2 octobre 2019

La trompette d’Ibrahim, la générosité d’Ibé

Le 29 septembre 2019, le public nantais a eu la chance d'assister au deuxième concert de la tournée mondiale S3NS d'Ibrahim Maalouf et de sa troupe. Une prestation magique, extraordinaire, teintée d'humilité et enrichie par la présence de nombreux guests. Inoubliable !

La trompette d’Ibrahim, la générosité d’Ibé

02 Oct 2019

Le 29 septembre 2019, le public nantais a eu la chance d'assister au deuxième concert de la tournée mondiale S3NS d'Ibrahim Maalouf et de sa troupe. Une prestation magique, extraordinaire, teintée d'humilité et enrichie par la présence de nombreux guests. Inoubliable !

Après un tour de chauffe à l’Arena de Brest, Ibrahim Maalouf s’est produit sur la scène du Zénith de Nantes dimanche 29 septembre pour le deuxième concert de sa tournée mondiale.

Dans une salle pleine à craquer, le trompettiste est apparu sur scène sous les applaudissements d’un public visiblement impatient. Vêtu d’un t-shirt blanc à l’effigie de son dernier album S3NS, le 11ème, et entouré d’une douzaine de musiciens habillés en noir, il a débuté cette soirée en invitant sur scène Alfredo Rodríguez, un pianiste cubain, véritable virtuose qui a magnifiquement introduit cette soirée aux couleurs sud-américaines.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_6049.jpg » credit= »Anaïk Viollin » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

« Un ami m’a dit : soit tu parles pour discuter avec le public, soit tu te tais. Vous avez bien compris l’option que j’ai choisie… »

Décontracté, Ibrahim Maalouf a profité des interludes pour se dévoiler et pour raconter au public des anecdotes intimes sur sa famille, sur sa vie, sur les deux années de déprime avant la préparation et la sortie de S3NS : « Quand j’ai commencé à faire des concerts, je balbutiais entre les morceaux. Un ami m’a dit : soit tu parles pour discuter avec le public, soit tu te tais. Vous avez bien compris l’option que j’ai choisie… »

Quel plaisir de voir un artiste s’amuser sur scène ! Il a virevolté et occupé magnifiquement la gigantesque scène du Zénith en l’arpentant au son des mélodies de ses musiciens.

Aussi à l’aise à la trompette qu’au piano, il s’est ensuite assis derrière le clavier pour introduire le morceau Maeva in Wonderland qu’il a écrit en hommage à sa sœur. Sublime…

Après un enchaînement de solos de cuivres (saxophone, trompette, trombone et tuba), Ibrahim Maalouf a tenu à prévenir le public qu’il s’apprêtait à jouer à son tour un solo qui monterait du fond de ses entrailles pour finir par faire danser tout le monde. Impressionné par la virtuosité du trompettiste et stimulé par le rythme entraînant, le public nantais a répondu présent et s’est laissé emporter par la vague qui le submergeait.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_6059.jpg » credit= »Anaïk Viollin » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

De retour au piano, l’artiste s’est offert un petit délire sur « La Lettre à Élise » de Beethoven et s’est même permis de la remixer à sa sauce. Parce que, selon lui, elle manquait d’amour… Une impertinence qui lui a valu des félicitations nourries du public nantais.

La scène aux guests

Le public a ensuite assisté à un enchaînement d’invités. Humble, Ibrahim Maalouf a offert sa scène au Bagad du bout du monde pour un duo aux sonorités bretonnes « Nantes, c’est la Bretagne, non ? » s’est-il permis d’ajouter, puis à Mélody Gardot avec laquelle il a usé de sa voix et non de sa trompette sur « J’attendrai le jour et la nuit », pour finir avec Hocus Pocus, « un petit groupe local, pour aider les jeunes artistes… », s’est-il amusé à préciser.

« Ce n’est pas un concert, c’est un mini festival ! »

Accompagné par ses musiciens, il a joué un morceau sur lequel le public nantais a joué le rôle de chœur avant d’annoncer : « il reste encore des guests. Ce n’est pas un concert, c’est un mini-festival ! », déclenchant l’hilarité du public.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_20190929_204419.jpg » credit= »Anaïk Viollin » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

« Les jeunes qui vont venir sur scène font partie de l’association Orchestre à l’école qui promeut l’usage d’instruments à l’école. C’est la première fois qu’ils montent sur scène, réservez leur un accueil tonitruant ! ». Arborant fièrement le t-shirt S3NS, une trentaine de jeunes a donc rejoint le groupe sur scène pour l’accompagner sur un morceau magnifique. Avec, cerise sur le gâteau, le solo de Quentin au saxophone, un moment que le jeune homme n’est pas près d’oublier.

Chef d’orchestre

Après un dernier morceau avec Alfredo Rodríguez, Ibrahim Maalouf a, une nouvelle fois, offert la scène à ses musiciens qui, à tour de rôle, sont passés en solo face au public qui les a chaleureusement remerciés à grand renfort d’applaudissements.

« Ne laisse jamais personne t’empêcher de faire de ta vie un carnaval ! »

En chef d’orchestre, le trompettiste a, comme à chaque fin de morceau, mis un terme à la soirée en brandissant haut son poing, non sans révéler une dernière anecdote : « Ma grand-mère m’a dit un jour : « ne laisse jamais personne t’empêcher de faire de ta vie un carnaval ! ». C’est ce que je vous souhaite. Merci ».

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_6075.jpg » credit= »Anaïk Viollin » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Après un rappel issu de son dernier album et plus de deux heures de show, le groupe s’est retiré non sans avoir salué plusieurs fois. Le public, ivre d’émotion et en standing ovation, en redemandait encore. Reconnaissant, Ibrahim Maalouf est revenu sur scène pour un dernier au revoir.

Si vous avez l’opportunité d’assister à l’un de ses concerts, allez-y sans hésiter ! Parce qu’à l’heure de la musique électronique, c’est chose rare de voir qu’une trompette rassemble autant de gens…

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017