29 janvier 2021

Le Grand Bain : à la découverte d’un nouveau tiers-lieu nantais

En France et dans la région Pays de la Loire , les tiers-lieux connaissent un succès grandissant . Mais qu’appelle-t-on tiers-lieux ? Qu’est ce que cela recouvre ? Pour le savoir nous sommes allés à la rencontre de la responsable d’un nouveau lieu ouvert en Septembre 2020 à Nantes afin de découvrir la réalité concrète de ce nouvel espace .

Le Grand Bain : à la découverte d’un nouveau tiers-lieu nantais

29 Jan 2021

En France et dans la région Pays de la Loire , les tiers-lieux connaissent un succès grandissant . Mais qu’appelle-t-on tiers-lieux ? Qu’est ce que cela recouvre ? Pour le savoir nous sommes allés à la rencontre de la responsable d’un nouveau lieu ouvert en Septembre 2020 à Nantes afin de découvrir la réalité concrète de ce nouvel espace .

Claire Leroux est salariée de « l’Ouvre boite 44 » qui est une coopérative d’activité et d’emplois accompagnant les personnes souhaitant créer leur activité. Dans ce cadre, elle est en charge du fonctionnement de ce lieu.

 

Fragil : Pouvez vous nous donner une définition  d’un tiers-lieu, sachant qu’il en existe sous des formes  différentes ? 

CL : Il n’y a pas pas de label  national sur les tiers-lieux, cependant  ici nous nous référons à la définition  de CAP tiers-lieu , collectif crée par la CRESS (Chambre régionale de l’économie  sociale et solidaire ) dont la mission est d’accompagner l’émergence d’un lieu en projet ou en activité :

  •  Il regroupe plusieurs  fonctions : co-working , atelier , magasin ….
  •  Il vise une diversité  d’utilisateurs  ; entreprises , pouvoirs publics , citoyens
  •  Il est porté par une communauté d’acteurs ou de citoyens locaux
  • Il s’appuie  sur l’ ESS : notion d’utilité sociale , où le collectif est la finalité et la gestion est démocratique  et participative.

En résumé une dynamique de personnes ancrées dans  un lieu partagé pour répondre aux besoins collectifs d’un territoire. On constate une forte  augmentation en milieu rural avec des thématiques larges , développant  des activités autour de l’éducation ou de la culture. Depuis 2016,  50 tiers-lieux se sont crées et 30 sont  en projet . On compte en tout 62 tiers-lieux en Loire atlantique. On peut ainsi citer différents tiers-lieux à Nantes ou sur la Métropole ex : Atelier partagé du Breil , ou la Conciergerie du Parc .

 

Fragil : Pouvez-vous nous présenter votre mission au sein de ce lieu et l’historique de sa création ?

CL :  Je suis chargée de l’accompagnement des entrepreneurs  à l’ Ouvre boite 44 et de la gestion de ce lieu. Pour ce faire, nous  proposons  une mutualisation de services (gestion ,comptabilité) et le soutien vers la réalisation du projet.

L’ouvre boîte a répondu à l’origine à un appel à projet lancé par la ville de Nantes et a obtenu la validation du projet présenté  pour la création de ce lieu en juin 2018. Elle s’est associée à d’autres coopératives : « Coop chez »vous service à la personne, « Bati créateurs » activité du bâtiment ,« OZ », métiers du spectacle et de la création. L’objectif de ce tiers-lieu est de faire un espace de vie, de travail, et de consommation responsable.

Le Grand Bain a ouvert ses portes en septembre 2020 après une première tranche de travaux, l’autre tranche étant programmée fin 2021. Tout le mobilier a été réalisé par des entrepreneurs de la coopérative.

 

Fragil : Pourquoi a-t-on choisi l’implantation de ce lieu à cet endroit du centre ville ?

CL : A l’origine ce bâtiment abritait le service des bains douches municipaux , crée en 1850. Il servait de bains et lavoirs étant situé tout près de la Loire à l’époque. Mais avec la modernisation, les locaux ont été divisés en 2, une partie pour la Maison des associations et l’autre partie pour les bains douches. Lors de la reconstruction du restaurant social Pierre Landais, il a été décidé également de regrouper les services de restauration et les bains douches dans un même lieu , l’existant n’étant plus adapté.

Fragil : Quel est le statut de ce lieu, le mode de gouvernance , ses partenaires ?

CL : L’Ouvre boite 44 a passé convention avec la ville et les trois autres coopératives citées précédemment pour que leurs salariés puissent y travailler. L’Ouvre boite assure la gestion et la comptabilité de ce lieu. Le développement des activités et l’animation a été confiée à l’association le Grand Bain qui regroupe tous les résidents de ce lieu ce qui facilite une dynamique collective. Cette complémentarité permet à chacun de s’impliquer comme acteur tout en étant à des places différentes.

 

Fragil : Avant la création de ce lieu y a t’il eu des études pour connaître les besoins de ce quartier  accueillant  une certaine mixité sociale ?

En fait au départ la mairie a proposé un cahier d’inspiration  citoyenne aux habitants du quartier d’où  sont ressorties des propositions  que nous comptons bien mettre en œuvre par exemple, rendre piétonnière l’allée Maison rouge, ou installer une épicerie.

Fragil : Quelles sont les activités du Grand Bain et quels projets pour l’avenir sachant que le contexte sanitaire a largement ralenti le processus de développement de ce lieu  ? 

CL : Ce qui fait notre identité c’est bien l’ économie sociale et solidaire. Il s’agir de créer une dynamique d’entrepreneurs autour de cette  thématique et l’ouvrir le plus possible à tous les habitants  du quartier. Par exemple en Décembre 2020, le Grand Bain a accueilli l’Autre Marché (marché de Noël de créateurs) ce qui a permis à des habitants de venir chercher leur commande et ainsi de découvrir le lieu.

A l’ouverture à l’automne 2020 , quelques conférences et ateliers ont été proposés, mais les projets ne manquent pas. D’ici la fin de l‘année, après la deuxième tranche de travaux : ouverture de la boutique de créateurs  et de l’épicerie salon de thé. Des partenariats sont en cours avec la maison de quartier Madeleine champ de mars toute proche et le voyage à Nantes. De plus des entrepreneurs souhaitent y développer leurs activités  bien être , soutien à l’écriture entre autres, également ateliers et conférences. Il faudra évidemment s’adapter au contexte sanitaire et se laisser la possibilité de l’imprévu .

Fragil : Comment comptez vous vous faire connaître sur le quartier ? 

CL : Effectivement , le quartier n’est pas très identifié, il nous faut améliorer la signalétique. Il nous faut également relancer un processus de communication auprès des habitants, partenaires et réseaux.

 

Ainsi cet échange nous a permis  de découvrir  de belles perspectives pour permettre l’appropriation  des valeurs et des savoirs faire de économie sociale et solidaire. L’architecture du lieu offre de belles possibilités pour développer des formes de travail collectives  en mutualisant également entre tous ces coopérateurs engagés au sein de la structure . Cependant tout l’enjeu de ce lieu sera de le rendre accessible à tous les habitants du quartier  pour ne pas en faire espace tourné sur lui même mais qui fera vivre et développer ce territoire pour ces entrepreneurs et les besoins de ces  habitants.Une belle aventure à suivre.

 

Pour plus d’information :

CAP tiers lieu https://www.cap-tierslieux.org/

Le grand Bain: https://legrandbain.coop/

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017