29 mai 2019

Le théâtre du Cyclope et l’association « Permis de construire » s’unissent pour la réinsertion professionnelle et le retour à la vie

Le mardi 21 mai au théâtre du Cyclope à Nantes, Romain, André, Cédric, Jacky et Mickaël, placés ou passés sous main de Justice et encadrés par l’association « Permis de construire » ont offert une belle et joyeuse prestation d’un texte de Jean-Michel Ribes « La rumeur ».

Le théâtre du Cyclope et l’association « Permis de construire » s’unissent pour la réinsertion professionnelle et le retour à la vie

29 Mai 2019

Le mardi 21 mai au théâtre du Cyclope à Nantes, Romain, André, Cédric, Jacky et Mickaël, placés ou passés sous main de Justice et encadrés par l’association « Permis de construire » ont offert une belle et joyeuse prestation d’un texte de Jean-Michel Ribes « La rumeur ».

A quelques heures de la représentation, je rencontre Romain et André qui se sentent fébriles et joyeux. Leurs 2 professeurs, Laure Mounier et Samuel Découx du théâtre du Cyclope qui les ont accompagnés depuis Septembre 2018, se sentent également nerveux mais surtout très heureux d’avoir pu monter avec eux ce projet théâtral.

De gauche à droite: Romain, Samuel Découx du Théâtre du Cyclope, André, Laure Mounier du Théâtre du Cyclope. crédit photo: Karina Bordier

« L’art, permet d’avoir une fenêtre sur une certaine liberté »

Avant d’être contactée par l’association « Permis de construire », Laure avait déjà eu l’idée d’amener le théâtre à l’intérieur des centres de détentions : « même si on est enfermé, c’est une manière d’être libre ». Sachant que Laure menait déjà des ateliers d’actions culturels, l’association la contacte pour mener cette activité théâtre jamais proposée auparavant au sein de la structure.

 

« Permis de construire » se donne comme mission d’encadrer et d’aider des personnes, ayant ou ayant eu des problématiques judiciaires, dans leurs réinsertions sociales. Selon les envies et capacités de chacun, plusieurs activités sont proposées autour d’un même parcours appelé « Se bâtir ensemble ». Ainsi, des ateliers informatiques, sportifs, de découverte d’entreprise, d’architectures, de slams peuvent être pratiqués. « On essaie de varier dans tous les domaines » comme le souligne Romain.

 

« Cohésion de groupe »

Début Septembre 2018, plusieurs personnes s’inscrivent et l’atelier compte alors jusqu’à 7 participants. Selon les envies et aléas de la vie de chacun, un groupe de 5 fidèles se met en place au bout de quelques mois, le « noyau dur, ceux qui n’ont jamais lâcher l’affaire ».

A partir de là, plus précisément en Février 2019, est alors décidé de monter une représentation. Cela « n’était pas dans le cahier des charges de l’atelier » mais « l’engouement, la motivation, l’envie et la cohésion du groupe » des participants décident Laure et Samuel à leur proposer de jouer devant un public. L’atelier n’a lieu que 2 heures par mois les mardis matin et à la place d’une pièce entière le choix se porte sur une scène de 20 minutes, « La Rumeur ». Qu’à cela ne tienne, le désir de jouer est là et l’aventure peut commencer avec répétitions supplémentaires accordées bien volontier par l’association.

 

« On attendait le mardi avec impatience »

Ce rendez-vous mensuel était plus qu’attendu et ils arrivaient souvent avec « une demie-heure d’avance » à l’heure du cours. Pour André, c’est une révélation : « grâce à Laure et Sam et Permis de construire, moi maintenant j’ai envie de faire du théâtre comme un pro, je suis vraiment motivé, je suis à fond ». Romain, lui, a été touché par « le travail d’équipe » qui découle du théâtre et Laure de souligner que cette expérience les a « complètement soudés ».

Lors de la période des répétitions, l’entente et la confiance se développent davantage entre les élèves et les 2 professeurs et André de souligner que le dynamisme de Laure et Samuel leur a beaucoup plu et apporté. « Dès le début j’ai pensé qu’ensemble on va faire du bon travail » ajoute Romain. Les répétitions se déroulent à l’association mais aussi chez les uns et les autres.

Les difficultés se trouvaient surtout avec l’apprentissage du texte : pas évident d’appendre des lignes quand cela fait longtemps qu’on n’a pas pratiqué. « La peur du trou de mémoire » avant la représentation était bien sûr le point le plus stressant pour les apprentis comédiens.

 

Place au théâtre !

A 18H30, les lumières du Cyclope s’éclairent et les élèves comédiens se lancent avec joie et brio devant un public attentif et bienveillant.

crédit photo: Karina Bordier

« La Rumeur » décrit comment une situation des plus banale peut être ensuite transformée par le bouche à oreille pour en devenir une situation grotesque et absurde. Ce texte à l’humour grinçant fait écho au phénomène actuel des Fake news colporté par les réseaux sociaux.

C’est un succès : à la fin de la représentation le public est conquis . Leur courage, tenacité et talent sont applaudis et on sent une joie, une émotion et une fierté  parmi les comédiens et leurs professeurs.

crédit photo : Karina Bordier

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017