La distribution alimentaire et la façade colorée de l’association située juste derrière la gare de Nantes sont les aspects les plus connus de L’Autre Cantine, qui vient en aide aux personnes en situation de précarité. Sam, bénévole de longue date, présente les lieux en insistant sur le travail invisible réalisé par les différentes équipes de bénévoles : « Nous, on nous voit uniquement sous le prisme de la distribution ou de la confection de repas, alors qu’en amont, il y a toute une chaîne qui se met en place. Notamment la récup’ le matin, la gestion de la légumerie, du free-shop et du lieu. »
Un espace multifonctions
Ancien bar-hôtel, le 18 rue de Cornulier continue de proposer de multiples services à ses occupant·e·s. L’accueil de jour, ouvert de 13h à 18h, offre un espace de répit pour les personnes en situation de précarité. Elles peuvent y recharger leur téléphone, faire une sieste ou prendre un café. Tout était calme en ce lundi de novembre, mais les lieux peuvent devenir bondés en hiver avec 80 personnes entassées dans l’immeuble.
« C’est costaud, mais c’est marrant, moi j’aime bien. Ça gueule, ça s’embrouille, mais c’est une bonne ambiance », rigole Sam.
En plus de l’accueil, d’autres bénévoles s’affairent à trier les dons pour garnir les rayons du free-shop. À l’étage, les trois anciennes chambres d’hôtel transformées en friperie accueillent environ 60 femmes et 30 hommes chaque samedi après-midi. On y distribue des vêtements et des kits d’hygiène. Sam rappelle que l’association a toujours besoin de ces produits d’hygiène, qui viennent rapidement à manquer, tout comme de vêtements pour hommes. En ce début d’hiver, L’Autre Cantine lance également un appel aux dons de couvertures, de taies d’oreiller, d’écharpes et de gants.
Le côté « Cantine »
Tous les jours, des équipes de bénévoles se relaient pour préparer des repas à 150, voir 200 personnes, chaque soir. Dès 9h, quelques bénévoles comme Didier prennent le camion aux couleurs de la GRDF[1] pour aller faire de la récupération dans les grande surface ou les boulangeries. De son côté, Amina, bénévole depuis 7 ans, réalise plusieurs tâches différentes : elle décharge et range les denrées alimentaires le matin, fait les courses et les répartie sur la semaine.
« Déjà qu’ils dorment dehors, qu’ils n’ont rien. Toute la soirée ils dorment dehors, marchent. Nous on donne un repas une fois le soir, et pour moi c’est quelque chose de bien. C’est pour cela que je suis restée aider », confie celle qui dès le premier jour s’est fait surnommer « Mamma Djibouti ».
L’ancien terrain de pétanque demeure un espace de rencontres, car c’est à l’extérieur qu’ont lieu la découpe des légumes et les réunions hebdomadaires. La cuisine, rudimentaire, est menée par des habitué·e·s des fourneaux. Même si la base du menu est toujours la même (riz ou semoule accompagnés de légumes), Sam révèle l’ingrédient secret de L’Autre Cantine : « L’idée c’est que ce soit des personnes exilées qui cuisinent pour mettre en valeur leurs cultures. Donc, il y a une personne qui va faire son mafé, une autre son couscous et puis l’autre va faire son riz spécial… spécialement bien épicé ! »
À 18h, c’est l’heure de la distribution. L’équipe de bénévoles remplit le camion de la nourriture et des couverts, puis, file au marché Talensac pour distribuer les repas.
Des événements reconnus par le milieu
En plus de ces tâches régulières, l’association peut compter sur l’engagement de ses bénévoles pour organiser des événements mensuels comme des soirées culturelles dans les bars nantais ou des friperies solidaires. L’objectif de ces événements est d’abord de récolter de l’argent pour couvrir les frais de l’association (courses pour compléter les repas, assurances, essence et frais courants), mais aussi de visibiliser l’association et de créer des espaces de vivre-ensemble.
Une soirée pour la trêve hivernale est d’ailleurs prévue ce samedi 9 novembre dès 15h à Décadanse et la prochaine friperie solidaire se déroulera au Labo Diva le 7 décembre de 11h à 18h. Les partenariats ponctuels avec une panoplie d’acteurs de la ville montrent qu’après 6 ans d’existence L’Autre Cantine est bien ancrée dans le milieu nantais.
[1] Gaz réseau distribution France
Cet article a été rédigé en collaboration avec Amandine Masson.