8 décembre 2017

Quand l’Angers-Nantes-Opéra fait du cabaret dans les quartiers

De l’opéra-bouffe dans les quartiers ? Des chanteurs professionnels et des chanteurs amateurs qui prennent plaisir à se mélanger ? Mais vous êtes fous ? Oh oui !!! Retour sur l’action culturelle menée par Angers-Nantes-Opéra autour de l’opérette Mam’zelle Nitouche de Hervé, présentée au Théâtre Graslin à partir du 14 décembre.

Quand l’Angers-Nantes-Opéra fait du cabaret dans les quartiers

08 Déc 2017

De l’opéra-bouffe dans les quartiers ? Des chanteurs professionnels et des chanteurs amateurs qui prennent plaisir à se mélanger ? Mais vous êtes fous ? Oh oui !!! Retour sur l’action culturelle menée par Angers-Nantes-Opéra autour de l’opérette Mam’zelle Nitouche de Hervé, présentée au Théâtre Graslin à partir du 14 décembre.

Mercredi 6 décembre, un vent de folie et de French Cancan a envahi la maison de quartier des Haubans de Malakoff, où avait lieu la dernière restitution du projet participatif initié par Angers-Nantes-Opéra autour de l’opérette Mam’zelle Nitouche de Hervé.
Une quarantaine d’habitants-chanteurs et de membres du chœur d’Angers-Nantes-Opéra ont ainsi fait partager à leurs voisins, amis et publics des maisons de quartier, un moment de découverte de l’opéra-bouffe.

[aesop_image imgwidth= »80% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/12/satoriim17nitouche.png » credit= »Angers-Nantes Opéra » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Avant d’en arriver là, il en aura fallu du temps, de l’envie et de l’énergie pour construire ce projet, comme le raconte Camille Rousseau, responsable de l’action culturelle d’Angers-Nantes-Opéra : « l’idée nous est venue au moment du dépôt de maquette du projet artistique de Pierre-André Weitz, le metteur en scène. Nous avions déjà mené des actions dans les quartiers prioritaires de Malakoff autour de La Traviata et de La Bohème en 2012 et 2013, mais là nous avions envie de monter un projet impliquant à la fois des habitants et des choristes de l’opéra, un projet aussi fou et joyeux que la mise en scène de ce spectacle peut l’être ; c’est un magnifique support pour l’action culturelle ».

L’opérette, un genre parodique et loufoque

Trois airs d’opérette ont ainsi été arrangés et interprétés par le chœur d’Angers-Nantes-Opéra : La Vie parisienne (On va courir, on va sortir) et Orphée aux enfers (le Galop infernal – ou l’air du French Cancan) d’Offenbach, et Mam’zelle Nitouche (L’air de la grosse caisse) de Hervé. Ils ont ensuite été enregistrés avec le concours de France Bleu Loire Océan pour être transmis via un lien à tous les habitants-chanteurs concernés pour se familiariser avec ces airs, les apprendre et s’essayer à les chanter lors du stage de découverte.
Deux stages ont été proposés, l’un à Nantes début novembre, l’autre à Châteaubriant fin octobre, au cours desquels les chanteurs amateurs ont répété avec Xavier Ribes, chef de chœur de l’opéra, et Victoria Duhamel, assistante à la mise en scène de Mam’zelle Nitouche, qui leur a fait découvrir le monde loufoque et parodique de l’opérette et le projet artistique de Pierre-André Weitz.

 

 

 

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2017/12/cabaret©maxencebizot-pour-AngersNantesOpéra.jpg » credit= »Maxence Bizot » align= »center » lightbox= »on » caption= »Victoria Duhamel présentant l’opérette et le projet en quelques mots » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Propager la joie

Au final, quatre restitutions ont eu lieu entre fin novembre et début décembre dans différentes maisons de quartiers de l’agglomération nantaise, pour la plus grande joie des chanteurs amateurs.
« On est tellement loin de nos préoccupations quotidiennes, on est là pour propager de la joie et démystifier des airs d’opéra qu’on pourrait croire élitistes ; et puis ça brasse les populations, ça fait du bien », s’enthousiasme Hélène, 61 ans et habitante du quartier de Doulon.
Gérald, 69 ans, chante dans la chorale de Malakoff dont la cheffe de chœur, Antonine, est choriste à l’opéra. « C’est elle qui nous a incités à participer au projet, sinon je crois que je n’aurais jamais osé faire de l’opérette », confie-t-il. « Et le travail avec le chœur de l’opéra a été génial, ils étaient toutes et tous d’une gentillesse et d’une disponibilité incroyables ».
Les habitants-chanteurs ont maintenant hâte d’aller découvrir Mam’zelle Nitouche sur scène, pour laquelle l’opéra leur a réservé des places à tarif préférentiel : 130 places ont ainsi été retenues via les centres Accoord pour Nantes, et une soixantaine de places pour les participants de Châteaubriant.

Mam’zelle Nitouche au Théâtre Graslin de Nantes, du 14 au 20 décembre.
www.angers-nantes-opera.com

 

Ouverture, culture et mieux-vivre ensemble sont des sujets qui touchent particulièrement Fanny. Engagée depuis plusieurs années dans le secteur public culturel, elle revient grâce à Fragil à ses premières amours : le journalisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017