28 février 2022

L’association nantaise Labstrus donne la parole aux artistes Hip-hop

Le vendredi 18 février 2022 a eu lieu la Ziak Session, un open-mic organisé par l'association Labstrus au bar le Poum Poum T'chak, dans le quartier Bouffay à Nantes. Qu'ils soient rappeurs, chanteurs ou beatboxers, les artistes étaient invités à venir exprimer leur talent devant un public enthousiaste. La scène ouverte de trois heures s'est conclue par un show-case.

L’association nantaise Labstrus donne la parole aux artistes Hip-hop

28 Fév 2022

Le vendredi 18 février 2022 a eu lieu la Ziak Session, un open-mic organisé par l'association Labstrus au bar le Poum Poum T'chak, dans le quartier Bouffay à Nantes. Qu'ils soient rappeurs, chanteurs ou beatboxers, les artistes étaient invités à venir exprimer leur talent devant un public enthousiaste. La scène ouverte de trois heures s'est conclue par un show-case.

Créée en 2017, Labstrus est une association de rappeurs et de danseurs Hip-hop nantais, composée aujourd’hui de trois membres principaux : Mélaine, Tunjay et Alan. En plus de vouloir professionnaliser les membres qui la fondent, l’association a pour objectif de mettre en avant les artistes de tout horizon, mais avec un fort penchant pour le Hip-hop (rap, chant, musique, danse).

Mélaine liste les différents événements que l’association a organisé depuis les débuts : « Dans le passé il y a eu les soirées DJ avec exhibition « Floor Iz », ainsi que les Jam Hip-Hop & Jazz. Aujourd’hui, il y a nos battles de danse « Roulette Russe », les battles avec les musiciens « Corps accords », l’open-mic « Ziak Session », et c’est sans compter les ateliers de danse et d’écriture qu’on organise dans les écoles, collèges, lycées ou même avec des adultes. En 2019, on avait organisé plus de 30 événements sur 1 an ».

Un lieu de rendez-vous

La Ziak Session souhaite à la fois mettre en avant les rappeurs et les rappeuses, mais aussi les beatmakers. Mélaine illustre son propos : « Dans un open-mic classique, l’organisateur balance des prods, les MC (rappeurs) montent et calent un texte sur l’instrumentale, qui est souvent une face B bien connue de Mobb Deep, Wu-Tang, etc. Là où on se démarque, c’est en passant des instrus réalisées par des beatmakers qu’on connait, ou qui partagent leurs productions par les annonces qu’on publie avant la scène ouverte. Ça permet de connecter les rappeurs et les beatmakers, c’est un événement qui convie les deux. C’est un open-mic bio, circuit court (rires), et même si ça se passe principalement sur Nantes, on aimerait s’exporter à Angers ou à Rennes par exemple. Les bars nous acceptent plus facilement que les salles de spectacle, on peut dire qu’on fait du café-concert ».  Tunjay confirme « Ce qu’on veut créer, c’est un lieu de rendez-vous ».

La rappeuse Le Mago ajoute « C’est grâce à cet événement que j’ai rencontré un beatmaker avec lequel je vais bosser sur un projet. C’est un des seuls événements de Nantes où on peut rencontrer des gens sérieux, avec qui on peut envisager des collaborations ».

Tout le monde peut monter sur scène

La salle du bar d’environ 10 m2 a été complète durant une grande partie de l’événement.  Lors du spectacle, Mélaine (nom d’artiste : Jaz Manitu) et Tunjay chauffent la salle et font participer le public : « Ziak ? – Session ! – Ziak ? -Session ! – On te salue dans le ? – Respect ! »

Le respect représente une valeur nécessaire pour le concept même de scène ouverte. Pendant l’open-mic, Tunjay et Jaz Manitu invitent les volontaires, dialoguent avec eux. Il y a de la diversité aussi bien dans le public que sur la scène : plusieurs hommes passent, les rappeuses aussi répondent présent et une poignée d’entre elles comme Supanova ou Shadé Blauck prennent le micro le temps d’un ou plusieurs couplets. Le public a également pu écouter du rap en langue russe, du chant en arabe. Lorsqu’un rappeur est venu revendiquer son homosexualité avec des couplets provocants, la majeure partie du public s’est montrée bienveillante et amusée, quelques personnes ont toutefois préféré partir. « Tout le monde peut monter sur scène, il faut du respect de la part du public comme de l’artiste » affirme Tunjay quand il reprend le micro. Le respect est l’un des maîtres-mot de l’événement, que l’on parle de l’identité de l’artiste ou du niveau de sa prestation. Beaucoup d’amateurs défilent, quelques semi-professionnels se prêtent aussi au jeu. L’open-mic fait la part-belle à l’improvisation de 21 heures à 23 heures, avant le show-case.

Jaz Manitu et Le Mago lors du show-case.

On aimerait voir plus d’événements comme les nôtres 

Après le show-case, l’événement est clôturé par Tunjay et Jaz Manitu par quelques chansons, et les remerciements. En interview, Tunjay concède : « On aimerait bien qu’il y ait plus d’événements comme les nôtres, mais la plupart des open-mic sur Nantes sont disséminés, personne n’en entend parler ». Mélaine reconnait « Il y a plein de scènes ouvertes à Nantes, mais sur des styles différents du rap ; on voit beaucoup de scènes ouvertes de Jazz, de Funk… C’est ce constat qui m’avait donné l’idée d’organiser la Jam Hip-hop et Jazz, dans l’esprit de concilier les musiciens et les rappeurs, avant le Covid ».

Lors de la clôture, Tunjay questionne le public : « Il y a des gens qui bossent dans l’événementiel dans la salle ? » Quelques mains se lèvent. « Vous attendez quoi pour faire comme nous ?» leur demande-t-il avec un grand sourire.

Mélaine et Tunjay

Amateur de musique, de littérature et d'art en général, auteur de fantasy. J'aime découvrir et partager ce qui me passionne.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017