24 avril 2020

Les ateliers confinés : Premiers ateliers en visioconférence

Avec le confinement, Fragil s'adapte et propose des ateliers en visioconférence ! Retour sur la semaine du 6 au 10 avril.

Les ateliers confinés : Premiers ateliers en visioconférence

24 Avr 2020

Avec le confinement, Fragil s'adapte et propose des ateliers en visioconférence ! Retour sur la semaine du 6 au 10 avril.

 

A l’heure du confinement, Fragil, comme de nombreuses autres associations et entreprises se retrouve à faire du télé-travail, les ateliers ayant été naturellement tous annulés. Mais l’activité continue ! L’association d’éducation aux médias et au numérique bascule sur l’outil phare du moment, la visioconférence. Elle propose ainsi à ses contributeurs et contributrices plusieurs ateliers. Ces “ateliers confinés” ont débuté à la troisième semaine de confinement et sont désormais proposés chaque semaine aux bénévoles de l’association mais aussi à un public plus large.

Des ateliers en visioconférence bienvenus et bien reçus en cette période où c’est le seul outil mobilisable pour continuer à faire des ateliers :

“Le format est très intéressant pour échanger, poser des questions et même rigoler et se charrier, et en ce moment, ça fait du bien ! […] Je trouve ça génial de pouvoir profiter de cette période de confinement pour apprendre sur le journalisme, apprendre à connaitre également les autres contributeurs de Fragil.” Mélusine, contributrice à Fragil.

“Et c’est même cool en temps hors confinement puisque ça m’éviterait les bouchons et de me garer en ville” Fanny, une participante régulière aux quiz.

Pour mener à bien ces ateliers, l’association s’appuie sur l’application Zoom qui permet de lancer une visioconférence à plusieurs. L’entreprise a d’ailleurs, grâce au confinement, connu un succès fulgurant puisque son nombre d’utilisateurs et utilisatrices quotidiens est passé à plus de 200 millions, soit une multiplication par 20 par rapport à sa moyenne d’utilisation des mois précédents.

Logo de Zoom

Le 31 mars et le 2 avril, Fragil proposait un atelier sur les wikis ainsi qu’un atelier d’initiation à l’écriture journalistique.

Aujourd’hui, retour sur la quatrième semaine de confinement où quatre ateliers ont été proposés avec en moyenne entre six et sept participant.es ! Bonne humeur et rigolade ont rythmé tous les ateliers, dépassant tous largement de plus d’une heure la durée prévue initialement. Les ressources des quiz sont disponibles à la fin de l’article.

 

Lundi 6 avril : Atelier sur les fake news

Romane, salariée chez Fragil, animait cet atelier dont elle fait le retour pour cet article. “Dans un premier temps, je leur ai demandé (les participant.es) ce qu’est une fake news sans que je donne une définition. Ils étaient au fait, on a directement parlé de fausses nouvelles”. “Je leur ai donné un par un un un nom de média, moi je savais qu’y avait des médias fiables et d’autres non”. Les participant.es doivent trouver sur les médias qui leur sont donnés un article dont le titre leur paraît douteux. Ils et elles présentent ensuite l’information présente dans cet article aux autres personnes pour réagir collectivement et donner une “note” de 1 à 5, 1 signifiant une information dont on est plutôt sur.e qu’elle soit fausse et 5 l’inverse. “Pas mal de personnes avaient des doutes, même sur leur propre articles.”

La deuxième partie de l’atelier s’attachait à vérifier les informations, “d’abord dans leurs coins sans leur donner d’indice, après on a mis en commun, ce qui a permis de dégager des pistes : vérifier la fiabilité, l’auteur, la date de publication […]”. Romane a ensuite apporté  des connaissances supplémentaires avec notamment le site d’Arrêt sur images, le Décodex du Monde ou encore l’outil de recherche inversée de Google Images pour vérifier une image.

Les participant.es se sont montré.es intéressé.es par le sujet, de plus une personne travaillait dans une autre association d’éducation aux médias et est ainsi venue voir les méthodes de Fragil pour cet atelier.

 

Mardi 7 avril : Quiz sur le journalisme

Le quiz, animé par François-Xavier, a été l’occasion de définir ce qu’est une ligne éditoriale, un chapô, ce que sont les J.R.I ou encore les pigistes mais aussi de voir combien il y a de journalistes et d’où ils viennent en majorité. De voir aussi l’appartenance par des milliardaires de 90 % des quotidiens en France.

Ce quiz a aussi permis aux contributeurs et contributrices de poser des questions sur leur rôle et sur Fragil en tant que média. Après avoir parlé du journal l’Equipe et sa ligne éditoriale centrée sur le sport ainsi que Gulli qui propose une programmation de contenus pour enfants, une contributrice demande ou est-ce que Fragil se place quant à sa ligne éditoriale ? Il s’agit d’une ligne culture et société autour de Nantes. Des évènements ayant lieu à Lille ou Marseille par exemple ne seront pas traités sur Fragil. Tandis qu’une autre contributrice posait la question : “est-ce que nous aussi on est des journalistes ?” Oui, du moment que l’article a été sourcé, est d’intérêt général etc..

La précarité de la profession est aussi évoquée, notamment lors de deux questions, celle sur ce qu’est un.e pigiste (journaliste payé à l’article, qui n’a pas de média fixe) mais aussi à travers la question des Journalistes Reporters d’Images. Il est constaté que tout se fait de plus en plus par la même personne alors qu’avant il y avait un perchiste, un journaliste, une personne qui prend l’image etc..

Le débrief de l’atelier se fait sur un ton blagueur, une des participantes proposant de mettre plus de réponses 1 aux questions (il y a 3 réponses possibles à chaque question et seule deux questions avaient comme bonne réponse la 1). En revanche, le classement des participant.es n’est pas nécessaire pour une autre participante qui y voit là une certaine logique de compétition.

 

Jeudi 9 avril : Atelier sur l’interview

Ce jour là, un problème technique a empêché une moitié des participant.es d’assister à l’atelier.

Pour les personnes qui ont pu y assister, l’utilité d’une interview et sa conception en amont ont été évoquées pour commencer. Puis, Romane fait entrer les participant.es directement dans l’atelier : elle a donne à chacun.e une personnalité différente (Donald Trump, une infirmière du CHU, Patrick Bruel etc..). Chaque personne a ensuite 10 à 15 minutes pour trouver une dizaine de questions à poser à la personnalité en question, tout en veillant à choisir un angle pour l’interview. Une fois l’exercice terminé, chaque participant.e est invité.e à trouver la personnalité et l’angle des autres participant.es. Trouver la personnalité est difficile mais l’idée est de montrer ici qu’une interview se prépare et de voir la pertinence ou non de l’angle choisi.

Vient ensuite le moment des questions, elles sont variées puisque certaines personnes avaient déjà réalisé des interviews tandis que d’autres non : “Comment mettre à l’aise quelqu’un ?”, “Comment enchaîner les questions si on en a plus ?”. Questions auxquelles Romane répond tout en montrant la dernière slide qui répond justement à ces questions.

Le fait de lire les questions des autres et donc de partager a plu. Pour les personnes n’ayant pu rejoindre l’atelier, une session de rattrapage a été prévue la semaine suivante.

 

Vendredi 10 avril : Quiz sur la culture numérique

Comme chaque atelier confiné, le quiz a débuté par une présentation de chaque personne présente. Les participant.es sont issu.es du réseau de Fragil mais aussi de réseaux amicaux, notamment celui de François-Xavier qui anime le quiz ce jour-là.

Le quiz est revenu sur les notions entourant internet et le web, avec l’idée qu’aujourd’hui on se situe dans la période du “web 2.0”. Ce web permet à n’importe quel.le internaute d’ajouter un commentaire, d’ajouter sa propre vidéo sur youtube, de créer un blog et tant d’autres choses sans savoir forcément administrer un serveur. Le web 3.0 est aussi vaguement évoqué.

Une bonne partie du quiz abordait aussi le thème des réseaux sociaux en traitant notamment des entreprises qui possèdent ces derniers. La publicité ciblée, le phénomène des memes ou encore des métadonnées sont abordé.es. Les métadonnées, ce sont les données “non visibles” qui se trouvent derrière les photos ou fichiers qu’on peut publier sur internet.

Au moment de parler de Google et de sa maison mère Alphabet, un débat a lieu sur Google X et le transhumanisme. Les implants et lunettes Google sont par exemple evoqué.es. Le transhumanisme a pour finalité l’immortalité de l’humain, de devenir un humain amélioré, augmenté.

Toutes les filiales de la maison mère de Google, Alphabet

La discussion a été riche et la bonne humeur au rendez-vous, si bien que le quiz a duré deux heures au lieu de une mais ce qui n’a pas été mal vécu selon les retours des participant.es :

“C’était vraiment cool, ça permet de partager et transmettre des éléments. C’est cool surtout maintenant, ça permet de prendre de la hauteur. Les deux heures n’ont pas été laborieuses”.

“Ça fait plaisir, ça m’a remis quelque notions que j’avais dans le flou”

Voici les quiz utilisés cette semaine :

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En service civique et originaire de Perpignan. Tout ce qui tourne autour de la politique m'intéresse, grand amateur de science fiction et de dystopies. J'écris principalement sur les ateliers d'éducation aux médias et au numérique.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017