Elles sont partout dans le centre-ville, ces poubelles blanches et oranges. Depuis 2024, la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) rend obligatoire pour les collectivités de proposer à leurs habitants des solutions de tri des déchets alimentaires. Les villes doivent alors mettre en place des points de collecte de biodéchets pour leurs habitants.es, et Nantes Métropole a expérimenté le compostage de 2019 à 2021 à Nantes Nord. Ces essais ont conduit à installer, dès octobre 2023, des bacs pour les déchets alimentaires, servant aux Nantais.es pour déposer leurs déchets alimentaires et à la Métropole pour les collecter et les transformer.

L’un des points de collecte installés dans les quartiers nantais, ici dans le quartier de la Perverie@AnouckFILY
Un an après le lancement du projet, plus de 2 400 bacs de biodéchets ont été installés dans la métropole. Mais une question centrale se pose alors : Où vont ces biodéchets et que deviennent-ils ?
Valoriser les biodéchets
Nous avons donc retracé le parcours des déchets alimentaires collectés dans ces poubelles. On peut y déposer : “Le reste de notre repas, comme du poisson, des fruits, des légumes ou encore du pain”, explique Maxime Du Bois, l’un des deux associés de l’entreprise L’Assiette au Champ. Cette entreprise, née il y a maintenant 4 ans avec un seul objectif, « contribuer à la valorisation des biodéchets par méthanisation agricole », utilise une méthode encore quasi inexistante dans la métropole nantaise.
Suite à un appel à projet lancé par Nantes Métropole, l’établissement a remporté ce marché en collaboration avec la multinationale spécialisée dans le traitement des déchets et de l’eau, Suez. L’un des critères d’exigence principaux pour participer à ce projet était : « les bennes à ordures ne doivent pas sortir de la métropole ». Une condition largement respectée par L’Assiette au Champ, située à Rezé, qui réceptionne tous les biodéchets pour ensuite en redonner à Suez 50 % de cette matière.
De nos poubelles aux champs agricoles
Toutes les semaines, les points de collecte sont vidés. Tous les jours, l’entreprise rezéenne reçoit, dans un grand hangar, entre 4 et 5 bennes, à l’exception du jeudi. Une fois arrivés à Rezé, les biodéchets commencent la première étape: la bio-séparation. La deuxième étape inclut « le déconditionnement des déchets, c’est-à-dire qu’il faut enlever tout le plastique, puis l’hygiénisation pour éliminer les bactéries », explique Paul Laurent, co-gérant.

Arrivage de la collecte de biodéchets par Nantes Métropole à l’entrepôt de l’Assiette au Champ ©Anouck FILY
50% des biodéchets collectés sont déconditionnés et liquéfiés en une « soupe » utilisée pour produire de l’énergie via la méthanisation. Elle est ainsi envoyée à des méthaniseurs agricoles, comme à Mortagne-sur-Sèvre. Les 50% restants sont compostés par Suez à Vallet, le composte est par la suite utilisé par les agriculteurs locaux comme solution alternative aux engrais chimique.
Des associations engagées dans le tri des biodéchets avant la loi AGEC
Sur le territoire nantais, il n’y a pas seulement L’Assiette au Champ et Suez qui participent à la collecte et à la transformation des biodéchets. En centre-ville, une association joue également un rôle clé dans le compostage des biodéchets : Les Alchimistes. Nous les avons rencontrés pour mieux comprendre leur contribution au tri des biodéchets.
Les Alchimistes sont entreprise solidaire et d’utilité sociale faisant partie d’un réseau national, avec une antenne à Nantes. Benjamin Pollet, membre de l’association, justifie leur action en déclarant : « La collecte des biodéchets est, à mon sens, essentielle partout. Nos poubelles contiennent 30 % de biodéchets, qui sont pour la plupart incinérés. On finit par brûler des épluchures de bananes composées à 90 % d’eau.»
Depuis 2020, l’entreprise, située à l’Agronaute, collecte à vélo et en véhicules légers, les biodéchets des entreprises, des restaurants et des écoles. « Notre objectif est de maintenir une démarche locale en collectant les biodéchets avec des véhicules peu polluants et en assurant leur transformation au sein de la métropole », ajoute Benjamin. Après la collecte, les déchets sont transformés en compost au terme d’un processus de trois mois. Le compost final est vendu aux particuliers, en sacs de 2 à 20 litres, mais aussi aux agriculteurs, afin de lutter contre la dégradation des sols.

Station de lavage des bacs des Alchimistes après la collecte hebdomadaire ©Anouck FILY
En plus de leur travail de collecte, Les Alchimistes animent des ateliers pédagogiques dans plus de 270 écoles, pour sensibiliser et éduquer au tri des biodéchets. L’association récolte actuellement 2 500 tonnes de biodéchets par an et espère augmenter ce volume grâce à son nouveau site de transformation, voisin de L’Assiette au Champs.
Les objectifs pour le futur
Nantes Métropole prévoit d’étendre son action aux communes périphériques à partir de 2025 en proposant des solutions adaptés en tenant compte l’impact environnemental de la collecte par camion. Cela entraînera un besoin accru pour la collecte de ces déchets.
Selon nos informations, Nantes Métropole a décidé de ne pas installer de poubelles de bio-déchets dans l’hypercentre, mais le service presse de la mairie nous assure que « des travaux sont en cours pour proposer aux habitants du centre-ville de Nantes des solutions de tri des déchets alimentaires. Le centre ville étant un quartier plus complexes en raison de sa densité, il sera déployé en dernier pour y définir les meilleurs solutions de tri. » Cette décision découle des restrictions imposées par les Architectes des Bâtiments de France, qui compliquent la mise en place de solutions de tri adaptées dans cette zone dense et historique. L’appel d’offres signé entre Suez, l’Assiette au Champ et Nantes Métropole pour la gestion des déchets prendra fin en mai 2030. La ville envisage de devenir autonome en construisant une station de transformation en périphérie. La méthode, compostage ou méthanisation, reste à définir, avec l’aide des partenaires du projet.
Article réalisé par Léonie Abrousse et Anouck Fily.
A la demande du service presse de la mairie, certaines modifications ont été apporté le 13 février 2025 à l’article initialement paru le 31 janvier 2025.