11 décembre 2024

« La domination masculine n’a pas toujours existé » : Claire Alet sera aux Impertinant·es jeudi soir

Jeudi 12 décembre, l’autrice et journaliste Claire Alet est invitée à une table ronde au café féministe Les Impertinant·es pour parler de son nouvel ouvrage "Matrice : aux origines de la domination masculine". À cette occasion, elle s'interroge sur les fondements du système patriarcal et ses impacts concrets encore présents aujourd’hui, en témoignant de son expérience personnelle.

« La domination masculine n’a pas toujours existé » : Claire Alet sera aux Impertinant·es jeudi soir

11 Déc 2024

Jeudi 12 décembre, l’autrice et journaliste Claire Alet est invitée à une table ronde au café féministe Les Impertinant·es pour parler de son nouvel ouvrage "Matrice : aux origines de la domination masculine". À cette occasion, elle s'interroge sur les fondements du système patriarcal et ses impacts concrets encore présents aujourd’hui, en témoignant de son expérience personnelle.

« D’où vient ce système de domination masculine ? Est-ce qu’il a toujours existé ? Pourquoi est-il toujours aussi prégnant dans nos sociétés contemporaines ? » : Tant de questions auxquelles Claire Alet a tenté de répondre dans son essai Matrice : Aux origines de la domination masculine, paru cet automne. Dans une table ronde ouverte à tous·tes et organisée ce jeudi 12 décembre au café féministe intersectionnel Les Impertinant·es, l’autrice et journaliste détaillera ces thèmes abordés dans son ouvrage.

Revenir aux origines de la domination masculine

Selon l’essayiste, ce sujet est bien documenté depuis déjà quelques années, « mais il manquait une brique à l’édifice pour comprendre le cœur du réacteur de ces violences, de ces inégalités, de ces discriminations ». Pour ce faire, elle revient alors dans son ouvrage jusqu’au néolithique, quand se sont développés l’agriculture et l’élevage : « c’est-à-dire quand la société humaine a basculé dans un esprit de domination ».

En faisant des grands bonds dans le temps, elle retourne ensuite à la période contemporaine, qui parle plus aux lecteur·ices, en se demandant « pourquoi la domination masculine est toujours aussi présente dans nos sociétés où on a pourtant accès à l’avortement ou la contraception » après la vague féministe des années 70 ou le mouvement #MeToo.

« Les journalistes ont une responsabilité à tendre un miroir de la société »

« C’est une question qui m’est venue quand j’ai travaillé comme journaliste sur les inégalités entre hommes et femmes », confie Claire. Ainsi, son essai part d’expériences personnelles pour mieux justifier son approche théorique du sujet. « La forme du récit permet aux lecteurs et lectrices d’être davantage embarqués » dans le propos, confie-t-elle. La journaliste ayant travaillé à Alternatives Economiques témoigne par exemple au début de son livre des inégalités de revenus : « on n’y échappe pas dans le milieu du journalisme ». La co-autrice l’adaptation en bd du best-seller Capital et Idéologie n’hésite d’ailleurs pas à mettre l’accent sur ce penchant économique des inégalités de genre.

« Je me suis personnellement engagée sur ce sujet », précise-t-elle. Co-fondatrice de l’association de femmes journalistes Prenons la Une, elle réfléchit en effet depuis plus de 10 ans à des actions dans le milieu médiatique pour contrer cette domination. « Les journalistes ont une responsabilité à tendre un miroir de la société, mais souvent ce miroir est déformé », déplore-t-elle en prenant l’exemple des personnes interviewées – souvent des hommes, ou encore sur les termes employés dans les articles, comme « crime passionnel » plutôt que « féminicide ».

Les Impertinant·es accueilleront Claire Alet ce jeudi 12 décembre pour parler de domination masculine dans une table ronde – Photo : Jérôme Paconi – Visuel : Les Impertinant·es

Un propos qui résonne tout particulièrement pour Les Impertinant·es

« Le sujet de son livre, c’est justement ce qui a fait l’objet de la création du café », souligne Mathilde Doiezie, co-fondatrice du café féministe Les Impertinant·es et également membre de l’association Prenons la Une. Et c’est pourquoi cette table ronde faisait sens dans ce lieu engagé tout particulièrement. « Dans un espace associatif comme celui-ci, le public est plus mobilisé et se sent concerné par les questions de militantisme », acquiesce d’ailleurs Claire.

Pour ce café qui a ouvert récemment, c’est la 2ème fois qu’une table ronde de la sorte est organisée. Et jeudi soir à partir de 19h30, Mathilde explique que discussions essayeront alors « de comprendre si cette domination est inéluctable ou si on peut lutter efficacement contre ». En tant qu’animatrice de l’échange, elle se dit rassurée du propos tenu dans l’essai : « Savoir que ce n’est pas immémorial, ça donne de l’espoir pour la lutte pour l’égalité ».

Informations complémentaires

  • Jeudi 12 décembre, à partir de 19h30
  • Les Impertinant·es, 17 Rue la Tour d’Auvergne, Nantes
  • Gratuit et ouvert à tous·tes
  • Détails

Volontaire en service civique cette année à Fragil, Enora est passionnée de littérature, d'histoire, de cinéma... Son objectif est de devenir journaliste culturelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017