souhaité consacrer aux femmes puissantes.” précise Pauline. Elle conclut qu’ils ontbien hâte de vous revoir, que les spectacles, le public, les artistes, les rencontres, les découvertes et les apéros au comptoir, nous manquent !!! D’ici là, on peut continuer d’imaginer aujourd’hui et d’avancer avec de belles idées, en se replongeant dans le magazine carto-graphique nantais Les Autres Possibles »

Le théâtre Graslin, “De la scène à la maison”

L’équipe de Nantes Angers Opéra propose quant à elle des interviews des chanteurs confinés, sur leur page Facebook. Ainsi, il est possible de découvrir leur lieu de confinement, leur quotidien, ou leurs projets.

Le théâtre Francine Vasse, Du Thai Shi pour se détendre

Chaque semaine, détendez-vous grâce aux vidéos de Thai Shi du Théâtre Francine Vasse. “Les vidéos « Êtres en éveil » publiées sur notre page Facebook sont des petites capsules inspirées des séances qu’animait Emmanuel Monnereau (enseignant fédéral de Taï Chi Chuan) chaque lundi matin de 7h37 à 8h37 sur le plateau du Théâtre.” nous informe Rémi, employé du théâtre.

Publication d’une vidéo sur la Page Facebook du théâtre Francine Vasse

 

Lectures confinées et expression libre

La Cie du Krapo Roy, plus petit théâtre de Nantes, propose des lectures confinées, comme ce “coup de gueule, j’ai mal à ma culture”.  Un reportage leur est d’ailleurs consacré sur France 3, mettant en avant leurs difficultés économiques et leurs initiatives.

Le théâtre du Cyclope, quant à lui, nous propose de partager depuis chez soi un extrait de livre ou de conte. Il suffit de le lire puis partager la vidéo ou l’enregistrement audio sur Facebook, avec le Hashtag #cestpaslaguerrecestdutheatre. Chaque jour, le théâtre partage également ses coups de cœur sur sa page Facebook.

L’échappée belle du Grand T

Pendant qu’elle prépare activement les saisons prochaines en télétravail, l’équipe du Grand T partage régulièrement des contenus en lien avec la saison tels que des captations vidéos de spectacles les jours où ils auraient dû jouer au Grand T, des tutoriels à faire chez soi pour remplacer les ateliers théâtre, des photos/vidéos qui montrent comment l’équipe du Grand T continue à travailler malgré le confinement. Catherine Blondeau, directrice du Grand T nous indique avoir « mis en place une communication intitulée « l’échappée belle » véhiculée par une newsletter envoyée chaque lundi et qui propose un programme de la semaine. Ces contenus et d’autres encore sont relayés sur nos réseaux sociaux. Nous avons également dédié une page de notre site internet à ces propositions.

Une page du site du Grand T dédiée à « l’échappée belle »

 

Vous pouvez également découvrir sur les réseaux sociaux les vidéos « La minute de Nico ». Technicien confiné, il nous dévoile ses petits secrets de « bricolo ». « Ces vidéos nous permettent de mettre en avant une autre facette du Grand T » et un univers décalé. Ces initiatives obtiennent de bons retours. « Certains spectateurs attachés au théâtre nous remercient des contenus proposés dans les newsletter, et notamment des propositions de captations intégrales. » Vous pourrez également bientôt découvrir des vidéos de l’artiste associé confiné Sébastien Barrier (Fiche spectacle « Gus » ici)

En attendant de pouvoir à nouveau profiter de l’art vivant sur scène, Catherine Blondeau nous propose quelques idées pour se cultiver pendant ce confinement. « Plonger dans tous les livres de leur bibliothèque qu’ils n’ont pas encore lu, suivre les conseils des Échappées Belles du Grand T (réviser ses classiques, regarder des captations), visiter les musées en ligne, écrire de la poésie, faire du théâtre en famille ! Ecouter France-Culture, de la musique, fonder une chorale familiale !« 
Le Grand T sur la Toile :
Un grand merci à tous les intervenants des théâtres Nantais pour leurs réponses.

Baroudeuse à ses heures perdues, ce sont les rencontres qui l’animent. Son truc ? La photo et l’écriture, de formidables moyens d’expression et de créativité. Son baluchon se pose un instant à la rédaction, pour vous faire découvrir la diversité culturelle Nantaise.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017