30 août 2019

Les Escales 2019 : De Manu à Franz, le report (presque) complet

Plus de 46 000 festivaliers se sont réunis lors des trois jours du festival pour faire le plein de musique et découvrir les artistes venus de Sao Paulo. Sur un air de samba, le cru 2019 des Escales a, une fois de plus, tenu ses promesses.

Les Escales 2019 : De Manu à Franz, le report (presque) complet

30 Août 2019

Plus de 46 000 festivaliers se sont réunis lors des trois jours du festival pour faire le plein de musique et découvrir les artistes venus de Sao Paulo. Sur un air de samba, le cru 2019 des Escales a, une fois de plus, tenu ses promesses.

Sur un site repensé permettant une meilleure circulation des festivaliers sur l’île du Petit Maroc, les Escales 2019 ont enregistré cette année leur 3ème plus grosse affluence depuis leur création.

Une programmation riche, un savant dosage entre têtes d’affiche et artistes inconnus venus du Brésil, une organisation toujours aussi pointue, le soleil en guest star, voilà les ingrédients qui ont permis à ce cru 2019 d’enchanter les festivaliers.

Pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de se rendre à Saint Nazaire fin juillet, voici le report des Escales 2019, de Manu à Franz.

Jour 1

Quel plaisir de retrouver l’ambiance si particulière et familiale des Escales sur ce magnifique site de l’île du Petit Maroc !

En guise d’apéritif, concert de Manu Dibango, le célèbre saxophoniste et chanteur camerounais de world jazz. Une parfaite entrée en matière.

Enchaînement immédiat avec Michelle Davis and the Gospel sessions. Composé de cuivres et de deux très bons guitaristes, le groupe a fait danser les festivaliers sur des mélodies funk et soul. Enflammée, la chanteuse a littéralement emporté le public grâce à son énergie débordante. Un nom à retenir.

Michelle Davis and the gospel sessions ©Anaïk Viollin

C’est Charlotte Gainsbourg qui a pris la suite. Après la prestation de Michelle Davis, elle nous a paru quelque peu timide et sa musique électro nous a semblé être programmée trop tôt. Preuve en est, la scénographie faire de miroirs rétractables qui descendent vers la scène et le jeu de lumière que nous n’avons pas vraiment pu apprécier vu qu’il faisait encore jour. Mais la prestation de la chanteuse a été solide, bien menée de bout en bout et ponctuée par les incontournables Charlotte for ever et Lemon incest, pendant lesquelles l’âme de Serge flottait au-dessus de Saint Nazaire.

Charlotte Gainsbourg ©Anaïk Viollin

Après une pause bien méritée dans le petit salon au bord de l’eau, la terre s’est soudain mise à trembler : le groupe Sepultura a entamé son set. Pionnier du trash metal, les Brésiliens ont fait découvrir leur musique à des festivaliers visiblement peu habitués à la double pédale et au chant de Derrick Green. Lors d’une pause, le chanteur a confié être très content et fier que le groupe soit programmé dans un festival grand public comme les Escales. Pari risqué de la programmation, pari réussi !

Sepultura ©Anaïk Viollin

Pour finir cette première soirée en beauté, direction la scène estuaire où se produisait le groupe brésilien Teto Preto. Quelle performance ! Au-delà de leur musique électro bien déglinguée, c’est la mise en scène qui a interpellé bon nombre de spectateurs : une chanteuse à moitié nue, un danseur enroulé d’une étoffe rouge, le tout dans une ambiance érotico-trash. Un choc !

Teto preto ©Anaïk Viollin

Jour 2

On entame ce deuxième jour avec la prestation très intéressante de Ceu, jeune chanteuse brésilienne. Les mélodies sont douces, l’ambiance estivale et la robe très rouge.

Ceu ©Anaïk Viollin

On enchaîne avec Kiddy Smile. Deux grosses lèvres rouges en décor, une combinaison verte et pailletée pour le chanteur et une musique entraînante. Kiddy Smile a su conquérir son public avec, au passage, un message engagé pour la communauté LGBT, respect !

Kiddy Smile ©Anaïk Viollin

Place à Hocus Pocus, qui profitait de ces Escales pour remonter sur scène après huit d’absence. Ambiance hip hop jazzy avec un 20syl enflammé, débitant ses paroles ciselées avec un flow incomparable. Des retrouvailles avec le public, leur public, eux les locaux du 44. Et sans le savoir, c’est peut-être la dernière fois qu’on aura l’occasion de voir Hocus Pocus sur scène.

Après tant d’émotions, petit interlude avec une Batucada complètement dingue.

Retour aux scènes avec Lomepal. Scénographie très réussie, texte bien écrit, résultat : gros succès auprès des 17-30 ans.

Lomepal ©Anaïk Viollin

Pour finir, ambiance techno transe au Club 360 avec la DJ brésilienne Joyce Muniz. Contrairement à Lomepal, on avait ici à faire à un public de quarantenaires peu attirés par la mélancolie des mélodies du rappeur.

Joyce Muniz ©Anaïk Viollin

Jour 3

Ce dernier jour de festival a commencé par une battle de danse aérienne animée par un maître de cérémonie complètement déjanté.

©Anaïk Viollin

Puis la soirée musicale a débuté avec le concert de Bernard Lavilliers. Le début du set était teinté de rythmes reggae tandis que la fin était plus rock. Une prestation de jour à laquelle l’icône n’était visiblement pas habituée.

Bernard Lavilliers ©Anaïk Viollin

Retour en Amérique

du sud avec les Argentins de La Yegros. Les rythmes latinos ont fait vibrer le public. On pourra juste déplorer les multiples relances promos que la chanteuse clamait au sujet de leur 3ème album…

La Yegros ©Anaïk Viollin

Place à Orelsan. Au-delà de sa prestation de haute volée, le jeune rappeur s’est permis de jouer avec le public et de reprendre deux fois son titre basique : une fois au début et une fois à la fin pour clôturer son set. Parce qu’on est vraiment tous trop cons ! Si vous n’avez pas vu Orelsan en live, ne ratez pas la prochaine occasion, c’est un réel plaisir.

Orelsan ©Anaïk Viollin

Avant dernier concert, Tropkillaz, deux Djs, représentants brésiliens de la scène techno. Intéressant mais la fatigue des 3 jours de festival a commencé à se faire sentir.

Pour finir en beauté, Franz Ferdinand. Les Écossais ont offert au public nazairien un rock teinté de pop. Mais il était temps de rentrer, la fatigue était trop intense après ces trois jours de tourbillon musical.

Franz Ferdinand ©Anaïk Viollin

Petits bémols

Permettez-moi pour conclure, de relever les quelques petits bémols qui ont émaillé nos Escales :

  • le manque d’écrans géants : en effet, il n’y en a qu’un à droite de la grande scène. Pourquoi pas deux, un de chaque côté ? Et pourquoi pas un sur la deuxième scène ?
  • L’attention portée aux festivaliers de petites tailles : rien n’est fait pour que les plus petits d’entre nous voient bien les artistes et assistent aux prestations de façon confortable. Rajouter un écran serait une solution. Mais il faudrait en trouver d’autres pour permettre au plus grand nombre de vivre cette expérience festival de la meilleure des manières.

Quelles que soient ces petits bémols, le festival des Escales reste un très bon moment, avec des têtes d’affiche très attirantes, énormément de découvertes musicales grâce au fameux focus et une organisation toujours aussi minutieuse et agréable.

En attendant impatiemment de découvrir la ville sélectionnée l’année prochaine, voici l’excellent aftermovie de cette édition 2019 :

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017