Dans l’article précédent, Joseph Violain avait commencé à nous parler du cas de la zone de captage en eau potable de Machecoul et de son inefficacité. « Il ne permettra pas de regagner la qualité de l’eau » nous dit-il en parlant du plan d’action 2023 de préservation de la nappe phréatique de Machecoul. En effet, pour lui, le plan d’action ne s’applique pas sur une surface assez grande. On comprend donc que l’eau pompée restera polluée quand il ajoute : « On est persuadés que l’eau qui alimente le pompage vient aussi d’à coté » .
Toujours à Machecoul, dans les années 90, « On ne pouvait pas traiter l’eau suffisamment pour enlever nitrates et pesticides » nous dit Joseph. Le pompage avait donc cessé mais, au vue de la fragilité de la Loire comme ressource, il a été décidé de rouvrir la station de pompage de Machecoul et une usine de traitement pour éliminer les pesticides a été construite. Malgré ça et le plan de protection de la nappe signé par le préfet cette année, les militant·es se posent encore de grosse questions, pour eux, « les nitrates et les pesticides sont toujours là ».
Toujours pour des problèmes de nitrates et de pesticides, une autre usine de traitement de l’eau est en construction à Nort-sur-Erdre. Comme Joseph nous le fait comprendre, les militant·es et lui restent douteux car : « On dépense de l’argent pour construire l’usine de traitement mais en même temps, les agriculteurs disent que finalement ils n’ont plus besoin de faire des efforts parce qu’on les enlève les pesticides ».
Selon lui, les agriculteur·rices n’essaient ou ne peuvent pas changer de modèle. Si ils remplaçaient leurs modèles d’agricultures industriels par des modèles bios, le problème des pesticides et des nitrates ne se poseraient même pas. Par la même occasion, cela éviterait de dépenser des milles et des cents dans la construction d’usine de traitement comme à Machecoul et Nort-sur-Erdre. Comme si tout n’était déjà pas assez catastrophique, Joseph nous apprend aussi que ces usines en cours de construction ne sont pas fiable à 100% dans le traitement des pesticides…
De bonnes choses se mettent aussi en place, comme à Saffré, dans le Nord du département, ou notre expert indique « une vraie dynamique locale entre élus et agriculteurs » qui a permit de traduire en arrêté préfectoral divers engagements comme la juste gestion des prairies et des cultures ainsi que la réduction des pesticides. Malheureusement, en 2022, la chambre d’agriculture a rendu cet arrêté préfectoral caduc en portant recours au tribunal en 2022. « Pour des problèmes de forme en plus… » nous dit Joseph en ajoutant qu’en même temps, « le fond est moins attaquable ». « Il y a des intérêts » nous dit Joseph. Pour lui la chambre de l’agriculture (largement constituée par la FNSEA) a du avoir peur que cela donne des idées ailleurs. L’agriculture responsable étant pour elles et eux l’incendie ils ont éteint l’étincelle (pas sur). « Pour une fois que les agriculteurs avaient pris le problème à bras le corps » nous dit Joseph, désabusé.
Vous l’avez compris, des modèles d’agricultures responsables sont nécessaires pour la qualité de l’eau. Hélas, les agriculteur·rices sont pour la plupart « très très éloignés du modèle actuel » pour reprendre les mots de Joseph. Et quand certains et certaines sont prêts et en ont envie, la banque les en empêche.
« On vous finance si vous ne restez pas en bio » c’est ce qu’aurait fait comprendre une banque à un jeune agriculteur voulant reprendre l’exploitation d’un ou d’une agriculteur·rice bio partant en retraite nous dit Joseph. Il ajoute ensuite « Sur Nort-sur-Erdre, on a un agriculteur en bio qui arrive à la retraite, quand il va céder son exploitation qu’est ce qu’il va se passer ? … Déjà si on n’est pas capable de conserver ce qui existe en bio, comment est ce qu’on va développer d’avantage ? ». Pour notre expert, « Les banques font ce qu’elles veulent et la raison c’est qu’aujourd’hui, les consommateurs se sont désintéressés du bio ».
Soutenir les agriculteur·rices bio est donc essentiel si on tient à la qualité de notre eau. Pour ça, en plus d’acheter bio au supermarché Joseph met en avant les AMAP, des associations ou des consommateur.rices passent des contrats avec des agriculteur·rices. Ces associations permettent d’être livré en légumes, selon les récoltes et d’assurer un revenu aux agriculteur·rices bio en étant solidaire. Ce modèle, « aux antipodes de l’industrialisation de l’agriculture » comme le dit Joseph, permet par exemple à 260 familles de Nort-sur-Erdre d’être livrées en légumes hebdomadairement par le même agriculteur.
Joseph croit au pouvoir des consommateur.rices et nous adresse ce message : « Si vous ne voulez pas de pesticides dans votre eau… bah consommez bio » !