8 avril 2024

La Punani, un espace dédié aux personnes racisées et queers

La Punani, nouvelles soirées dédiées aux personnes queers et racisées à Nantes, se lancent avec leur première édition le 31 mai 2024 à Askip. Fragil est allé à la rencontre des organisateurices.

La Punani, un espace dédié aux personnes racisées et queers

08 Avr 2024

La Punani, nouvelles soirées dédiées aux personnes queers et racisées à Nantes, se lancent avec leur première édition le 31 mai 2024 à Askip. Fragil est allé à la rencontre des organisateurices.

Ces nantais·es nous racontent qu’en grandissant, découvrant leur sexualité, et s’affirmant petit à petit en tant que personnes queers et racisées, iels ont cherché des espaces de représentation dans le milieu culturel nantais. Mais, beaucoup de soirées queers sont alors très blanches, ou alors de l’autre côté, des soirées racisées sont ancrées dans des styles musicaux très marqués, le tout hétéro-normé.

« Le point d’intersection entre les 2 identités est très dur, et la question s’est posée de comment on souhaitait s’affirmer, comment on pouvait le faire », nous disent-iels.

Les organisateurices nous expliquent avoir alors pris l’habitude d’aller à Paris qui a une grosse scène locale pour ces soirées et cette communauté, et que l’envie de pouvoir le vivre aussi dans le territoire nantais s’est faite de plus en plus forte. 

« C’était important pour nous de créer un espace de représentation à Nantes. »

La Punani se lance

Ainsi, le projet de la Punani a commencé à germer et prendre forme. Iels ont décidé de créer la Punani, une association ayant pour vocation de créer des moments, des évènements dédiés aux personnes racisées et queers, et les mettant en valeur.

« La Punani est la première asso nantaise avec comme objet direct de défendre les personnes queers et racisées, mais aussi la première à faire des soirées qui leur sont dédiées. »

Pour lancer ce projet et porter tout ce travail d’organisation, iels choisissent leurs équipes. En partie des personnes racisées et/ou queers, mais aussi des allié·es très proches. C’est important pour elleux de collaborer avec des gens qui sont pour cette cause, dans tout le processus. Le cœur de leurs préoccupations, c’est que les personnes se sentent écouté·es, représenté·es, qu’il n’y ait ni discrimination, ni agression.

« La Punani, c’est une safer place, et une bonne ambiance. L’important pour nous, c’est un évènement où on s’amuse, et surtout avec des gens qui nous ressemblent et qui ne nous jugeront pas. »

Pour autant, la soirée ne sera pas réservée aux personnes queers et racisées. L’action militante dans la lutte contre les discriminations de la Punani se poursuit jusque dans la communication sur l’évènement, mais également à la billetterie, où seront proposés plusieurs tarifs : « ça nous concerne », « c’est la galère », ou encore « on veut soutenir », si les personnes veulent contribuer à soutenir la cause.

Extrait du compte Instagram de la Punani, exposant les questions qu’iels souhaitent que les allié·es se posent avant de s’inscrire à la soirée.

Un nom « mot de passe »

« La Punani », c’est de l’argo jamaïquain, qui signifie « la vulve ». « C’est un mot qui est dans notre vocabulaire, on s’est rendu·es compte que nous et nos allié·es, le connaissaient, l’utilisaient » nous disent-iels.

Ainsi, c’est un mot plutôt intimiste, bien connu de la communauté, qu’iels nous disent avoir choisi pour nom : « C’est un peu comme un secret qu’on dévoile, un mot de passe, on sait qu’il parlera aux personnes à qui on s’adresse. » 

Le logo de l’association créé suite à la définition de leur nom

Une soirée ancrée dans la culture voguing

La soirée annonce un programme très riche, avec un workshop voguing, un DJ set et des performances de danseur·euses.

Le workshop se déroulera en amont de la soirée, histoire de donner une idée de l’ambiance qui suivra, encadré par 2 performeur·euses et professeur·euses nantais·es queers et racisé·es, qui se font d’ors et déjà connaître des ballrooms parisiennes. 

Ensuite, une programmation militante pour le DJ set mené par des femmes queers ou racisées aux platines, avec des genres musicaux qui ressemblent au public invité (afro, shatta, bailefunk,… « and more »). 

Et pendant la soirée, un plateau artistique sera présenté avec des performeur·euses racisé·es ou queers (drag queen, danseurs et danseuses,…), qui inviteront ensuite tout le monde à venir danser avec elleux, pour s’imprégner davantage du voguing et de sa culture.

« On souhaite que les gens n’imitent pas les performeur·euses, mais qu’iels vivent vraiment la danse. »

L’ensemble de la soirée est conçue autour de ces communauté et culture afro-descendante du voguing queer, liée aux ballrooms, avec la volonté de les mettre en lumière à Nantes à travers une fusion de la danse et du DJ set.

Le collectif de la Punani a dans l’idée de faire grossir ses rangs en intégrant du monde, ayant vocation à faire d’autres soirées après cette première le 31 mai !

L’affiche de la première soirée la Punani

Infos pratiques

Première soirée le 31 mai 2024 à Askip, 2 allée Frida Kahlo à Nantes

Instagram : lapunani_

La billetterie est ici pour prendre vos places !

Après un parcours de formation et un début de carrière l’ayant fait passer par Poitiers, Toulouse puis Paris, Sarah a déposé ses valises à Nantes depuis 5 ans. Entrepreneure en communication et événementiel, originaire d’Angoulême, elle apprécie beaucoup la capitale des Pays de la Loire et ne semble pas avoir dans l’idée d’en partir !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017