21 novembre 2024

Léna Lazare au Climat Libé Tour : « L’écologie ne peut être que radicale »

De passage à Nantes pour intervenir à la soirée débat du Climat Libé Tour avant son procès prévu le vendredi 22 novembre 2024, l’activiste écologiste et porte parole des Soulèvements de la Terre Léna Lazare était invitée pour un débat intergénérationnel.

Léna Lazare au Climat Libé Tour : « L’écologie ne peut être que radicale »

21 Nov 2024

De passage à Nantes pour intervenir à la soirée débat du Climat Libé Tour avant son procès prévu le vendredi 22 novembre 2024, l’activiste écologiste et porte parole des Soulèvements de la Terre Léna Lazare était invitée pour un débat intergénérationnel.

Présente au LAB (Little Atlantique Brewery) ce vendredi 15 novembre 2024 pour l’événement organisé par le journal Libération pour “comprendre, réfléchir et échanger sur la transition écologique”, aux côtés de l’humoriste Thomas VDB, l’ancien eurodéputé José Bové ainsi que le fondateur du mouvement Destins Liés Achraf Manar, l’activiste Léna Lazare à défendu une vision de la lutte écologique plus radicale, que l’on retrouve chez les Soulèvements de la Terre “L’écologie ne peut être que radicale, il faut revenir à la racine du problème.”.
La porte-parole du mouvement qui est désormais jeune paysanne, rappellera qu’elle a rejoint les Soulèvements de la Terre pour la convergence des luttes et la complémentarité des modes d’action “En tant qu’activiste, ce n’est pas a moi de juger la manière de lutter des autres”.

“Ce qui est important, c’est de rester souder”

La question de la violence dans les mouvements militants arrive inévitablement, à laquelle elle répond : “La violence dont j’ai vraiment envie de parler c’est de la violence d’état, c’est celle qui est à l’origine de toutes les violences dans le milieu militant. Et qu’on évite de tomber dans ce débat là, qui ouvre la porte à la criminalisation des mouvements militants.” Déplorant que des militants se retrouvent à se déchirer sur la question de ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire. “Ce qui est important, c’est de rester souder.”
Elle rappelle par la suite en citant la lutte des suffragettes que “ce n’est jamais désirable, pour n’importe quel activiste, dans n’importe quel mouvement de libération, d’avoir à user de la violence” mais qu’iels en sont parfois contraint pour faire face à une violence d’état encore plus forte.

 

Léna Lazare au micro, aux côtés de Thomas VDB, José Bové et Achraf Manar lors du Climat Libé Tour,au LAB.

Un choc générationnel

Parfois en désaccord avec la vision des anciennes générations, dont par exemple celle de José Bové de 45 son ainé qui “trouve dommage que l’on ne retienne que les violences à Sainte-Soline” ou celle de Thomas VDB, 47 ans, qui cherche à parler d’écologie avec tout le monde, Léna Lazare revient sur ces échanges : “J’étais contente d’être avec Achraf, on est dans les mêmes dynamiques contre l’extrême droite et c’était chouette de donner cette image de l’écologie qui va contre courant de la caricature du mouvement climat et de l’écologie libérale” nous raconte celle qui à été un temps porte parole de Youth for Climate, le mouvement lycéen fondé en 2019. Achraf Manar et Léna Lazare, 26 ans tous·tes les deux, se sont très souvent retrouvés en accord sur leur conception de l’écologie et notamment de l’incontournable prise en compte de l’intersectionnalité des luttes.

Témoigner juste avant le procès

La porte-parole des Soulèvements de la Terre est ensuite revenue sur son procès et celui de Basile Dutertre, qui se tiendra le vendredi 22 novembre 2024 pour des faits de « non présentation devant une commission d’enquête parlementaire ». En effet en septembre 2023 s’est tenue une commission parlementaire initiée par LREM, LR et le RN sur “les groupuscules auteurs de violences en manifestations”. Le collectif, visé peu après par une tentative de dissolution écrit sur son site : “cette commission apparaissait avant tout comme une vaste entreprise de sape de la vérité, visant à réécrire l’histoire « officielle » de la journée du 25 mars 2023.”
Les Soulèvements de la Terre ont donc décidé de ne pas participer à cette commission à la suite de la réception des questions, envoyées la veille par les parlementaires. “Comme il y a une séparation des pouvoirs entre la justice et le Parlement, ils ne peuvent normalement pas nous poser des questions sur des affaires judiciaires en cours, ce qui n’était clairement pas le cas” nous explique leur porte-parole.
Rappelons que cette procédure est rarissime et “témoigne de l’acharnement judiciaire dont les Soulèvements de la terre sont l’objet”, d’après ces derniers.

Les Soulèvements de la Terre ont donc appelé à un rassemblement de soutien à Léna Lazare et Basile Dutertre à 8h le vendredi 22 novembre, devant le tribunal de Paris.

Originaire de Normandie, Bastien a grandi dans le vignoble nantais. Après des premiers pas en médecine, c’est finalement vers des études de géologie qu’il se dirige. Passionné du vivant et de la terre (il avoue avoir une collection de pierres depuis tout petit !), Bastien ressent le besoin de s’engager pour penser et changer le monde de demain.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017