La Folle Journée de Nantes : « une petite pépite de musiques singulières » voulue par son fondateur René Martin.

L’éclectisme de René Martin n’est plus à démontrer. Adolescent, il était batteur dans un groupe de rock et il écoutait beaucoup de jazz avant de s’intéresser à la musique classique et à la musique de chambre. Au festival de piano de la Roque d’Anthéron, il a fait venir des grands du jazz comme Chick Coréa et Herbie Hancok. C’est donc tout naturellement qu’il a ouvert la Folle Journée de Nantes sur le jazz. Nous l'avons interviewé à ce sujet.

27 Jan 2022

Après des études musicales au Conservatoire de Nantes, René Martin fonde le CREA, le Centre de réalisations et d’études artistiques. Puis il se lance dans l’organisation de plusieurs festivals comme le festival international du piano à la Roque d’Anthéron en 1981, les moments musicaux de l’Hermitage à La Baule en 1986, le festival d’Art Sacré à Guérande, en 1992 et la Folle journée d’abord à Nantes en 1995, puis à Lisbonne en 1999, Bilbao en 2001, Tokyo en 2004, Rio de Janeiro en 2007, Varsovie en 2010 ou encore Iekaterinbourg en 2015.

L’éclectisme de René Martin n’est plus à démontrer. Adolescent, il était batteur dans un groupe de rock et il écoutait beaucoup de jazz avant de s’intéresser à la musique classique et à la musique de chambre. Au festival de piano de la Roque d’Anthéron, il a fait venir des grands du jazz comme Chick Coréa et Herbie Hancok. C’est donc tout naturellement qu’il a ouvert la Folle Journée de Nantes sur le jazz. Lors d’une interview à Nantes, nous lui avons demandé quelles étaient les influences du jazz sur la musique classique et inversement.

D’où vous vient cet intérêt pour le jazz ?

J’ai toujours écouté du jazz. Plus jeune, j’en jouais comme batteur. C’est dans mon profil musical. D’ailleurs, chaque fois que j’organise un festival, j’invite toujours des jazzmen. A la Folle Journée de Nantes, j’ai du commencer dès la 3ème ou 4ème édition.

Diriez-vous que le jazz a beaucoup influencé la musique classique ?

Oui comme le rap vient bousculer aujourd’hui la musique d’aujourd’hui avec sa voix. Le jazz s’est imposé dans les années 1920 et se jouait dans les clubs. En France, c’est Nadia Boulanger qui a contribué à son essor avec son Conservatoire américain de Fontainebleau. Elle a eu comme élève des gens comme Gershwin, Bernstein, Michel Legrand, Quincy Jones, Philippe Glass.

Qu’est-ce que le jazz apporte à la musique classique ?

Il apporte ses rythmes, ses couleurs, de l’énergie. Quelqu’un comme Keith Jarret a eu beaucoup d’influence. Après avoir été le pianiste de Miles Davis, il s’est lancé dans des improvisations sur du Bach, Haendel, Mozart, Chostakovitch.

Et à l’inverse, est-ce que la musique classique a influencé le jazz ?

Bien sûr. Un Debussy avec ses préludes a créé des couleurs harmoniques et des cadences qui ont inspiré des jazzmen. Un Ravel peut très bien s’adapter au jazz notamment le mouvement lent du 2ème concerto pour piano. Mais je pourrais aussi citer Federico Mombou et sa «Musica Callada» ou Bill Evans avec son «Peace Piece». Tous 2 explorent les profondeurs de l’âme.

René Martin, chef d’orchestre de la Folle Journée de Nantes depuis 1995

Est-ce que Schubert est transposable dans l’univers jazz ?

Je dirais que c’est un des plus faciles à transposer parce que sa musique repose sur des mélodies populaires très iconiques, très riches. Ce que Paul Lay propose à cette édition 2022 en est la preuve. On a beaucoup échangé pour arriver à transformer les lieds sur le voyage. Je lui ai fait écouter des chansons de Joan Baez par exemple. Pour moi, c’est une commande pas comme les autres.
Vous savez, il y a des pépites de musique singulière à la Folle Journée de Nantes. Comme ce trio d’accordéonistes polonais Motion trio. Je vous le recommande.

Retrouvez ici le programme de la Folle Journée 2022 à la Cité des Congrès de Nantes

René Martin en 2016 dans l’édition consacrée à la nature Photo : Marc ROGER

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017