16 décembre 2020

Le 67 atelier de créateurs : un lieu à découvrir

Adaptation tel est le maitre mot de ce collectif de créateurs nantais dans ce contexte de confinements successifs.

Le 67 atelier de créateurs : un lieu à découvrir

16 Déc 2020

Adaptation tel est le maitre mot de ce collectif de créateurs nantais dans ce contexte de confinements successifs.

Qu’est-ce que l’atelier 67 ?

C ‘est un regroupement de 39 créateurs et artisans d’arts autour de discipline artistique très diverses. Ce lieu construit en 1961 a abrité durant 40 ans des ateliers de sculpture et dorure sur bois spécialisés entre autres dans la reproduction de miroirs. A la fermeture de l’établissement, la propriétaire Catherine Schaerrer a transformé le bâtiment en petits ateliers pour  des artistes et artisans d’art afin de  garder une destination artistique à ce lieu.

C’est aussi un endroit où l’on peut participer à des stages et des formations dans différentes disciplines artistiques, par exemple créer son propre pouf, suivre une formation aux métiers de le maroquinerie ou participer à un atelier parents-enfants en utilisant la céramique.

L’actualité du 67 :

En novembre et décembre 2020 devaient avoir lieu divers événements pour faire connaître le lieu : participer à l’Autre Marché, présenter les créations lors d’une exposition à la galerie du Rayon vert. Vu le contexte sanitaire rien de tout cela n’a pu avoir lieu ! Mais pour autant il leur faut rebondir ; aussi ces artistes ont décidé de vendre leurs créations sur internet pour faciliter les achats.

 

Pour en savoir plus, Fragil a pu interroger deux des résidentes de ce lieu.

Création de Cafekam.

Camille – Cafekam

Fragil : pouvez vous nous présenter votre métier ?

Je suis créatrice de bijoux à la feuille d’or depuis 2015. Auparavant j’exerçais seule, mais je me sentais trop isolée ; il me manquait l’aspect collectif. C’est pourquoi j’ai souhaité intégrer ce lieu pour changer d’échelle et avoir un espace de travail plus adapté.

Fragil : Dans ce contexte particulier comment poursuivez vous votre activité ? 

En fait le 1er confinement nous a dans un premier temps mis tous dans un état de sidération ; puis petit à petit malgré tout nous nous sommes adaptés. Ainsi nous avons créé des boutiques en ligne sur le site du collectif ce qui n’existait pas auparavant.

Ce deuxième confinement a fait progresser l’esprit collectif au sein du lieu. L’entraide s’est développée, particulièrement autour des questions administratives car il a fallu monter des dossiers afin de se faire aider et conserver financièrement  notre activité. De plus nous avons développé le « click and collect » pour tous car seulement quelques uns d’entre nous avaient déjà leur e.boutique. J’ai remarqué que grâce à cette cette démarche nos acheteurs sont très variés et de tous les âges. Les achats, pour certains,  affichaient aussi un choix militant pour soutenir notre activité.

Ce contexte difficile a eu cependant des effets positifs, cela nous a poussé à évoluer au sein de ce collectif.

 

Fragil :Personnellement je ne connaissais pas ce lieu ; comment pouvez le rendre visible pour un large public ? 

Habituellement nous faisons des portes ouvertes tous les ans en novembre , mais l’édition de cette année a été annulée. Nous allons donc faire une vente dans notre lieu le 19 décembre. Le printemps, nous espérons, sera aussi l’occasion d’aller exposer à Nantes ou dans les quartiers au travers de divers événements.

 

Nous avons également interrogé une autre artiste :

Création Kapoune.

Salomé –  Kapoune  

Fragil : Pouvez vous nous présenter  votre  activité ?

Nous sommes 2 associées à avoir réalisé notre activité de création de vêtements pour enfants en 2016. Nous souhaitions quitter la grande distribution pour réaliser des choses plus éthiques et durables. Nous avons donc travaillé dans un appartement commun, mais au fil du temps nous nous sentions  enfermées dans notre bulle. Aussi nous avons cherché un lieu collectif. Nous avons intégré le 67 en 2019 . Grâce à cela  nous avons trouvé de l’entraide avec tous les artistes et pour certains cela a permis des collaborations, vu la grand pluridisciplinarité qui existe au sein de cet endroit .

 

Fragil : comment vivez vous ces confinements successifs ? 

Pendant le 1er  confinement nous étions surtout en télétravail avec la mise en place d’une e.Boutique. De plus nous avons fait beaucoup de masques ! Puis dans cette nouvelle période, nous sommes restées à l’atelier et avons repris la couture car auparavant nous sous-traitions la fabrication de nos vêtements, notre travail étant  uniquement dans la conception ; mais cela est difficile aujourd’hui avec nos partenaires industriels qui sont en difficulté. Nous continuons à vendre dans les boutiques « zéro déchets » et boutiques éphémères à défaut de l’Autre marché  ou nous étions habituellement présentes. L’artisanat d’art est précaire, mais notre force collective nous permet d’avancer.

 

Pour aller découvrir tous les  créateurs(trices) du 67 :

Il vous suffit de vous connecter sur le site internet : ici.

Chaque créateur et créatrice a un site dédié, avec photos à l’appui, les prix sont indiqués .Gageons que ce lieu  sera maintenant mieux connu, et qu’il permettra à ceux qui le souhaitent de découvrir et de soutenir l’activité de tous ces artistes. De beaux objets sont proposés , bijoux accessoires pour cheveux , lingerie entre autre ,dans des styles très divers. Un achat original, à des tarifs en moyenne entre 30 à 50 euros.

C’est un Noël pas comme les autres , y compris pour les cadeaux !

 

 

 

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017