19 novembre 2021

Le cyberharcèlement avec les 5èmes du collège Supervielle de Bressuire

Les 16, 17 et 18 novembre 2021, l'association Fragil est intervenue auprès des sept classes de 5ème du collège Supervielle de BRessuire afin de les sensibiliser au cyberharcèlement.

Le cyberharcèlement avec les 5èmes du collège Supervielle de Bressuire

19 Nov 2021

Les 16, 17 et 18 novembre 2021, l'association Fragil est intervenue auprès des sept classes de 5ème du collège Supervielle de BRessuire afin de les sensibiliser au cyberharcèlement.

Déjà très actif sur le thème du harcèlement et du cyberharcèlement notamment à travers le dispositif « Superveille », le collège Jules Supervielle de Bressuire a sollicité l’association Fragil afin de sensibiliser plus profondément tous les élèves des classes de 5ème de l’établissement.

Pendant l’atelier autour du mot

7 ateliers en 3 jours

Au programme, sept ateliers de deux heures à animer en trois jours avec toujours le même déroulé :

  • Sondage rapide pour connaître leur réseau social préféré. Sans surprise, Snapchat devance Instagram, Tik Tok et Youtube. Facebook est totalement déserté par ces élèves, tandis que Twitter est utilisé par une minorité.
  • Atelier autour du mot Cyberharcèlement pendant lequel les élèves doivent écrire le mot qui leur vient à l’esprit quand on leur parle de cyberharcèlement. Le but étant que la classe définisse cette notion. Certains mots tels que « internet », « réseaux sociaux », « violence », « moquerie », « insulte » ou « suicide » sont revenus quasiment dans chaque atelier. Au bout du compte, les définitions étaient sensiblement toutes les mêmes avec cependant une différence majeure : le mot « répétitif » n’a été proposé que par la moitié des classes, alors que pour définir le harcèlement ou le cyberharcèlement, c’est un qualificatif incontournable.
  • Projection de la vidéo « Un jour, Une question » définissant le cyberharcèlement, puis un moment consacré à une rapide discussion autour des notions abordées dans la vidéo.

  • Débat mouvant avec des questions clivantes sur le sujet du cyberharcèlement : « Une insulte en ligne est moins grave qu’une insulte en face à face » ou « il faudrait surveiller les victimes afin qu’elles ne deviennent pas harceleuses à leur tour » ou « il est simple de parler de harcèlement à un adulte ». Chaque phrase a suscité de nombreux échanges avec des élèves qui n’hésitaient pas à changer de côté quand les arguments les convainquaient.
  • Rappel de l’aide possible avec NetEcoute 0800 200 000 ou la CNIL et Pharos.
  • Rappel de la loi et des condamnations prononcées pour ces cas de cyberharcèlement
  • Projection d’une vidéo de jeunes rencontrant leur youtubeuse ou youtubeur préféré à qui ils lisent les messages, notamment haineux,  écrits par les internautes sous leurs vidéos.

  • Pendant l’atelier de classement entre Harcèlement Cyberharcèlement ou les deux

Des élèves conscients et très impliqués

Depuis plusieurs années, le collège de Bressuire a mis en place le dispositif Superveille. Constitué de professeurs, de personnels de l’établissement et d’élèves, ce groupe est formé pour répondre aux témoignages de victimes d’harcèlement et de cyberharcèlement. Grâce à cette initiative, les élèves de 5ème étaient déjà sensibilisés à ces questions.

Cependant, pendant les interventions, ils se sont impliqués dans les différents ateliers proposés.

Leurs définitions ont donné lieu à des échanges très intéressants notamment autour des lieux du cyberharcèlement (internet, réseaux sociaux), mais également sur les moyens utilisés par les cyberharceleurs et cyberharceleuses (moqueries, insultes, menaces…), et les conséquences pour les victimes (dépression, solitude, suicide).

Tableau après l’atelier Autour du mot

Lors des débats mouvants, ils ont également fait preuve de beaucoup de maturité. Notamment lorsqu’un élève a partagé son expérience de victime d’harcèlement. Selon lui, en parler à un adulte est essentiel et plutôt que de surveiller les victimes pour éviter qu’elles harcèlent à leur tour, il a expliqué à ces camarades que c’est d’aide dont il a eu besoin et non de surveillance, aide de professionnels tels que des psychologues.

Pendant un atelier

Une élève a également expliqué que faire attention à ce qu’on fait ou dit en ligne est important, mais insuffisant car le cyberharcèlement peut atteindre des internautes très prudents, comme les youtubeurs et youtubeuses qui, malgré toute leur vigilance, reçoivent, pour certains et certaines, des messages haineux quasiment à chaque mise en ligne.

Tous les élèves ont bien compris l’importance de ces interventions autour du cyberharcèlement et ont bien conscience des conséquences néfastes qu’il peut avoir sur les victimes. Des jeunes sensibilisés qui, espérons-le, sauront comment réagir si cela leur arrive ou qui seront vigilants si cette mésaventure impacte un ou une proche.

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017