« Il y a un côté imprévisible quand on joue dans des lieux qui ne sont pas des salles de concert. Chaque lieu a des bruits différents. »
Gare de Nantes, Jardin des plantes, marché Canclaux, Passage Pommeraye ou encore Nefs des Machines de l’Île… un choix de lieux éclectiques pour des concerts de 30 minutes et accessibles à tous. Un concept que le musicien Björn Gottschall avait déjà testé en grand format, en parcourant près de 1400 km avec son vélo-piano, cet été, entre Rennes et Marseille.
De l’improvisation avec beaucoup de contraintes
Pour sa première participation à La Folle Journée, le pianiste rennais s’inspire de l’atmosphère et de l’histoire de chaque lieu, sans chercher à coller strictement à un répertoire. « Je ne suis pas pianiste classique. Il y a une grande partie imprévisible, donc ce que j’ai comme répertoire, je l’utilise plus comme des legos, que j’associe. »
Il doit aussi prendre en compte de nombreuses contraintes : « Par exemple, quand il y a beaucoup de vent, je ne peux pas juste faire un morceau calme, où je plaque des accords. C’est comme s’ils étaient écrasés par le vent. Donc il faut jouer plus dynamique ! » explique-t-il.
Quand on lui demande de parler de sa démarche artistique et de son rapport à la musique, Björn évoque l’image d’un arbre :
« Il ne faut pas chercher à faire complètement nouveau. Il faut bien écouter et regarder ce qui a déjà été fait, apprendre de ça, reprendre des parties et les réaménager. […] Je ne veux pas être la branche qui sort, là, en bas, et qui va se faire manger par une biche. Je vais plutôt aller jusqu’au bout d’une branche (existante) et je vais faire la nouvelle (branche). »
Préférant le terme d’artisan à artiste, Björn cherche à donner une utilité à ses compositions. Il souhaite distiller une musique qui fait du bien.
« J’aime faire de la musique pour se reposer, pour être bien, qui va bien avec un lieu. »
Sortir du cadre
Son lien à la musique est, comme souvent, une histoire de vie. Né en Allemagne, dans la Sarre, Björn Gottschall apprend très petit à jouer au piano, à l’oreille, en s’entraînant à reproduire ce qu’il entend, puis s’intéresse au solfège.
Le jeune homme a ensuite plusieurs vies. Débutant sa vie professionnelle dans la publicité, il stoppe tout pour créer une auberge de jeunesse à Toulon, où il organise des concerts de jam session. Pendant un an, il rejoint alors le conservatoire avant de prendre à nouveau le large et devenir gardien de refuge en montagne, toujours accompagné de son piano. L’hiver suivant, il écrit son premier album et décide alors d’en faire son métier.
L’artiste trouve rapidement sa niche en allant jouer dans de beaux espaces naturels, notamment sur la côte basque. Des lieux propices aux rencontres avec les randonneur·ses et vacancier·es qui prennent le temps de l’écouter et « achètent après un disque car iels veulent amener cette expérience ou ce souvenir à la maison. »
Avec les premières ventes de disques, arrivent les premières dates de concerts, mais le pianiste constate alors qu’il se retrouve régulièrement à « faire 1000 km en voiture pour 1h de jeu ». Un constat en désaccord avec son lien à la nature : « La réalité c’est que je suis dans une voiture qui pue, avec plein de gens, des bouchons. » C’est de cette réflexion que germe l’idée d’ « être mobile différemment. »
L’été dernier, Björn se lance le défi d’une grande traversée de la France en vélo-piano : une tournée de concerts en pleine nature de 1400 km de Rennes à Marseille pendant laquelle René Martin, le créateur et l’organisateur du Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron et de La Folle Journée de Nantes, lui tend la main et l’invite à Nantes.
« Je suis passé par des lieux où il n’y a pas beaucoup de culture. En essayant de faire autre chose, on sort de ce cadre, et c’est là que se créent de nouvelles dynamiques et des rencontres. »
“C’est important, ne pas enfermer la musique dans un cadre, dans un réseau existant.”
L’artiste compte profiter de la ville et de la programmation de la Folle journée pendant son séjour et se laisser porter par les prochaines rencontres.
Il sera encore possible de le voir jouer ce weekend à Nantes :
samedi 1er février
11h00-11h30 – Marché de Talensac
12h30-13h00 – Passage Pommeraye
16h00-16h30 – Nefs des Machine de l’Île
dimanche 2 février
11h00-11h30 – Marché des Arts
15h30-16h00 – Little Brewery Atlantic
Pour suivre les prochaines aventures de Björn :
www.bjoerngottschall.com
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