7 octobre 2019

« Le regard bleu de Kurt » ou la nostalgie d’une jeunesse perdue

Le jeudi 3 Octobre à 20H30 au Nouveau Studio Théâtre à Nantes, le comédien Anthony Breurec et la musicienne Flora Izacard nous ont permis de retrouver Nirvana, le groupe phare du mouvement Grunge et son charismatique chanteur Kurt Cobain. Un voyage dans le temps tout en douceur et mélancolie dont le point de départ est l’enregistrement du concert acoustique du groupe sur la chaîne MTV le 18 novembre 1993. Cinq mois après, le 5 avril 1994, Cobain se donnait la mort.

« Le regard bleu de Kurt » ou la nostalgie d’une jeunesse perdue

07 Oct 2019

Le jeudi 3 Octobre à 20H30 au Nouveau Studio Théâtre à Nantes, le comédien Anthony Breurec et la musicienne Flora Izacard nous ont permis de retrouver Nirvana, le groupe phare du mouvement Grunge et son charismatique chanteur Kurt Cobain. Un voyage dans le temps tout en douceur et mélancolie dont le point de départ est l’enregistrement du concert acoustique du groupe sur la chaîne MTV le 18 novembre 1993. Cinq mois après, le 5 avril 1994, Cobain se donnait la mort.

La découverte d’un mythe

En rentrant sur le plateau, le spectateur sent instantanément la présence du chanteur. Le décor de l’émission est reproduit presque à l’identique. Bougies au sol et bouquets de fleurs blanches. Assise sur un tabouret, une guitare sur les genoux, un micro à portée des lèvres, Flora Izacard s’est glissée dans la peau de Cobain. Jean troué et Converse aux pieds, la musicienne entonne la chanson « About a girl ». On y est : 26 ans en arrière et toujours cette même émotion.

Anthony Breurec et Flora Izacard

Anthony Breurec, nous confie sa découverte du groupe de Seattle en trois moments clés.

D’abord à l’âge de 8 ans, lors d’un voyage en voiture avec un cousin vénéré qui passe à fond la chanson « Rape me ». Du haut de son jeune âge, Anthony perçoit la particularité et la force du groupe.

Ensuite et beaucoup plus tard, une petite amie a la bonne idée d’enregistrer sur une cassette vidéo, le concert acoustique de Nirvana sur la chaîne de musique MTV. C’est le choc. A la fin de la chanson «Where did you sleep last night », Cobain, qui avait gardé les yeux fermés jusque là, ouvre enfin son regard et ses yeux bleus transpercent la caméra. Pour Anthony, plus rien ne sera plus comme avant. Le visage de Cobain s’imprimera à jamais. L’adolescent s’amusant même à penser d’être la réincarnation du chanteur. Des lentilles bleues pour ressembler à son idole…

 

Le troisième moment décisif pour Anthony a été la publication le 4 novembre 2002 du livre « Le journal intime de Kurt Cobain ». Un recueil de carnets composé de dessins, textes et réflexions du chanteur sur la musique, la célébrité et la vie. On y découvre un Cobain adolescent plein d’enthousiasme et un adulte révolté et sombre. Flora Izacard scande et hurle les mots des carnets. Un silence froid se ressent parmi le public.

« Le journal intime de Kurt Cobain  » paru le 4 novembre 2002

« Là, allongé, je ne sentais rien et me sentais plein »

Après l’école, Anthony rentre chez lui et s’allonge sur le sol ventre à terre. Durant deux heures, il écoute la chanson « Lithium » en boucle avant que ses parents reviennent. Les riffs de guitares, la voix de Cobain, tout le rempli et le laisse en transe.

« Lithium » retentit dans le théâtre et Flora Izacard, notre musicienne, entame un pogo endiablé. C’est gai, violent et triste à la fois, comme l’adolescence.

Le visage de Cobain s’affiche en gros plan sur l’écran. Anthony et Flora s’installent alors religieusement sur un banc face au chanteur. Une mélancolie d’une époque pas si lointaine enveloppe le théâtre.

Anthony Breurec et Flora Izacard face à Kurt Cobain

 

« Le regard bleu de Kurt » est une production de la compagnie « Alambic' »

Ecriture et mise en scène : Anthony Breurec

Avec Anthony Breurec et Flora Izacard

 

Le journalisme pour partager et informer sur la musique, le théâtre et la culture en général.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017