Le mois de novembre et ses frimas approchent à grands pas, mais la semaine la plus ensoleillée reste celle pendant laquelle se tient le festival de musiques aventureuses SOY. Il est important à l’heure des grogs, des rhumes et du changement d’heure, de se préparer correctement à ces 5 jours intenses de musique exigeante et passionnante. Il était donc tentant de laisser de côté le concert de l’Américain Adam Green programmé la veille du début du festival à Stereolux. Et c’eût été une grossière erreur.
La prestation survoltée de l’ancien acolyte de Kimya Dawson dans le duo anti-folk The Moldy Peaches est précédée par la projection de son film délirant revisitant le mythe d’Aladdin, incluant une lampe phallique et un monde absurde aux décors recouverts de dessins au feutre, avec Macaulay Culkin en guest-star.
Puis le crooner entre en scène, accompagné par le groupe français Coming Soon (déjà crédité avec Adam Green sur la BO de Juno sous le nom Antsy Pants) : tous sont vêtus de pattes d’éph et de chemises à jabot, sans compter des chapeaux folkloriques issus de l’univers d’Aladdin. Adam Green entonne ses vignettes évoquant le banal ou l’absurde (les chansons ont pour titre Jessica sur l’héroïne de télé-réalité Jessica Simpson ou Drugs) : 2 minutes montre en main pour ces pop songs rapidement reprises par cœur par les fans. Adam Green est sur scène comme un poisson dans l’eau, sautillant partout, redonnant ses lettres de noblesse aux pas chassés et aux high-five, grand enfant touchant qui aborde le live comme un grand moment de joie bordélique à partager avec son public. Difficile de rester insensible et de ne pas vouloir porter le trublion dans ses slams endiablés à travers la salle ou de ne pas encourager ses frasques.
Généreux, l’artiste prend la guitare sèche seul pour interpréter des chansons à la demande du public. Modeste, il laisse la place à ses compagnons de route : Ryder The Eagle, ex-Las Aves, qui entame le show par deux morceaux inspirés, et son backing-band Coming Soon, l’un des groupes français les plus créatifs depuis bientôt 10 ans, qui nous gratifie de deux chansons.
Dernière étape de la soirée : Adam Green est prêt à signer tout ce que nous voulons (« I can sign your dicks, your buttholes…You don’t have to buy anything ! » nous lance-t-il), après nous avoir accueillis dans son monde barjot et coloré.
Sandrine Lesage / Octobre 2016